1Si le castrum de Langoiran, siège d’une petite seigneurie de l’Entre-deux-Mers bordelais, est attesté dès la première moitié du xii^e s., les vestiges imposants du château actuel, installé sur un promontoire dominant la vallée de la Garonne, ne sont pas antérieurs au début du xiv^e s. C’est à ses pieds, au lieu-dit Le Castéra, que se trouvent les traces discrètes de son emplacement primitif, découvert grâce à la photographie aérienne en 1985 par François Didierjean. L’exceptionnelle lisibilité du plan du castrum fossile ainsi découvert et son implantation inhabituelle dans les terres basses de la vallée de la Garonne ont justifié le lancement d’un projet de fouilles dans le cadre d’un programme de l’UMR 5607 Ausonius. En 2006, une campagne de prospections géophysiques effectuée à deux échelles a été réalisée par Michel Martinaud. Une prospection géophysique extensive de 27 ha – soit le quart occidental du méandre de Langoiran – a cherché à localiser d’éventuels paléochenaux de la Garonne, ou d’autres structures alluviales que l’analyse des cartes ou des photographies aériennes ne font pas apparaître et qui pourraient expliquer l’installation du site du Castéra en zone humide. Les résultats obtenus ont été pour l’essentiel négatifs, à l’exception d’une zone située au NE du site offrant de faibles valeurs de résistance compatibles avec l’existence d’un paléochenal.

2Une seconde étude électrique d’une surface de 12 000 m² s’est focalisée sur le site lui-même. Globalement, elle a confirmé les informations des photographies aériennes tout en les précisant. La prospection électrique montre que la plateforme ovale supportant les structures révélées par la photographie aérienne a été aménagée artificiellement à partir d’un noyau de remblais pierreux ou graveleux anthropiques et que la dénivellation actuelle est accentuée par les couches de démolition des bâtiments. La plateforme était défendue par un système enceinte, fossé, glacis. Le mur d’enceinte, large d’au moins 1,5 m, paraît conservé sur l’essentiel de son tracé ovale, à l’exception de son quart sud. Il paraît disposer de fondations moins puissantes que les bâtiments carrés A et B, de 7 à 8 m de côté, intégrés aux deux extrémités de l’ovale de son tracé. Il s’agit très probablement de deux tours portes opposées. À l’extérieur de l’enceinte et en contact avec elle, le fossé (F) dont la largeur varie entre 4 m et 7-8 m apparaît nettement. Il semble comblé de matériaux majoritairement fins sauf dans le quart sud où il est peut-être comblé par les débris de démolition de l’enceinte. À l’extérieur du fossé se trouve une couronne G de matériaux plus résistants que ceux du fossé et ceux du milieu environnant. Cette couronne est attribuable aux vestiges d’un glacis dont la largeur actuelle, inégale selon les zones, peut atteindre 15 m (au SO). L’espace, clos par mur d’enceinte, présente une surface d’environ 1700 m², il abrite une cour et une série de constructions accolées contre l’enceinte de part et d’autre de la « tour » B, en particulier en D une grande pièce, d’une surface voisine de 170 m². Peut-être s’agit-il de la « salle » du castrum ? Autant d’observations qui montrent l’état exceptionnel de conservation du site dont les fouilles devraient commencer en 2007.

Langoiran. Le Castéra.

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