1La campagne 2006 a porté principalement sur la lice SE pour y étudier les canaux liés aux latrines et sur la lice SO, face à la porte de Brie. Dans l’enceinte castrale, une première tranche de fouille a été menée sur la partie NE du logis seigneurial.

2Sur la lice SE, trois massifs de maçonnerie évoquent trois fondations carrées, dont l’alignement est parallèle à la courtine. Ils attesteraient la présence d’un bâtiment sur piliers, de structure massive (8,50 m sur 4,60 m) à la fonction indéterminée. Faute de relation stratigraphique avec des structures environnantes datées, la chronologie de cette structure reste très imprécise. En tenant compte de sa localisation et d’éléments d’archives, on peut seulement avancer l’hypothèse de la présence de ce bâtiment sur la lice SE entre le xv^e s. et le milieu du xvii^e s.

3Au pied de la tour est, la fouille complémentaire du canal d’arrivée des fosses de latrines a permis de confirmer une vidange par apport d’eau, sans canalisation sous les lices. L’étude des rapports stratigraphiques entre ce canal et les parois des fosses de latrines rectangulaires, mises au jour en 2004, a remis en cause la chronologie relative dans la succession et la communication des différentes fosses.

4Le bassin situé dans les fondations de la tour sud (tour latrine) ne comprend qu’un canal d’évacuation sous les lices se dirigeant vers les douves. La fouille de la lice a permis, cette année, d’étudier la fin de son parcours et sa traversée du mur d’escarpe au sud. Le canal, d’une section de 0,60 m sur une largeur de 0,32 m, était fermé d’une suite de couvercles constitués de gros modules de calcaire de Brie dégrossis. Avant la traversée du mur d’escarpe, le canal présente une surélévation traduisant l’existence d’un regard de visite. Le niveau bas de ce canal de vidange implique la permanence d’un niveau d’eau de 0,40 m dans le bassin de la tour. Sa construction fait partie du programme architectural initial et s’est déroulée dans les suites immédiates de l’élévation de la tour sud à la fin du xii^e s. Il a été abandonné au cours du xiv^e s. ou au début du xv^e s.

5Sur la lice SO, un double bassin rectangulaire de plus de 7,80 m de long sur 1 m de large a été bâti le long de la courtine SO. Le premier bassin, long de 6,50 m, devait recevoir les eaux de pluie des toitures et de la lice SO ; peu profond, il pouvait jouer le rôle de bassin de décantation avant de se vider dans un bassin carré de 1 m de côté. Ce dernier alimentait un premier canal qui longeait la fondation de la courtine et se jetait dans la tour sud. L’ouverture d’un second canal, à partir de l’angle sud du bassin, évacuait les eaux probablement vers les douves. Ce n’est que dans une troisième période que l’on construisit un raccordement ou prise d’eau de nouveau nécessaire pour le bassin de la tour sud. Le raccordement ou prise d’eau était fonctionnel seulement lorsque le niveau d’eau dépassait 0,30 m dans le canal d’apport. L’ensemble du réseau n’a pu fonctionner que de la fin du xii^e s. jusqu’au début du xv^e s. au plus tard.

6La fondation de la tour de Brie ainsi que le chaînage des différents gradins de fondation entre courtine et tour ont pu être étudiés. Toutes ces constructions ont été bâties au cours du programme de travaux d’origine.

7Face à la porte de Brie, la mise au jour de deux couples de murs parallèles et de construction différente permet d’identifier trois états, isolant le passage d’entrée des lices. Le second état du xiv^e s. présente des vestiges d’une ouverture qui pourrait être la porte piétonne du pont-levis, porte secondairement condamnée avant le xvi^e s. Une poterne ouvrant sur les douves (xiv^e s.) a fait l’objet de plusieurs aménagements successifs pour son accès à partir du passage d’entrée du château.

8Dans l’enceinte castrale, une première évaluation du logis NE a permis d’ébaucher une vision sur l’organisation spatiale de cette aile de l’hôtel seigneurial. La mise au jour de deux pilastres chaînés aux murs longitudinaux et d’un pilier rectangulaire central permet d’évoquer la limite entre deux salles. Cette architecture laissait, à l’origine, une large communication entre la grande salle donnant sur la cour (et pouvant être éclairée par des baies) avec la salle est, privée de lumière naturelle de par sa disposition d’angle. Cette organisation d’origine fut modifiée par le cloisonnement total des deux salles au niveau du pilier, en même temps qu’un remblaiement massif des surfaces de 0,80 m d’épaisseur. Les prochaines recherches permettront de mieux comprendre l’évolution de cette zone, très perturbée à la fin du xix^e s. par la construction d’une maison reposant sur l’emprise du logis.