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Chroniques des fouilles médiévales en France en 2020
I. – Constructions et habitats civils – environnement rural et urbain
I. 1 - Opérations de terrain

Rennes (Ille-et-Vilaine). 25-27 rue de Penhoët

Responsable d’opération : Rozenn Battais
p. 201-202

Notes de la rédaction

Organisme porteur de la fouille : Inrap

Texte intégral

1Le diagnostic archéologique s’est porté sur une maison en pan de bois. L’édifice principal avait déjà fait l’objet d’une étude dendrochronologique qui l’avait daté de manière précise des années 1577-1578. Il s’agit d’un bâtiment rectangulaire de 16 m de long, gouttereau sur rue, et de 8 m de large. Dépourvu d’un niveau de cave, il s’élève sur trois niveaux, dont un niveau de combles. Le rez-de-chaussée est construit en pierres de schiste et surmonté de deux niveaux en pan de bois. Il est flanqué à l’arrière d’une construction également en pan de bois sur trois niveaux, dont un de cave, et de nombreux appentis contemporains. La taille de ce bâtiment excluant un habitat ou même des boutiques, l’objectif du diagnostic était de trouver la fonction de cet édifice, notamment par une étude documentaire.

2Cette dernière a mis en évidence que ce bâtiment, qui apparaît dans les textes en 1578, appartient à un ensemble immobilier plus vaste, allant jusqu’à la rue Saint-Michel, cette dernière étant parallèle à la rue de Penhoët. La parcelle occupait ainsi la largeur de l’îlot limité à l’ouest et à l’est par les deux rues. Le bâtiment étudié correspond à une hostellerie, à l’enseigne de « saint Julien », édifiée en fond de parcelle. L’entrée se faisait rue Saint-Michel au niveau de la maison du propriétaire de l’auberge, qui abritait également des boutiques au rez-de-chaussée. L’ensemble est divisé au xixe s.

3L’étude archéologique du bâti a démontré que les élévations en pan de bois n’avaient pas connu de transformations majeures. La façade sur cour, qui était à l’origine la façade principale, est aujourd’hui flanquée de nombreux appentis et masquée par un enduit. Un relevé photogrammétrique associé à l’étude du bâti a permis de restituer son allure d’origine (fig.). Elle est composée de six travées rythmées par des poteaux porteurs à tête élargie par des pigeâtres. Ces derniers sont ornés de palmettes avec une demi-rosace sur volutes, surmontées d’un chapiteau ionique. La façade est ouverte par deux grandes fenêtres carrées de 2 m de côté situées entre deux poteaux porteurs et se développant jusqu’à la sablière haute avec des allèges en croix de Saint-André. Leur appui présente un décor à godrons. L’absence de croisée ou de meneau indique qu’elles devaient se fermer par une structure indépendante qui devait être plaquée contre le dormant intérieur. L’armature secondaire est composée d’un assemblage en losange. Une porte, qui donne aujourd’hui sur une cage d’escalier, ne semblait pas déboucher sur une galerie ni même sur un ancien escalier extérieur. Il pourrait s’agir d’une ancienne gerbière. La façade sur rue présente la même disposition. Elle est percée des mêmes fenêtres qui se font face. La structure secondaire se présente cette fois en épis. Des petites fenêtres ont été percées a posteriori lors du changement de fonction du bâtiment.

4Le rez-de-chaussée maçonné en moellons de schiste était occupé par des écuries ou remises, dont un sol de galets a été découvert lors d’un sondage au sol. Une grande ouverture dont l’encadrement est en calcaire permettait l’entrée des chevaux.

5Le premier niveau, pourvu d’une grande cheminée, semble avoir abrité la salle des repas. Ce niveau ne semble pas à l’origine avoir été cloisonné. Il le fut par la suite. L’accès à cet étage se faisait vraisemblablement depuis le rez-de-chaussée par un escalier intérieur se trouvant à proximité de l’ancienne porte d’entrée, elle-même située au centre de la façade. Elle a été remplacée par une autre ouverture. L’escalier a été déposé, mais la présence d’une petite fenêtre haute en calcaire dans le gouttereau laisse présumer sa localisation.

6Les combles ont pu abriter les chambres de l’auberge dans un premier temps. Ils sont aujourd’hui entièrement ouverts et aucune trace d’un ancien cloisonnement n’a été découverte. Deux lucarnes éclairent ce niveau.

7Une aile en retour, constituée de deux niveaux sur cave, est venue obstruer la grande fenêtre nord de l’étage. L’étude du bâti a démontré que cette construction est réalisée avec de nombreux bois en remploi. Cette aile abrite une pièce au rez-de-chaussée pourvue d’une cheminée. L’étage est divisé en deux anciennes chambres pourvues chacune d’une porte et d’une fenêtre en façade. Une galerie devait longer l’étage. Son accès n’a pas été découvert. Cette phase de construction correspond à un agrandissement de l’auberge.

8L’étude documentaire et les observations des parties qui appartenaient primitivement à l’auberge (situées en dehors de l’emprise prescrite), ont démontré que l’aile en retour se prolongeait jusqu’à la maison de l’aubergiste, laquelle se trouvait sur le devant de la parcelle et aurait pu occuper de la même manière des chambres. L’auberge a été en activité jusqu’à la fin du xviiie s. Elle a cependant subi des modifications et l’activité s’y est diversifiée. Le rez-de-chaussée occupé à l’origine par les écuries a notamment été divisé en boutiques.

9Le diagnostic a permis d’étudier une partie d’une auberge de la fin du xvie s. et son évolution, alors que la ville en dénombrait 14 à cette même époque, dont quatre étaient situées dans la même rue. Il en découle ainsi la mise en valeur d’une vaste propriété, ainsi que le rattachement des bâtiments encore en élévation, rue Saint-Michel, à l’édifice ici abordé. Ce sujet semble méconnu, au moins d’un point de vue archéologique, non seulement pour Rennes, mais également pour d’autres villes françaises dans lesquelles ces établissements sont souvent modifiés, divisés puis intégrés au parcellaire contemporain, voire détruits. Pour le site qui nous concerne, il reste encore des zones d’ombre concernant les équipements immobiliers d’un tel établissement à l’époque moderne, aussi bien dans l’organisation, la rationalisation et la fonction de pièces que dans les commodités d’usage et de confort.

Rennes, 25-27 rue de Penhoët, restitution de la façade principale de l’auberge à la fin du xvie s.

Rennes, 25-27 rue de Penhoët, restitution de la façade principale de l’auberge à la fin du xvie s.

Cl. Marie Millet

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Table des illustrations

Titre Rennes, 25-27 rue de Penhoët, restitution de la façade principale de l’auberge à la fin du xvie s.
Crédits Cl. Marie Millet
URL http://journals.openedition.org/archeomed/docannexe/image/41645/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 900k
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Pour citer cet article

Référence papier

Rozenn Battais, « Rennes (Ille-et-Vilaine). 25-27 rue de Penhoët »Archéologie médiévale, 51 | 2021, 201-202.

Référence électronique

Rozenn Battais, « Rennes (Ille-et-Vilaine). 25-27 rue de Penhoët » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 51 | 2021, mis en ligne le 20 mars 2022, consulté le 15 juillet 2025. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/41645 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.41645

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Auteur

Rozenn Battais

Inrap Grand-Ouest, Bretagne

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Responsable d’opération

Rozenn Battais

Inrap Grand-Ouest, Bretagne

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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