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AccueilNuméros37Chronique des fouilles médiévales...II. – Constructions et habitats e...II 1 – Sites fouillésPenne-d’Agenais (Lot-et-Garonne)....

Chronique des fouilles médiévales en France en 2006
II. – Constructions et habitats ecclésiastiques
II 1 – Sites fouillés

Penne-d’Agenais (Lot-et-Garonne). Hôpital local

Responsable d’opération : Yann Henry

Texte intégral

1Le projet d’agrandissement de l’hôpital local de Penne-d’Agenais est à l’origine de la destruction d’un îlot de bâtiments situé à l’entrée du village, sur une zone restreinte du faubourg médiéval. Au cours des travaux, la découverte de restes d’élévations médiévales et plus spécialement du mur d’une des chapelles latérales de l’église disparue des Cordeliers avait alerté le SRA Aquitaine et motivé la prescription d’une intervention archéologique. Confié au bureau Hadès, celle-ci consistait au premier chef à ouvrir une fenêtre de 150 m2 dans l’angle NO de la parcelle, à cheval entre l’église et le cloître, au contact présumé du mur gouttereau sud et de la galerie nord, afin d’identifier les maçonneries médiévales et de fouiller l’intégralité des sépultures repérées. La construction d’une vaste cave sub-contemporaine dans l’angle NE ayant totalement détruit le sous-sol à cet endroit, cette fouille devait s’accompagner d’une surveillance des travaux de terrassement et d’un relevé en plan de toutes les structures bâties mises au jour dans la moitié sud de la parcelle, une zone avoisinant les 500 m2 et correspondant à l’assiette du cloître. À terme, ces données stratigraphiques devaient être complétées par une étude des sources écrites et une analyse archéologique des vestiges architecturaux encore en élévation, pour proposer d’une part, une hypothèse de restitution du plan du cloître, et d’autre part, une caractérisation de la « clientèle » des cordeliers, à travers l’observation d’un échantillon de population inhumée dans le cloître.

2La fouille a permis de discerner quatre phases chronologiques. La première est antérieure à l’installation des cordeliers, que les sources écrites situent dans le deuxième tiers du xiiie s., à la suite du traité de Meaux-Paris en 1229 et à la reprise en main par l’Église des territoires appartenant aux comtes de Toulouse. Si aucune structure ne lui est rattachée, elle montre toutefois une puissante séquence faite d’une succession de remblais déversés dans la pente. La présence conjointe dans plusieurs couches de résidus de combustion en quantité et de quelques fragments de céramique correspondant à des ratés de cuisson autorise à formuler l’hypothèse d’un artisanat potier dont l’implantation proche mais hors des limites de l’emprise de fouille s’accorderait parfaitement avec une telle situation face aux vents dominants et à une distance plus que raisonnable vis-à-vis des remparts primitifs.

3La deuxième phase voit la construction de l’église et du cloître, avec l’édification préalable, à une cinquantaine de mètres au sud de la fouille, d’un haut mur de soutènement destiné à retenir la totalité des remblais de nivellement. Elle se traduit par la présence du mur gouttereau sud de l’église, contre lequel viennent s’appuyer deux chapelles latérales, dont une était dotée d’un caveau bâti en brique qui contenait au moins trois individus. De ces épaisses maçonneries ne subsistent que de puissantes fondations qui perforent les niveaux susdits jusqu’à une profondeur que la fouille n’a pu préciser. Le mur bahut de la galerie nord a également été mis au jour sur toute la longueur de l’emprise, où il ménage un espace de 3 m de large attenant aux chapelles. Au sein de cet espace interprété comme la galerie nord du cloître ont été mises au jour vingt inhumations. Les plus précoces reposent dans deux caveaux bâtis en brique, réutilisés à plusieurs reprises, parfois comme ossuaire. Elles coexistent avec des dépôts en cercueils de bois, plus rarement en pleine terre.

4La phase suivante, datable de l’époque moderne, se traduit par des apports de terre destinés à recharger la zone des sépultures, niveaux dans lesquels un nouveau groupe de tombes, où dominent les cercueils, est installé.

5Une dernière étape, postérieure à la Révolution, marque la destruction de l’ensemble conventuel et la récupération des matériaux vendus comme biens nationaux ; elle coïncide avec la désaffection du cimetière et la construction d’habitations villageoises, visibles sur le cadastre napoléonien.

6Malgré un état de conservation des vestiges globalement défavorable, l’étude post-fouille devrait permettre une hypothèse de restitution de l’ensemble conventuel et des comparaisons avec d’autres couvents de cordeliers fouillés dans le Sud-Ouest. D’autre part, même si l’échantillon est trop restreint pour être véritablement représentatif, l’étude anthropologique permettra de poser un regard inédit sur la population ancienne gravitant dans l’environnement des franciscains.

7Les analyses en cours – étude céramologique, étude du bâti en élévation, étude anthropologique avec datation au 14C de trois individus inhumés – complèteront ce premier bilan.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Yann Henry, « Penne-d’Agenais (Lot-et-Garonne). Hôpital local » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 37 | 2007, mis en ligne le 27 mars 2023, consulté le 16 février 2025. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/47374 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.47374

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Auteur

Yann Henry

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Responsable d’opération

Yann Henry

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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