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Chronique des fouilles médiévales en France en 2005
III. – Constructions et habitats fortifiés
III 1. – Sites fouillés

Allemagne-en-Provence (Alpes-de-Haute-Provence). La Moutte

Responsable d’opération : Daniel Mouton

Texte intégral

1Quatre sites médiévaux occupent le territoire d’Allemagne-en-Provence : le castrum médiéval de Saint-Marc, perché au-dessus du village actuel, et trois mottes castrales (La Moutte, Le Castellet et Notre-Dame). Cette commune regroupe en fait deux anciennes seigneuries distinctes : d’une part, celle du Castellet dont le site éponyme a vraisemblablement été précédé par celui de La Moutte et, d’autre part, celle d’Allemagne dont le site de Saint-Marc a sans doute succédé à la motte de Notre-Dame. Tous ces établissements sont perchés sur des reliefs d’éperons qui dominent de 60 à 100 m la vallée du Colostre, affluent du Verdon.

2La Moutte, à environ 2 000 m au NE du village, est une motte de forme tronconique de 37 m de diamètre à la base et 8,5 m seulement au sommet. En bord de plateau, elle était isolée par un fossé rectiligne d’une quinzaine de mètres de large.

3La première campagne d’une fouille triannuelle a révélé, au centre de la plateforme, une construction qui n’est protégée par aucun mur d’enceinte. Les murs, conservés sur une hauteur de 50 cm et larges d’environ 70 cm, étaient constitués de mortier de chaux dans lequel étaient ennoyés des galets non assisés. À la place des fondations, on a trouvé une structure de bois, carbonisée et posée au sol sans tranchée, constituée de trois madriers longitudinaux de 4 cm de section, placés, pour deux d’entre eux, au droit des parements et pour le troisième en position axiale. Ils étaient joints par des traverses. Il est possible que le procédé se soit inspiré de la construction des murs d’adobe où le matériau est coulé et tassé dans des caissons de bois retirés ensuite. L’occupation s’est achevée par un incendie suivi d’une destruction volontaire et d’un remblaiement de la totalité du site. Compte tenu de leur faible épaisseur, les murs ne pouvaient appartenir à une tour mais étaient plutôt ceux d’une maison dont nous n’avons, pour l’instant, qu’une seule dimension : 8 m. Le matériel céramique renvoie à la seconde moitié du xe ou au xie s. en accord avec les monnaies dont la période d’émission s’étend de 983 à 1002.

4La stratigraphie a permis de mettre en évidence la méthode de façonnement du relief préalable à la construction de l’édifice. Un important remblai était disposé en couronne au bord du site et le centre était ensuite comblé. Le même mode opératoire a été mis en œuvre pour remblayer le site après destruction, en vue, sans doute, d’une nouvelle construction bien que le site ait alors été abandonné.

5La mise en évidence, pour la troisième fois consécutive (après Niozelles état 1 et La Moutte à Valensole), d’une maison sur motte à la place d’une tour montre que le castrum s’est développé progressivement passant d’une conception proche de l’habitat paysan à celle de véritable forteresse. Ce type de motte « de première génération » correspond sans doute à ce que les chartes appellent la sala ; ce qui reste à prouver.

Allemagne-en-Provence, La Moutte. Une maison non fortifiée semble occuper la plateforme.

Allemagne-en-Provence, La Moutte. Une maison non fortifiée semble occuper la plateforme.
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Table des illustrations

Titre Allemagne-en-Provence, La Moutte. Une maison non fortifiée semble occuper la plateforme.
URL http://journals.openedition.org/archeomed/docannexe/image/48694/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 464k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Daniel Mouton, « Allemagne-en-Provence (Alpes-de-Haute-Provence). La Moutte » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 36 | 2006, mis en ligne le 15 mai 2023, consulté le 05 octobre 2024. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/48694 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.48694

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Auteur

Daniel Mouton

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Responsable d’opération

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