Scata-d’Ampugnani (Haute-Corse). Castellu di Lumitu
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Année de l'opération :
2006Numéro d’opération :
8656Nature de l'opération :
prospection archéologiqueTexte intégral
1Mentionné dans diverses sources écrites médiévales, le site castral de Lumitu est bien connu de la population locale mais aussi des historiens et des archéologues insulaires. Le chroniqueur Giovanni della Grossa (1388-1464) l’évoque à plusieurs reprises et rappelle que le premier occupant du lieu s’appelait Guglielmo Cortinco, ancien fonctionnaire de l’administration comtale d’Arrigo Bel Messer. Après l’assassinat de ce dernier et le début de l’anarchie seigneuriale, il se fortifia sur cette position peu après l’an Mil. Une tradition orale encore vivace, s’appuyant peut-être sur des chartes monastiques considérées comme apocryphes par certains chercheurs, conserve quant à elle le souvenir d’une comtesse prénommée Mathilde qui aurait fréquenté les lieux dès la première moitié du xe s.
2Le site, mais surtout ses occupants, sont relativement documentés à partir du xiiie s. avec des mentions fiables dans les archives génoises. Vers 1324-1325, les Cortinchi de Lumitu, qui seraient les descendants de Guglielmo évoqué plus haut, apparaissent encore en bonne place parmi les familles influentes citées dans un document rédigé sur ordre de Castruccio Castracani, seigneur de Lucques, et destiné au roi Alphonse d’Aragon pour l’aider dans la préparation d’une intervention militaire en Corse. Au milieu du xive s., l’ensemble castral aurait dû connaître le sort réservé à la plupart des châteaux du nord de l’île, détruits au cours de révoltes anti-seigneuriales marquant les débuts de la domination effective de Gênes sur l’ensemble de la Corse. Cependant, Lumitu est encore mentionné en 1390 à l’occasion du renouvellement de la concession en fief d’un tiers des droits du château et pourrait donc avoir été réoccupé plus tardivement comme semble le confirmer la céramique retrouvée en surface.
3Le site de Lumitu, centre de la seigneurie cortinca implantée dans le nord de la Castagniccia (ensemble géographique occupant le centre-est de l’île), n’avait fait l’objet, jusqu’à cette prospection thématique, que de descriptions des vestiges visibles. Cette première campagne avait comme objectif de poursuivre la documentation du site fortifié composé des ruines d’un donjon quadrangulaire et de deux bâtiments annexes, localisées sur la partie la plus haute (et la plus accidentée) et ceinturées par un rempart, et d’un habitat concentré (formé par les arases de trois structures agencées autour d’une petite place et d’un four) qui semble y être associé. Les études réalisées en 2006, en collaboration avec l’Université de Pise, ont permis d’inventorier et de décrire les vestiges visibles et d’établir une planimétrie générale de l’ensemble castral et de l’habitat. Ce relevé a été complété par une étude architecturale préliminaire. L’examen des façades de l’ensemble fortifié a révélé l’emploi d’au moins trois techniques constructives différentes, dont deux semblent avoir été mises en oeuvre conjointement. Enfin, l’identification du matériel céramique recueilli en surface a fourni un premier cadre chronologique compris pour le moment entre le xiie et le xve s. pour le castellu et entre le xive et le xviiie s. pour le village. Grâce à ces résultats, il est désormais possible d’affiner la stratégie générale de l’étude du site en définissant précisément les zones à fouiller en priorité.
Pour citer cet article
Référence électronique
Stéphane Orsini, « Scata-d’Ampugnani (Haute-Corse). Castellu di Lumitu » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 37 | 2007, mis en ligne le 12 juin 2019, consulté le 08 juillet 2025. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/46444 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.46444
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