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Chronique des fouilles médiévales en France en 2006
I. – Constructions et habitats civils – environnement rural et urbain
I 2. – Prospections

Custines (Meurthe-et-Moselle). Maison des Lombards

Responsable d’opération : Ivan Ferraresso
p. 210-211

Texte intégral

1Une opération d’archéologie du bâti avant restauration a permis de préciser la chronologie d’un édifice civil fortifié du début de l’époque moderne. Si une présence italienne est attestée à Custines en 1345, la dénomination « maison des Lombards » n’apparaît qu’en 1584. Le village se situe à 15 km au nord de Nancy, sur la rive droite de la Moselle. À moins de 200 m de l’ancienne berge, les vestiges se trouvent implantés en périphérie de l’agglomération, près de l’église Saint-Léger. Le parcellaire a fossilisé l’emprise du bâtiment qui était défendu par un fossé (large de 12 m et remblayé sur environ 1 m), une enceinte quadrangulaire arasée (40 x 33 m) et quatre tours d’angle probablement ouvertes en gorge. Dans la moitié nord de la cour, une tour carrée, objet de la surveillance archéologique, est encadrée par plusieurs corps de bâtiments, construits postérieurement (entre le xviie et le xixe s.).

2L’enregistrement stratigraphique des élévations a permis d’identifier trois états. L’édifice n’est, dans un premier temps, qu’un bâtiment carré de 16,5 x 17 m de côté. Maçonnés à l’aide de moellons ébauchés en petit ou moyen appareil irrégulier, les murs sont chaînés aux quatre angles par des pierres de taille dont certaines gardent des traces smillées de laye. Le mortier de chaux utilisé comprend un sable alluvial grossier, des petits graviers et des inclusions de végétaux divers (bois, paille…). Les baies découvertes sous différents enduits témoignent d’un édifice à quatre niveaux avec cave, rez-de-chaussée, un étage carré et un étage de combles. La typologie des baies est diversifiée ; on retiendra, au premier étage de l’élévation antérieure à la restauration, l’association d’une fenêtre trilobée à meneau avec une porte à chanfrein et congé en sifflet. Les espaces intérieurs ont souffert d’un incendie, avant le début du xviie s., ayant atteint l’élévation nord dont seule la pièce est, au premier étage, a conservé un enduit contemporain des fenêtres à meneau. Soit simplement rougi, soit pulvérulent (proche du foyer d’incendie), cet enduit, composé de sable et de chaux, forme une surface irrégulière dépourvue de tout décor. Appliqué sans soin particulier, il recouvre les pierres de taille des ébrasements des baies, beurrant grossièrement les joints. Pour cet état, l’analyse stratigraphique permet de distinguer deux phases : la première de construction/occupation, la seconde de restauration. Celle-ci peut être estimée, avec prudence, de la première moitié du xvie s., grâce à une poutre d’échafaudage (analyses DendroNet, W. Tegel).

3La plus importante restauration intervient autour de 1610 (date d’abattage des bois utilisés pour les plafonds). Après l’incendie, le parti de restaurer les lieux conduit à recomposer l’ensemble des niveaux, y compris les voûtes de cave. Chaque mur est ouvert par trois fois, sur toute sa hauteur, pour aménager de nouvelles travées de fenêtres (à croisillon ou simple traverse). Enfin, deux murs de refend, un escalier en vis et un étage carré supplémentaire sont créés. Les nouveaux enduits sont systématiquement badigeonnés, offrant un décor simple avec une bande noire en appui, les parties hautes couleur « coquille d’œuf ».

4Après quelques remaniements au xviiie s., les dernières modifications sont réalisées au xixe s. Le dernier étage carré est alors dérasé afin d’installer une nouvelle toiture à deux pans. C’est avec ce dernier état qu’apparaissent des plafonds coffrés au plâtre qui condamnent en partie certaines fenêtres.

5Dans l’attente d’autres précisions chronologiques (étude dendrochronologique en cours), cette opération a mis en évidence, au rez-de-chaussée, des aménagements jusqu’ici difficilement interprétables. La présence d’une série de petites baies, à la fois fentes d’éclairage et système de ventilation, témoignerait d’un espace de stockage sur les deux premiers niveaux (cave et rez-de-chaussée du premier état). L’hypothèse d’un établissement de prêt sur gage lombard, à proximité d’un important axe fluvial et commercial, semble donc se préciser.

Custines. Maison des Lombards.

Custines. Maison des Lombards.
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Table des illustrations

Titre Custines. Maison des Lombards.
URL http://journals.openedition.org/archeomed/docannexe/image/45970/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 497k
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Pour citer cet article

Référence papier

Ivan Ferraresso, « Custines (Meurthe-et-Moselle). Maison des Lombards »Archéologie médiévale, 37 | 2007, 210-211.

Référence électronique

Ivan Ferraresso, « Custines (Meurthe-et-Moselle). Maison des Lombards » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 37 | 2007, mis en ligne le 15 janvier 2023, consulté le 14 juin 2025. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/45970 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.45970

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Auteur

Ivan Ferraresso

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Responsable d’opération

Ivan Ferraresso

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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