Melle (Deux-Sèvres). La Noblette
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Année de l'opération :
2006Numéro d’opération :
204067Sujets :
numismatique, archéologie expérimentale, creuset, monnaie, dépôt funéraire, remploi, métallurgieNature de l'opération :
projet collectif de rechercheTexte intégral
1Le programme de recherches sur Melle s’est développé selon trois axes : l’étude numismatique et analytique de la collection Rondier, l’approche typologique et archéométrique des creusets de Melle trouvés en contexte funéraire et l’approche expérimentale de la chaîne opératoire de l’argent.
2Soixante monnaies de la collection conservée au musée de Niort ont pu être analysées. Quatorze éléments apparaissent dans ce corpus. Certains sont à mettre directement en relation avec l’alliage monétaire, d’autres se rattachent à la vie des monnaies pendant leur enfouissement et une troisième famille reflète les conditions de conservation après leur découverte. Le fer trahit une monnaie fortement altérée. C’est le cas pour deux exemplaires. En revanche, plus de la moitié du corpus comporte du mercure. Il s’agit de la marque d’un séjour de ces monnaies chez un orfèvre après leur découverte. Nous en avons la preuve également par les archives. Ainsi, dans le cas des deux trésors de Javarzay, Rondier écrit dans son mémoire manuscrit : « Au mois de mai de cette année 1837, j’appris qu’on avait découvert dans ce cimetière deux à trois cents monnaies […]. Lorsque je voulus me les procurer, l’un des orfèvres de Chefboutonne les avait fait fondre presque toutes. ». Les autres éléments sont directement en relation avec l’alliage monétaire. De l’ensemble analysé, le médaillé « Charles-le-Chauve » reste celui qui contient les monnaies au meilleur titre. D’autre part, il semble que les oboles soient moins considérées. Elles présentent, en moyenne, un titre en argent inférieur aux deniers. Conséquemment, les taux de zinc et d’étain sont plus importants. Il ne s’agit pas seulement d’un effet mathématique mais également de l’utilisation de matériaux de recyclage (type laiton et bronze). L’étude de cette collection devrait être achevée courant 2007.
3Depuis leur découverte au début du xixe s., les creusets de Melle ont posé problème. D’une part, ils ont longtemps été associés à l’exploitation minière et, d’autre part, leur datation semblait, sinon mal assurée, du moins inscrite dans une fourchette large couvrant les xiie, xiiie et xive s. Une étude typologique et archéométrique conduite par Aurore Doridot dans le cadre de sa thèse a permis d’affiner les données tant sur la datation (xiie-xiiie s.) que sur la fonction première de ces objets. Au travers de la littérature, on dénombre 51 creusets bien qu’aujourd’hui le corpus se limite à 37 exemplaires répartis dans trois collections. Lutés ou non, de grande et de petite tailles, complets pour la plupart, il a été possible de calculer leur volume et la masse d’alliage susceptible d’y être fondue : 1 à 2 kg pour les plus petits et jusqu’à 4 kg pour les plus gros. Si longtemps leur propreté interne était considérée comme le signe d’une absence d’utilisation, aujourd’hui il est certain que tous ces creusets ont servi avant d’être déposés en tombe. Il a même été possible de caractériser la nature de l’alliage fondu. Il s’agit d’un cuivre-argent. Reste à définir la nature de la production. Il faudra également expliquer la présence de cette activité de métallurgie secondaire basée sur le métal blanc que l’on ne peut en aucun cas rattacher à l’exploitation des mines de Melle, sauf peut-être en termes d’une survivance artisanale à démontrer.
4Enfin, le troisième axe de travail a porté sur l’expérimentation des procédés d’affinage. Nous nous sommes interrogés sur les techniques de préparation de la cendre de bois servant à la réalisation des coupelles d’essai. Pour ce faire, c’est la totalité de la chaîne opératoire, depuis la réalisation des cendres jusqu’à l’utilisation des coupelles faites avec ce matériau, qui a été expérimentée. Les recettes utilisées sont celles que l’on peut trouver pour l’Occident médiéval. Les résultats montrent une plus grande difficulté à produire des cendres de bois propres à la coupellation, mais une simplicité de mise en œuvre puisque l’opération de broyage n’existe pas dans cette chaîne. À l’inverse, le travail sur la cendre d’os mené en 2005 n’avait fait apparaître qu’une seule difficulté : la mise à une granulométrie suffisamment fine pour permettre le moulage de la coupelle. Lors des essais par coupellation, aucune différence n’est apparue, que l’on travaille avec une coupelle en cendre de bois ou en cendre d’os. Ces essais sur la petite coupellation et la mise en place d’une plateforme expérimentale pérenne destinée à la métallurgie médiévale à Melle vont nous permettre d’aborder la coupellation à grande échelle dès 2007.
Pour citer cet article
Référence électronique
Florian Téreygeol, « Melle (Deux-Sèvres). La Noblette » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 37 | 2007, mis en ligne le 12 juin 2019, consulté le 20 juin 2025. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/47740 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.47740
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