1Cette opération réalisée par Archéopole s’est déroulée entre octobre 2005 et avril 2006. Elle fait suite à un diagnostic préalable à l’aménagement d’une ZAC de plus de quatre hectares. Le site situé non loin de la confluence de deux rivières – la Marque et la Deûle – a mis en évidence une occupation gallo-romaine de type rural (i^er-iii^e s.) comprenant plusieurs bâtiments. Au sud de ces derniers, quelques fosses à incinération de la même période ont été fouillées. Au même endroit, un cimetière mérovingien daté des vi^e-vii^e s. a été mis au jour.

2Les 135 sépultures fouillées, pratiquement toutes dotées de mobilier, ne représentent qu’une partie de la nécropole, qui se poursuit au delà de l’emprise de la prescription. La tête des défunts est systématiquement placée vers l’est, mais deux orientations majeures ont été répertoriées, divergeant d’une dizaine de degrés de part et d’autre d’un axe EO. Si quelques individus semblent avoir été ensevelis en pleine terre, en dépit d’une lecture parfois difficile du sédiment, les traces laissées par le bois témoignent des différents types de contenants utilisés : cercueils, monoxyles ou assemblés, brancards et chambres funéraires. Le fond et la partie inférieure des fosses sont parfois tapissés de planches sur lesquelles repose le contenant. Les ossements sont dissous et seules sont préservées quelques couronnes dentaires, aussi les sexes n’ont pu être différenciés que grâce aux rites de l’inhumation habillée et aux dépôts funéraires. Pour l’heure, 27 femmes et 40 hommes ont été identifiés ainsi que cinq enfants (le seul cas observé de sépulture double concerne deux d’entre eux).

3Les sépultures féminines sont souvent caractérisées par la présence de parures (fibules cloisonnées, aviformes, ansées digitées, épingles à cheveux, boucles d’oreille, bracelets, bagues et colliers en pâte de verre et/ou en ambre). Les sépultures masculines sont pourvues de pièces d’armement (scramasaxes, umbos de boucliers, fers de lance, angons, épées, francisques). Certains objets usuels (couteaux, bourses, briquets, clés et pinces) et autres dépôts (céramiques, verreries) peuvent être associés indifféremment à l’un ou l’autre sexe. La pratique funéraire du dépôt de charbon n’a pu être observée que dans de rares cas.

4Les tombes les plus riches, concernant exclusivement des individus masculins, sont installées dans des chambres funéraires, ici au nombre de quatre. La paroi de la fosse est entièrement planchéiée de bois. Le défunt y est placé sur un brancard, entouré d’un armement conséquent. La chambre la mieux nantie a livré en sus un bassin en bronze et, dans la bouche du mort, en obole, une monnaie en or à l’effigie de l’empereur d’Orient Justin I^er (518-527).

5Après restauration, l’abondant mobilier archéologique fournira sans doute bien d’autres informations susceptibles de ciseler la chronologie du cimetière, son développement, et les systèmes d’échanges culturels et commerciaux en vigueur dans la région, et notamment dans la vallée de la Deûle. En effet, les rares découvertes comparables faites à l’échelle locale au xix^e s. ont souvent été peu ou pas étudiées et le matériel dilapidé.

Marquette-les-Lille. Cimetière mérovingien du Haut-Touquet.

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