Talloires (Haute-Savoie). Roc de Chère, « barge à tuiles »
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Année de l'opération :
2006Numéro d’opération :
228280Lieux :
France métropolitaine, Auvergne-Rhône-Alpes, Département de la Haute-Savoie, Talloires-Montmin, TalloiresNature de l'opération :
prospection subaquatiqueTexte intégral
1Une courte opération hivernale a été consacrée à une épave repérée dans le lac d’Annecy dès les années 1960, redécouverte et signalée à la DRASSM par des plongeurs en 1998. Située dans la partie médiane du lac, sur la rive orientale, elle repose par 49 m de fond au pied des falaises du Roc de Chère.
2L’embarcation, dont l’envasement est faible, mesure 9,3 m de longueur et 2,55 m de large. Cette épave est tout à fait comparable à celle de Doussard/Bredannaz, fouillée en 2004 et 2005 (Archéologie Médiévale, t. 35, p. 305 ; t. 36, p. 340-341) sur l’autre rive du lac, ses dimensions sont estimées à 9 m de long et 2,3 m de large. L’architecture est identique, de type monoxyle-assemblée avec un plan d’ensemble rectangulaire prolongé à l’avant par une pointe légèrement relevée. Le fond est plat. La hauteur conservée est de 40 cm pour la pièce monoxyle. Les flancs sont complétés par une rehausse de 0,35 m. Ces dimensions sont là aussi similaires à celles observées sur l’épave de Bredannaz.
3La pointe avant est entièrement dégagée. Elle montre six membrures avec, depuis l’avant, deux séquences de deux rables (membrures simples sur le fond) et une paire de courbes opposées. Le fond est une sole de larges planches observable seulement sur l’avant en raison de la présence d’un chargement de tuiles dans le reste de l’embarcation. L’assemblage diffère de celui de Bredannaz avec des virures (les planches) non pas alignées selon l’axe du bateau mais parallèles aux flancs de la pointe. Il est à noter que l’extrémité avant, large de 0,5 m, est ouverte et présente un prolongement de l’une des virures avec une découpe et une large perforation permettant très probablement un amarrage. L’arrière de l’embarcation est fermé par un tableau vertical encore en place. Enfin, une autre similitude avec Bredannaz est l’utilisation de forts crampons en fer pour assurer la jonction entre pièces principales comme par exemple le bordé monoxyle du flanc et celui de la levée avant.
4Le chargement est constitué pour l’essentiel de tuiles plates à crochet et à terminaison en pointe, mesurant 0,34 m de long (soit un pied de la Chambre de Savoie) et 0,15 m de large. Quelques tuiles creuses de grandes dimensions (0,52 x 0,27 m) portent une perforation près de chacune des extrémités, indiquant un emploi sur les faîtières ou les arêtiers.
5Un prélèvement pour datation a été effectué sur une courbe en résineux. Il permettra de vérifier si l’épave est bien contemporaine de celle de Bredannaz (1410-1640 cal AD) ce que sa morphologie et son chargement suggèrent.
6L’épave du Roc de Chère pourrait être en relation avec des installations portuaires présentes sur les rives (« le port de la Rose ») et des traces d’aménagements (encoches pour plusieurs niveaux de poutres… ) dans un abri s’ouvrant au pied des falaises calcaires, au niveau du lac, au lieu-dit « le Grand Pertuis ».
7À ce jour se pose la question de la conservation de cette épave. La comparaison avec des clichés pris en 1998 montre une importante dégradation. Le chargement a été partiellement bouleversé par des clandestins à la recherche de tuiles portant des graffitis. L’épave elle-même est détériorée (désolidarisation des rehausses et de certaines membrures) du fait du passage de plongeurs sportifs.
Pour citer cet article
Référence électronique
Yves Billaud, « Talloires (Haute-Savoie). Roc de Chère, « barge à tuiles » » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 37 | 2007, mis en ligne le 12 juin 2019, consulté le 12 février 2025. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/46969 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.46969
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