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Chronique des fouilles médiévales en France en 2006
II. – Constructions et habitats ecclésiastiques
II 1 – Sites fouillés

Laudun-l’Ardoise (Gard). Saint-Jean de Todon alias Saint-Jean de Rouzigue

Responsables d'opération : Laurent Vidal, Yann Ardagna, Delphine Blanchard et Hervé Petitot

Texte intégral

1L’objectif de la campagne 2006 était, d’une part, de poursuivre la fouille du cimetière dans la partie centrale de la zone se développant au sud de la chapelle (Archéologie Médiévale, t. 33, p. 244-245) et, d’autre part, de commencer à rechercher les limites de son extension afin d’en mieux appréhender le développement et l’importance. Toujours dans cette perspective, un sondage a été réalisé autour du pilier nord et la fouille a été étendue vers l’est.

2La progression de la fouille du cimetière vers le sud permet de commencer à en dessiner la limite. L’agrandissement du secteur de fouille, dans le prolongement de trois rangées de sépultures, montre en effet qu’il n’y a plus de tombes au-delà. La fouille doit être poursuivie encore sur une dizaine de mètres vers le sud, car la surface du sol de circulation du cimetière, bien marquée par endroits, s’estompe sans que sa limite soit explicitement matérialisée par un dispositif particulier (mur, fossé, etc.).

3Vers l’est, un sondage au droit du contrefort le plus oriental a atteint les niveaux de circulation correspondants à ceux du cimetière, mais sans qu’aucun dispositif de marquage de sépulture ne soit rencontré pour le moment : le cimetière paraît donc s’arrêter avant ce point. Au nord, le sondage effectué autour du contrefort carré extérieur n’a livré aucune sépulture. Des niveaux romains en place y ont, en revanche, été bien repérés. Au sud-ouest, les niveaux de circulation et surtout cinq nouvelles stèles ont été mis au jour.

4La campagne 2006 permet de situer hypothétiquement les limites du cimetière vers le sud avec une bonne probabilité, elles restent néanmoins encore inconnues à l’est. Enfin, le sondage réalisé au nord paraît situé au-delà de l’emprise du cimetière.

5Vingt-quatre sépultures ainsi que huit zones de réduction secondaire ont été mises au jour. Quatre individus immatures (deux adolescents, un enfant d’environ neuf ans et un autre d’environ deux ans) et vingt sujets adultes (dix-huit âgés ou matures-âgés et deux jeunes ou jeunes-matures) ont été dénombrés. La grande majorité des adultes présentent des signes liés à un âge avancé (présence d’arthrose, relief des symphyses pubiennes, forte usure dentaire). Il existe une nette prédominance de sujets masculins.

6Les observations sur l’état de santé montrent la présence de deux sujets polyarthrosiques et de deux pathologies d’origine traumatique (fractures consolidées sans complication apparente). Un individu présente une ankylose coxo-fémorale unilatérale droite : l’acétabulum droit de ce sujet est particulièrement élargi et constellé de macroporosités périphériques, la tête fémorale, présentant un aspect en « chou-fleur », semble immobilisée. Une ostéochondrite primitive de la hanche (observable au stade des séquelles chez l’adulte) ou maladie de Legg-Perthes-Calvet, susceptible de provoquer une boiterie chez le sujet atteint, peut être évoquée. La relation entre le handicap et la position de l’individu inhumé semble pouvoir être mise en évidence. Ce type de contrainte à l’inhumation liée à une maladie de Legg-Perthes-Calvet a déjà été observé sur un site rural moderne de l’Isère.

7Trois sépultures ont livré des vases de type « pégau ». Deux étaient déposés aux pieds du défunt, le troisième sur le côté de la tête. Une autre sépulture a livré une coquille Saint-Jacques placée sous les reins du sujet, ce qui atteste sa condition de pèlerin.

8Au sud-est de la chapelle, la fouille a permis de dégager complètement une pièce entrevue lors de la campagne précédente et de mettre au jour les indices probables d’une seconde. Il n’est pas encore possible de préciser la chronologie relative de ces structures par rapport au reste du bâtiment de la chapelle ; ces espaces pourraient, dans un premier temps, s’articuler avec la nef formant alors un bâtiment en L. S’agissait-il déjà d’un bâtiment à vocation religieuse ? Il est encore trop tôt pour l’affirmer.

9Au nord, le sondage réalisé au pied du contrefort nord extérieur a permis de confirmer que son installation est postérieure au mur de la nef. La fosse de mise en place du pilier recoupait un niveau de circulation venant buter contre ce mur. Une extension du sondage du côté est sera nécessaire pour vérifier le rapport stratigraphique entre ce pilier et le mur nord du chœur.

10Au sud, la fouille de l’espace sépulcral a permis de mettre au jour les restes d’un bâtiment antérieur au cimetière dont quelques tombes recoupent l’un des murs. Ces murs, conservés sur une ou deux assises de hauteur, certains moellons étant mis en oblique, sont parementés. L’implantation de cet ensemble diverge des murs découverts jusqu’à présent. Du point de vue stratigraphique, en l’état actuel des observations, ceux-ci semblent antérieurs aux niveaux qui précèdent l’installation du cimetière et recèlent du matériel des ve-viie s.

11La fouille de l’espace du cimetière a, cette année encore, fourni très peu de mobilier archéologique et un matériel assez fragmenté qui ne permet pas toujours de proposer une datation très précise. Le mobilier céramique suggère désormais que l’occupation de cette petite partie de l’oppidum s’est développée, au plus tôt, à partir du ve s. et jusqu’à la fin du xiie s., sans exclure pour autant d’éventuelles ruptures de continuité.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Laurent Vidal, Yann Ardagna, Delphine Blanchard, Hervé Petitot, « Laudun-l’Ardoise (Gard). Saint-Jean de Todon alias Saint-Jean de Rouzigue » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 37 | 2007, mis en ligne le 27 mars 2023, consulté le 23 mars 2025. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/47254 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.47254

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Laurent Vidal

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Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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