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AccueilNuméros36Chronique des fouilles médiévales...III. – Constructions et habitats...III 1. – Sites fouillésAuzat (Ariège). Montréal-de-Sos

Chronique des fouilles médiévales en France en 2005
III. – Constructions et habitats fortifiés
III 1. – Sites fouillés

Auzat (Ariège). Montréal-de-Sos

Responsable d’opération : Florence Guillot

Texte intégral

1La fortification de Montréal-de-Sos est située sur un promontoire rocheux calcaire dominant, de plus de 250 m, la vallée montagnarde du Vicdessos, affluent de l’Ariège. Au cœur du versant nord des Pyrénées, cet ouvrage s’inscrit dans un espace limitrophe des vallées andorranes et catalanes. Une enquête documentaire, la plus exhaustive possible, a permis, préalablement à l’enquête de terrain, de se rendre compte qu’il s’agissait d’un ouvrage majeur dans la géopolitique des comtes de Foix au xiiie s. Il formait, avec trois ou quatre autres castra, – véritables nids d’aigles éloignés du monde civil – le cœur d’un ensemble défensif stratégique imposant, véritable réseau de fortifications incluant de nombreux ouvrages en grottes. Montréal-de-Sos disparaît des chartes au cours du deuxième tiers du xive s., époque où le pouvoir comtal se désengage de ce type de forteresses jugé désuet. Le premier acte dans lequel ce castrum est mentionné date de 1213, mais le contexte documentaire du xiie s., très pauvre dans la région, ne permet pas de faire de cette date l’origine de la fortification.

2Le sommet comporte deux parties distinctes étagées, qui pourraient correspondre à un caput castri et au nord, en contrebas, à une portion villageoise enveloppante. Les vestiges de constructions sont rares ou presque entièrement arasés. Enfin, des grottes éparses sur les flancs comportent des vestiges de structures dont certaines ont déjà été fouillées. Des peintures ont été conservées sur les parois de deux baumes. Très célèbres, elles sont l’émanation d’une mystique récente liée au catharisme.

3De 2001 à 2004, des opérations de sondages puis une fouille programmée dans la partie supérieure du castrum ont montré la complexité du site tant du point de vue du bâti que de la chronologie. Outre l’occupation médiévale documentée dans les actes, apparaissent du matériel antique et quelques tessons protohistoriques dispersés. Les structures bâties mises au jour par les fouilles montrent un arasement complet du site à la fin du xive s. ou au tout début du xve s., époque politiquement marquée par le tournant de la succession de Gaston Fébus. Les opérations archéologiques ont aussi montré la très grande diversité des techniques de construction alliant des murs aux assises irrégulières réalisés en pierre sèche à des structures massives très originales et puissantes comme le mur du donjon carré couronnant le point haut du site.

4En 2005, une opération de fouilles programmées a eu lieu dans le même secteur, notamment sur les faces extérieures NE, NO et SE de la tour maîtresse. Le bilan archéologique très riche de cette opération marque un tournant des recherches entreprises sur le site.

5La fouille complète du versant NE comportant des niveaux anthropisés de plus de 5 m de hauteur a permis de proposer le phasage des mutations architecturales et fonctionnelles du monument. Le premier ouvrage, fortification antérieure au début du xiiie s., apparaît être un castrum dont le donjon fut érigé à la périphérie d’un plateau, sur un tertre qui constitue la première « motte » repérée en haute vallée de l’Ariège. Cette grosse tour était l’élément fort défendant l’accès à la basse-cour. La fortification apparaît d’emblée comme particulièrement soignée, dotée d’un système défensif savant, ce qui suggère une hiérarchie au sein des ouvrages comtaux, entre grottes fortifiées, petits postes avancés et châteaux majeurs comme Montréal-de-Sos.

6En outre, un quartier dense se développa à partir de la tour maîtresse au cours du xiiie s. montrant que l’investissement initial se poursuivit durant au moins un siècle. Ce module bâti pose d’intéressantes questions relatives aux fonctions, aux usages des espaces et à leurs transformations.

7La richesse du mobilier archéologique documente la vie quotidienne en montagne ariégeoise pour l’instant peu étudiée. La fouille a révélé des originalités comme l’abondance des fragments de trompes d’appel, qui devront être examinées plus avant.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Florence Guillot, « Auzat (Ariège). Montréal-de-Sos » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 36 | 2006, mis en ligne le 15 mai 2023, consulté le 15 juin 2025. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/48699 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.48699

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Auteur

Florence Guillot

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Responsable d’opération

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