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Chronique des fouilles médiévales en France en 2005
V. – Installations artisanales
V B1. – Carrière, mines et métallurgie : sites fouillés

Huez-Alpe d’Huez (Isère). Brandes-en-Oisans

Responsables d'opération : Marie-Christine Bailly-Maître, Thierry Gonon et Arnaud Gigante

Texte intégral

1Depuis 1999, l’essentiel des recherches conduites sur le site de Brandes est concentré sur le thème de « L’eau et ses usages sur une grande entreprise minière médiévale ». La campagne 2005 était une année de prolongation du programme triennal 2002-2004.

2Rappelons que le plateau de Brandes conserve trois grandes canalisations alimentées en eau par le déversoir du Lac Blanc, situé à 25 m d’altitude. La canalisation C1 borde le site à l’ouest ; la canalisation C2 arrive au centre du village ; la canalisation C3 est en limite orientale du site.

3Les fouilles ont porté principalement sur les canalisations C1 et C2. La première est associée aux installations de broyage à la meule du minerai, et la seconde vient, pour une part, abonder le flux de C1 et pour l’autre, conduit de l’eau dans le village.

4Les campagnes successives ont permis de comprendre le fonctionnement du lavage du minerai, étape essentielle dans le processus de son enrichissement. Le broyage est bien confirmé en liaison avec la canalisation C1, mais le terrain n’a pas permis de comprendre où étaient exactement placées les meules et comment l’énergie hydraulique était transmise. Une crapaudine, en réemploi dans un mur, confirme l’existence d’installations de broyage avec un système d’axe en bois.

5Le secteur B102 est lié à la canalisation C1. Il est formé de trois terrasses qui longent sa rive orientale. Quatre bâtiments y avaient été fouillés, d’épais murs-terrasses dégagés, et plusieurs très longs caniveaux mis en évidence. En 2005, aucune nouvelle aire n’a été ouverte ; la campagne a été entièrement consacrée à l’achèvement des fouilles engagées en 2004 et à une reprise de la réflexion sur l’organisation et la chronologie des trois terrasses, ce qui a conduit à mener ponctuellement des sondages sur les anciennes fouilles de B102. Au terme de l’année 2005, le fonctionnement de l’ensemble apparaît mieux, les liaisons stratigraphiques se sont précisées. Par ailleurs, la venue du géomorphologue F. Berger a permis de réfléchir sur les profils actuels de la canalisation C1. La réflexion sur ce secteur particulièrement complexe n’est pas terminée car les métallurgistes de Brandes ont « brouillé » les pistes en superposant, de façon semble-t-il très rapide, les structures, endommageant les premières. Cet aspect, s’il ne facilite pas le travail de l’archéologue, apporte cependant des informations sur le mode de gestion d’un quartier industriel, très différent des quartiers d’habitat.

6Le secteur B56 se situe au débouché de la canalisation C2 dans le village. La fouille a été menée, en amont, jusqu’à la jonction de C2 avec la canalisation C5. C5 avait, en hypothèse de travail, été identifiée à un chenal perpendiculaire aux trois grandes canalisations, dont la fonction aurait été de redistribuer l’eau en différents points du village. La campagne 2005 a levé cette hypothèse ; il est clair, maintenant, que C5 est un fossé de drainage au nord du village et que les eaux ainsi recueillies sont guidées vers C2. En amont toujours, suite à la venue de F. Berger, trois sondages ont été faits dans ce qui, en 2004, était donné comme un étang de retenue en bordure de la canalisation C2 sur sa rive occidentale, avant l’installation de la halde septentrionale. Ces sondages confirment l’hypothèse, ce qui induit une chronologie relative assez complexe avec une succession d’aménagements liés à l’hydraulique. En 2004, un long caniveau était apparu au fond du large chenal de C2 ; ce caniveau, parfaitement construit, a été suivi jusqu’au niveau de l’arrivée de C5, après quoi il disparaît. À l’aval de la fouille 2004 et des bâtiments 1 et 2, la fouille 2005 a permis de suivre le tracé de ce caniveau sur quelques mètres, après quoi il a été détruit. La réflexion sur ce surprenant aménagement est toujours en cours.

7Une seconde campagne de prospection géophysique a été faite en 2005. Elle a permis de localiser un emplacement possible pour l’installation d’un four d’essai de minerai. Les archives mentionnent un four banal et un second four accensé très cher. Le secteur jouxte la source Font Morelle, en bordure du village, à proximité de falaises bénéficiant ainsi de vents remontants. Quelques scories non magnétiques (plomb ?) y ont été retrouvées.

8Pour terminer, depuis trois campagnes, des prospections sont menées dans le massif des Rousses, au-dessus de l’Alpe d’Huez et de Vaujany, afin de retrouver des sites miniers exploités au Moyen Âge, comme le laissait entrevoir une enquête de 1339. Au terme de la campagne 2005, plus de 25 sites ont été inventoriés. Il s’agit, à chaque fois, de dépilages à ciel ouvert à l’affleurement des filons, soit en falaise, soit en plateau. Le minerai est une chalcopyrite. Dans tous les cas, l’abattage s’est fait au feu, alors qu’il n’y a jamais eu de formation arbustive à cette altitude (autour de 2 500 m). Quatre datations sur des charbons de bois, pris en stratigraphie sur des haldes ou sur des fronts de taille, pour trois sites différents, s’accordent à donner une chronologie correspondant au bronze Ancien. Cette découverte, inattendue, est porteuse de beaucoup d’espoirs de recherche.

Huez-Alpe d’Huez, Brandes-en-Oisans.

Huez-Alpe d’Huez, Brandes-en-Oisans.
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Table des illustrations

Titre Huez-Alpe d’Huez, Brandes-en-Oisans.
URL http://journals.openedition.org/archeomed/docannexe/image/48478/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 987k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Marie-Christine Bailly-Maître, Thierry Gonon, Arnaud Gigante, « Huez-Alpe d’Huez (Isère). Brandes-en-Oisans » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 36 | 2006, mis en ligne le 15 mai 2023, consulté le 09 novembre 2025. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/48478 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.48478

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Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont susceptibles d’être soumis à des autorisations d’usage spécifiques.

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