1Un diagnostic puis une campagne de fouilles sur une surface importante au centre de Haguenau ont concerné deux zones indépendantes l’une de l’autre, scission justifiée par une problématique topochronologique. La zone 1 est localisée dans le berceau de la ville, l’île impériale établie dans un méandre de la Moder, un site castral fondé par le duc de Souabe, Frédéric le Borgne, avant 1125, que son fils Frédéric Barberousse, empereur de Germanie, transforma en résidence impériale. La zone 2 appartient à la ville médiévale et est située sur la rive droite de la rivière, au sein du second noyau de peuplement, qui émergea au cours du xii^e s.

2Pour la zone 1, les principaux résultats ont trait à la topographie de l’île impériale au cours du xii^e s. De manière inattendue, il en ressort que la première occupation avérée, caractérisée par un habitat à architecture légère plusieurs fois incendié puis reconstruit, n’est pas antérieure à 1150, sous le règne de Frédéric Barberousse. Un chenal, ou un ancien bras de la Moder, traversait le site et n’a été colmaté intentionnellement que peu de temps avant la première installation, soit après 1150 également. Ces informations nouvelles inviteraient à remettre en question l’hypothèse de l’origine naturelle du méandre protégeant l’île, qui pourrait en fait avoir été creusé au cours de la seconde moitié du xii^e s. Enfin, la chronologie de la première muraille en calcaire, datée par dendrochronologie autour de 1130, pourrait être revue et en tout cas nuancée. L’organisation ultérieure du site, entre le xiii^e et le xviii^e s., a également été observée, avec la fouille de plusieurs bâtiments, dont certains mentionnés par des textes.

3Dans la zone 2, la datation tardive, dans le courant du xiv^e s., de la première occupation reconnue est l’information la plus importante de cette campagne de fouille. Il s’agit d’une occupation non permanente ou en tout cas très diffuse, représentée principalement par des fosses d’extraction de sable et par un ensemble de trous de poteau matérialisant un bâtiment de type hangar ou atelier établi le long de la rue des Chaudronniers, rue citée dès le xiii^e s. et qui traversait encore récemment le site. La première occupation résidentielle ne date que de la fin du Moyen Âge, avec la construction de plusieurs bâtiments en briques, dont deux possédant des caves voûtées et l’un doté d’un puits extérieur en briques. La période moderne voit la construction en plusieurs étapes, pour l’essentiel au xviii^e s., d’édifices en brique. Enfin, un important dépotoir contenant exclusivement de la céramique, dont des rebuts de cuisson d’un potier établi à proximité, a été fouillé et daté de la fin du xvii^e s.