1Le site de la « Vieille église » où est implanté le prieuré casadéen de Saint-Pantaléon de Lapleau est un petit éperon rocheux aux versants très abrupts dominant à l’ouest le cours de la Luzège et à l’est, un petit ruisseau ou torrent appelé des Berles. L’accès y est seulement possible par l’amont de l’éperon, au nord. Celui-ci était autrefois barré par un fossé aujourd’hui en partie comblé. Dans ce secteur, un bâtiment édifié à la fin du xix^e ou au début du xx^e s. a récemment été détruit. Au-delà du fossé, le site conserve d’importants vestiges : une église prieurale établie en travers de l’éperon et des bâtiments attenants à l’ouest ainsi qu’au sud de celle-ci, au-delà d’une vaste plate-forme aujourd’hui dépourvue de toute construction.

2L’étude archéologique de ce prieuré résulte d’un projet de valorisation des vestiges classés au titre des Monuments historiques depuis 1963. Elle bénéficie d’une recherche historique réalisée par Angélique Marty dans le cadre de ses travaux de repérage et d’évaluation du patrimoine dans l’aire des communautés de communes de Ventadour, du Doustre, de la Luzège et des Gorges de Haute-Dordogne. Les problématiques définies préalablement à l’intervention concernaient la chronologie et les modalités de l’implantation du prieuré : conditions d’installation, nature et organisation des bâtiments en relation avec cette occupation, relation avec un petit bourg situé à proximité correspondant à l’ancien chef-lieu de la paroisse. Enfin, l’existence d’un fossé d’une part, et des mentions tardives de château d’autre part, nous conduisent à nous interroger sur la chronologie de cet aménagement et les raisons de cette appellation. Sont-ils liés à l’existence éventuelle d’un site castral antérieur ?

3L’étude sur le terrain comprenait sept jours pour le repérage et l’analyse de l’ensemble des vestiges conservés en élévation. Dix jours ont ensuite été accordés à deux archéologues pour la réalisation de sondages manuels. Enfin, une campagne de relevés topographiques et photographiques a été entreprise au terme de l’étude afin d’obtenir un plan général avec altimétrie des vestiges.

4Les observations effectuées sur l’église ont permis de déterminer cinq phases. Les vestiges de la construction primitive se caractérisent par l’emploi d’un appareil régulier de pierres de taille en granite. Ils concernent un chœur pentagonal, une absidiole nord et l’arrachement d’une absidiole sud. Aucune hypothèse de plan de la partie occidentale ne peut être étayée. De même, une datation archéologique peut difficilement être établie. La typologie des chapiteaux et des comparaisons avec des églises présentant des similitudes inciteraient à situer cette construction dans la seconde moitié du xii^e s. L’analyse de l’organisation des communications conduit à considérer cet édifice comme une église destinée à accueillir des reliques pour devenir un lieu de pèlerinage. À la seconde phase correspond une destruction massive dont la datation hypothétique au xv^e s. est en partie suggérée par les sources écrites. En effet, l’église aurait été ravagée par un incendie en 1462, mais cet événement ne justifie pas à lui seul la disparition d’une grande partie des maçonneries et une reconstruction intégrale de la nef ainsi que des couvrements de l’absidiole et du collatéral nord dans une troisième phase. Ces espaces reçoivent des voûtes d’ogives et l’absidiole sud est alors complètement supprimée. Cette reconstruction aurait été ordonnée par l’évêque lors d’une visite pastorale en 1495. Les deux phases suivantes sont assez confuses et se distinguent mal. La première, succinctement évoquée par des sources, se situerait vers 1625. Ces travaux comprendraient la construction d’un arc entre le collatéral nord et la nef, et le remplacement éventuel des voûtes d’ogives effondrées par une simple charpente en appentis. La seconde pourrait dater du xix^e s., avec la construction d’un portail nord remployant intégralement celui de la façade occidentale établi à la fin du xv^e s. Les niveaux de sols auraient alors été abaissés. Enfin, une sacristie est reconstruite sur l’emplacement de l’ancienne absidiole sud.

5Le délabrement des bâtiments est l’une des raisons de la désaffection de cet édifice à la fin du xix^e s., mais sa ruine serait surtout imputable à l’incendie de 1920 et à la récupération des matériaux, notamment pour la construction du bâtiment localisé en amont du fossé.

6La maison située à l’ouest de l’église était la propriété de la famille Mauriac au xix^e s. Elle présente encore des élévations dont la hauteur avoisine 4 m. Le niveau d’arasement correspondrait au départ de voûtes d’arêtes. La documentation n’a pas permis d’en connaître la date d’abandon exacte. Le bâtiment est dans un état de dégradation déjà très avancé vers 1920 ainsi qu’en témoignent des cartes postales anciennes. Il y apparaît associé à une sorte de porterie aujourd’hui ruinée. Aucune datation n’a pu être suggérée pour ces deux éléments car l’étude n’a consisté qu’en une simple observation.

7Un presbytère se trouvait à l’extrémité sud de la plate-forme. Le souvenir en est conservé aujourd’hui grâce à une structure enterrée, qualifiée de « cave » par des documents d’archives. Une ouverture a été identifiée dans le mur sud et a permis de constater que l’intérieur de la pièce est encombré de gravats. Aucune datation ne peut encore être avancée pour cette construction.

8La cour du presbytère correspond à une grande plate-forme plus ou moins plane. Approximativement au centre de celle-ci, se trouve une citerne creusée dans le rocher. Autour, divers aménagements – dont deux sépultures – ont pu être étudiés mais sans qu’il soit possible d’en tirer de véritables conclusions.

9En bref, les vestiges conservés sur le site de la « Vieille église » de Saint-Pantaléon de Lapleau sont relativement importants, mais difficiles d’accès et dans un état de grande fragilité et de ruine très avancé. Les diverses phases d’occupation n’ont pas pu être clairement définies. Les problématiques énoncées initialement demeurent et serviront de cadre aux prochaines études.

Saint-Pantaléon de Lapleau. « Vieille église » : prieuré de Saint-Pantaléon dépendant de la Chaise-Dieu.

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