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Chronique des fouilles médiévales en France en 2006
II. – Constructions et habitats ecclésiastiques
II 1 – Sites fouillés

Saint-Gervais-sur-Mare (Hérault). Saint-Pierre de Neyran

Responsable d’opération : Isabelle Commandré

Texte intégral

1Situé dans la vallée de la Mare, à mi-parcours entre les premiers reliefs du Massif Central et le littoral languedocien, le site archéologique de Neyran s’étire sur le plateau sommital d’une colline culminant à 440 m d’altitude, au nord du village de Saint-Gervais-sur-Mare. C’est à partir de la fin du xie s. que les sources écrites mentionnent l’existence de ce territoire, dont la seigneurie semble se positionner dans l’orbite des vicomtes de Narbonne. Les textes évoquent la présence d’un castrum, puis d’une chapelle à simple vocation castrale, l’église paroissiale étant implantée en contrebas, dans l’agglomération de Saint-Gervais située dans la vallée.

2C’est dans le cadre d’un vaste projet de remise en valeur de ce castrum abandonné à la fin de l’époque médiévale que prend place cette première étape de l’étude du site. Le clocher accolé à l’église a subi de violentes intempéries qui ont entraîné l’effondrement des parties sommitales durant l’automne 2005 ; il a donc fait prioritairement l’objet des interventions de terrain afin d’en stabiliser l’état. En amont des travaux de stabilisation et de restauration, une opération de relevés des parements internes et externes a donc été mise en place.

3Les sources textuelles ne font aucune mention de la période de réalisation de cette tour, implantée au cœur du site, et adjointe à la chapelle castrale, vraisemblablement pour faire face à un accroissement important de la population de Neyran. C’est donc avec l’archéologie, et plus particulièrement l’étude du bâti, qu’il est possible d’en éclairer l’histoire. Si les chronologies d’édification de l’église et de la tour restent difficiles à préciser, il demeure certain que l’édifice religieux, doté d’un plan simple composé d’une nef unique et d’une abside semi-circulaire, précède de peu la mise en œuvre de son clocher. En effet, les maçonneries de ce dernier prennent largement appui contre le bâtiment cultuel. À une vocation initialement fonctionnelle, il faut également associer sans nul doute la volonté des seigneurs de marquer, par cet édifice monumental, la prédominance de leur castrum au sein de la vallée. D’après les analyses effectuées, la tour, au plan carré très simple de 3,40 m de côté en hors œuvre, s’élevait en effet sur une hauteur de plus de 14 m, dont 12 m sont encore en élévation ; son espace intérieur était divisé en trois niveaux.

4Aménagé sur une étroite plate-forme creusée dans le substrat rocheux, l’édifice présente une composition très homogène constituée de blocs de schiste dressés en double parement avec blocage interne. Les chaînes d’angle, ainsi que les éléments d’ouverture (une porte en arc plein-cintre à l’ouest, trois baies étroites à ébrasement interne sur les faces est, sud et ouest, et enfin une fenêtre sur les hauteurs de la face nord), ont fait l’objet d’une réalisation plus soignée et sont composés de blocs de grès mis en œuvre en moyen et grand appareil. Dans ses parties basses, le clocher n’est élevé que sur trois faces : est, sud et ouest, qui prennent appui sur le mur gouttereau sud de l’église, jusqu’au niveau de l’égout, puis de la toiture charpentée de l’édifice religieux. Ces éléments se trouvent ensuite englobés dans la nouvelle construction. La zone des combles de l’église constituant une zone potentielle d’instabilité pour la poursuite de la réalisation, il était nécessaire d’assurer au mieux la continuité des élévations entre le mur de l’église et celui du clocher. En conséquence, les espaces compris entre l’arase supérieure du mur gouttereau et les éléments constitutifs de la charpente supportant la toiture ont été comblés par un imposant dispositif maçonné, composé de dalles de schiste posées à chant afin d’absorber au mieux les poussées. Enfin, le bâtiment est couronné d’une galerie d’arcades plein-cintre, prenant appui sur des piliers, qui supportaient une toiture de lauzes. Plusieurs encoches destinées à recevoir les poutres de suspension de cloches sont visibles sur les façades orientale et occidentale.

5La construction ne paraît pas avoir fait l’objet d’interruptions longues ni de reprises. L’un des intérêts du clocher de Neyran réside dans le fait que sa construction a permis de conserver le témoignage de parements de l’église aujourd’hui arasés : éléments de toiture, arcatures aveugles, imposte.

6Mentionnée dans les écrits à partir du xiie s., l’église Saint-Pierre de Neyran semble avoir été construite dans le courant de la deuxième moitié du xie s. C’est donc à l’extrême fin du xie s. ou durant les premières décennies du xiie s. que l’on y associe un clocher. Les investigations documentaires et de terrain à venir devraient permettre d’éclairer le contexte de sa mise en place.

Proposition de restitution en 3D de l’église de Neyran et son clocher suite à l’étude de terrain réalisée en 2006.

Proposition de restitution en 3D de l’église de Neyran et son clocher suite à l’étude de terrain réalisée en 2006.
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Table des illustrations

Titre Proposition de restitution en 3D de l’église de Neyran et son clocher suite à l’étude de terrain réalisée en 2006.
URL http://journals.openedition.org/archeomed/docannexe/image/47439/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 359k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Isabelle Commandré, « Saint-Gervais-sur-Mare (Hérault). Saint-Pierre de Neyran » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 37 | 2007, mis en ligne le 27 mars 2023, consulté le 16 novembre 2025. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/47439 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.47439

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Auteur

Isabelle Commandré

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Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont susceptibles d’être soumis à des autorisations d’usage spécifiques.

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