Creissels (Aveyron). Rue de la Poudrière
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Année de l'opération :
2006Numéro d’opération :
145933Sujets :
maison, résidence aristocratique, cour, voûte, chapiteau, colonne, cave, pierre de taille, moulure, masque, représentation humaine, représentation animale, motif végétal, motif géométrique, aigleLieux :
France métropolitaine, Occitanie (région administrative), Département de l'Aveyron, CreisselsNature de l'opération :
archéologie du bâtiTexte intégral
1Une étude de bâti rue de la Poudrière, au pied du château qui surplombe le bourg ancien de Creissels, sur la rive gauche du Tarn, en aval de Millau, a permis d’observer une maison en bordure de rue. Au rez-de-chaussée, deux baies géminées ouvrent, au-dessus d’un bandeau de tuf, sur cour. Elles ont été en partie comblées par la voûte sous laquelle a été ménagée une cave. Une porte ogivale, qui ouvre aujourd’hui sur la maison contiguë, y donnait accès. À l’étage, aujourd’hui partagé à mi-hauteur par un plancher, subsiste une baie géminée, au-dessus du bandeau d’appui mouluré.
2L’appareil est entièrement constitué de pierres de taille de travertin. Tailloirs, chapiteaux, colonnes et bases sont en grès. Les trois chapiteaux présentent un épannelage en pyramide inversée avec une corbeille solidaire. Le premier, martelé, conserve deux masques humains très endommagés aux angles de la corbeille. Un décor de feuillages stylisés formant collerette et de petits losanges disposés en damiers occupent la corbeille. Une sorte de brin ondulant, creusé de stries, court sous le tailloir. Le deuxième chapiteau est encore pris dans le comblement du mur. Le troisième présente un décor soigné, de belle qualité. Deux corps d’oiseaux occupent les angles. Au-dessus de la tête de ces probables aigles au modelé vigoureux, des volutes d’angles débordantes (mais aujourd’hui brisées) supportent les arêtes de l’abaque, au-dessus d’un tailloir orné de perles et pirouettes.
3À l’intérieur, aucun élément tel que cheminée, placard ou niche, s’ils ont existé, n’a été conservé. En revanche, des ressauts permettent de restituer l’emplacement des planchers qui fixent la hauteur des salles à 4 m.
4La façade sur rue apparaît fermée et celle sur cour, privée de grandes arcades. Elles interdisent donc une fonction commerciale ou d’échange. Dès lors, avec sa décoration soignée, nous proposons d’y voir une maison urbaine, élevée par un riche propriétaire, peut-être membre de la bourgeoisie locale ou du clergé. En effet, l’absence de tout cloître, église ou autre édifice religieux à proximité immédiate empêche de l’interpréter comme un bâtiment prieural, ce que confirment les derniers sondages.
5La forme des baies, leur couvrement et le style des chapiteaux suggèrent que ce bâtiment a été élevé dans la première moitié du xiiie s. Les perles et pirouettes du tailloir de l’étage sont en effet d’inspiration antique, assez typique du style des années 1200, par ailleurs peu fréquent dans le sud de l’Aveyron.
6Cette demeure apparaît donc comme une des rares constructions à présenter une façade prenant le jour sur une cour par des baies géminées disposées sur deux niveaux. En Aveyron, seul le prieuré de Castelnau de Pégayrolles conserve une baie géminée ouverte en rez-de-chaussée. Mais cette demeure nous semble davantage apparentée aux grandes maisons patriciennes de Cahors et de Figeac, dotées de baies ouvertes dans des corps arrière, ou les cours, ou des maisons de chanoines, ouvertes sur cour, de Provins.
Pour citer cet article
Référence papier
Françoise Galés, « Creissels (Aveyron). Rue de la Poudrière », Archéologie médiévale, 37 | 2007, 185.
Référence électronique
Françoise Galés, « Creissels (Aveyron). Rue de la Poudrière » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 37 | 2007, mis en ligne le 15 janvier 2023, consulté le 16 juillet 2025. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/45470 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.45470
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