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Chronique des fouilles médiévales en France en 2006
I. – Constructions et habitats civils – environnement rural et urbain
I 1.- Sites fouillés

Courseulles-sur-Mer (Calvados). Fosses Saint-Ursin

Responsable d’opération : Claire Hanusse
p. 182-184

Texte intégral

1La campagne 2006 a concerné quatre espaces différents du site, trois dans la partie où sont concentrés les vestiges d’habitations déjà explorées (chantiers 1 à 3 et zones 1 à 3 et 5 et 6), le quatrième (zone 4) dans le secteur d’inhumations localisé à une cinquantaine de mètres plus au sud.

2La fouille du seul puits découvert à ce jour dans ce village, dans la cour 3 (zone 2), n’a pu atteindre le fond. Le comblement est constitué pour l’essentiel de moellons issus des murs en pierre sèche et de quelques blocs taillés provenant des constructions de surface. À ces matériaux sont principalement associés des squelettes de chiens, partiellement en connexion, le reste des petits os ayant glissé au fur et à mesure de la décomposition. Au moins 57 bêtes ont ainsi été jetées dans le puits. À partir de 9 m de profondeur, d’autres restes ostéologiques ont été découverts : os de bovins, d’ovins et de capriné, d’équidés. Quelques objets en fer, une lame de couteau notamment, ont été également mis au jour, mais aucun élément datant n’a encore été retrouvé. À partir de 7,5 m de profondeur, la paroi, très calcifiée, humide puis ruisselante, indique qu’une nappe perchée est active à partir de ce niveau, mais on ne sait si elle suffisait pour alimenter ce puits. Seule l’étude archéozoologique permettra de savoir si tous ces animaux ont été jetés entiers ou s’il y a eu un éventuel prélèvement sélectif.

3Au SO de la cour 3, dans la zone 5, nous avons fouillé les restes d’un bâtiment bordant le chemin E-O. Cette zone est délimitée par les versants de la fosse, en partie naturelle, dans laquelle sont édifiées les structures ; de nombreux remblais accumulés recouvraient une partie des structures. Les vestiges en cours de fouille appartiennent à l’ensemble découvert lors des travaux anciens et le complètent. Ce vaste ensemble se développe sur 41 m de long environ et plus de 15 m de large. Le long d’une cour (cour 6) de 27 m de long, s’ouvrent à l’ouest quatre bâtiments ; trois d’entre eux peuvent être interprétés comme des bâtiments utilitaires ; le quatrième, à cause de la présence d’un foyer, doit être considéré comme un espace d’habitation. L’accès à cette cour close devait s’effectuer par un passage relativement étroit de 1,23 m de large, hypothétiquement restitué dans l’angle SO de cette cour, soit à l’angle NO du bâtiment principal (bâtiment 12) repéré au sud. Ce dernier côté de la cour est fermé par un grand bâtiment qui devait mesurer 12,30 m sur 8 m, et qui donne au sud sur une autre cour (cour 9) disposée le long du chemin E-O. L’organisation exacte de ce bâtiment incomplètement fouillé reste en partie inconnue : cependant, des analogies existent avec des structures étudiées plus à l’est. Enfin, du côté est, le bâtiment 12 est bordé par une petite cour (cour 8) qui ouvre largement sur le chemin.

4Cet ensemble, remarquable par son ampleur et par la cohérence de son dispositif, présente un agencement qui, selon toute apparence, se rencontre également au sud du chemin, à la base du remblai accumulé en bordure SO du versant, à l’emplacement d’un dénivelé que le relevé topographique avait signalé en son temps. Dans la zone 6, le sondage a été implanté en fonction d’indices topographiques suggérant la présence de structures orientées principalement N-S, à l’arrière de ce qui apparaît comme un bâtiment bordant le chemin E-O. Le sondage a permis de mettre au jour une cour (cour 7), d’environ 23 m de long et de 7 à 13 m de large, délimitée à l’est et à l’ouest par deux murs de moellons calcaires posés sur des banquettes laissées en réserve lors de l’extraction des matériaux destinés à la construction des structures présentes dans la parcelle.

5Contre le parement est du mur occidental prend appui le bâtiment 13, composé de deux pièces au moins. L’état de conservation des structures est médiocre. Le retour vers le sud du mur pignon nord de ce bâtiment est détruit jusqu’à sa base. Il s’agit, comme dans la zone 5, d’un ensemble composé d’un bâtiment donnant sur le chemin et d’une cour renfermant des structures annexes au bâtiment d’habitation.

6Au-delà de cette cour, vers l’ouest, des murs mis au jour dans le sondage doivent se prolonger sous les remblais du versant dont le pendage originel se lit dans la stratigraphie. Il apparaît ainsi que la cour 7 correspond à une carrière assez vaste dont le fond est situé sensiblement en contrebas des sols environnants à l’est, au sud et à l’ouest. Au-delà de la cour 7, le versant descendait en pente relativement douce vers le nord ; il a été entaillé plus ou moins profondément pour permettre l’extraction des matériaux et la construction des bâtiments en dur. Les analyses menées ailleurs sur le site datent leur édification au plus tôt dans la première moitié du xiiie s.

7Le chemin E-O permettait d’accéder à la plateforme supérieure, où est localisée la zone 4. En 2004, des structures en opus spicatum avaient été trouvées, associées à des tombes d’enfants (immatures). Des sondages complémentaires ont permis au moins de confirmer la destruction assez systématique des structures.

8Le prolongement des deux murs orientés E-O (M 51, M 53) découverts au nord a été repéré formellement ou par un effet de paroi. Une semelle de fondation d’1,30 m de large, composée de moellons calcaire partiellement liés au mortier de chaux (M 76), a été identifiée perpendiculairement au mur 51 qui semble prendre appui contre ce mur N-S. Celui-ci n’est conservé que sur 6,28 m de long, ses extrémités sont détruites ou non encore localisées ; il ne semble pas prolonger le mur N-S (M 52) en opus spicatum repéré antérieurement, mais l’installation de sépultures a pu participer à sa dégradation. Les relations entre ces structures demeurent donc très douteuses.

9Le mur 76, perforé par une fosse d’1,86 m de diamètre comblée par des matériaux résultant d’une activité métallurgique à base de cuivre (scories, argile rubéfiée, gouttelettes d’alliage, déchets de tôles), semble indiquer la présence d’un four de moule à cloche.

10Au total une quinzaine de tombes ont été identifiées. Deux d’entre elles avaient été fouillées en 2004 (SEP 1 et SEP 4), une troisième l’a été cette année (SEP13). Ces sondages confirment la présence d’un secteur d’inhumation spécialisé dont la chronologie est située approximativement, grâce à des datations 14C réalisées sur les deux squelettes fouillés en 2004, entre les viiie-ixe s. et le xive s.

11À l’ouest de cet ensemble, les vestiges d’un bâtiment ont été mis au jour sous la forme de deux segments de murs. Une seule assise de ces murs, édifiés avec des moellons calcaires liés à la terre, est encore en place ; ce mode de construction est comparable à celui que nous avons observé dans les bâtiments découverts au nord du site. Les niveaux d’occupation correspondants ont, à l’évidence, disparu et, dans les couches conservées, très remaniées au moment de la phase de démolition, du matériel des xiiie-xive s. a été mis au jour, associé à un lot de céramique daté de la seconde moitié du vie s. et du viie s., indiquant l’existence d’une occupation du haut Moyen Âge dans cette partie du site.

12La campagne 2006 a apporté des précisions sur les aménagements des bâtiments d’habitation et l’organisation des espaces bâtis. Le mobilier découvert, peu abondant, confirme l’importance de l’occupation des xiiie-xve s. Les observations effectuées dans la zone 4, au sommet du versant, accréditent l’ancienneté de l’occupation dans ce secteur. Si l’église ne peut être encore formellement identifiée à partir des structures découvertes associées aux sépultures, la compréhension que nous avons de l’occupation de ce secteur est sensiblement élargie. Le village de Courtisigny acquiert ainsi une plus grande dimension tant sur le plan topographique que chronologique, et son histoire s’inscrit plus que jamais dans les problématiques concernant les dynamiques de l’occupation du sol sur la longue durée et les débats actuels sur l’ancienneté des villages.

Courseulles-sur-Mer (Calvados). Fosses Saint-Ursin.

Courseulles-sur-Mer (Calvados). Fosses Saint-Ursin.
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Table des illustrations

Titre Courseulles-sur-Mer (Calvados). Fosses Saint-Ursin.
URL http://journals.openedition.org/archeomed/docannexe/image/45445/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 410k
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Pour citer cet article

Référence papier

Claire Hanusse, « Courseulles-sur-Mer (Calvados). Fosses Saint-Ursin »Archéologie médiévale, 37 | 2007, 182-184.

Référence électronique

Claire Hanusse, « Courseulles-sur-Mer (Calvados). Fosses Saint-Ursin » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 37 | 2007, mis en ligne le 15 janvier 2023, consulté le 28 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/45445 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.45445

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Claire Hanusse

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