1La seigneurie de Montmoyen est attestée depuis le xii^e s. En 1632, lorsque le domaine fut vendu à Antoine Coquet, il se composait de terres et d’une petite forteresse. C’est Antoine Coquet qui aurait construit l’actuel château, entre 1636 et 1647. Il le céda peu après, en 1655, à sa fille et à son gendre Antoine-Bernard de Massol.

2Le château est situé sur une falaise dominant les ruisseaux de la Digenne et du Villarnon. Il occupe une plate-forme qui domine l’espace environnant, procurant de larges échappées visuelles en particulier sur la partie basse du domaine, entre les deux versants de la vallée. Au pied de la falaise, au premier plan, se trouve une simple prairie bordée par endroits de quelques grands arbres.

3Sur la surface uniforme de cette prairie, apparaissent, à l’occasion des sécheresses estivales, des traces jaunes provoquées par une différence d’irrigation de l’herbe. Elles définissent un large cercle centré sur la façade du château et relié, par quatre allées transversales en croix, à un rectangle formant le cadre du motif. Ces traces font penser à d’anciennes allées constituant un parterre conçu pour être vu du château. La configuration des traces d’herbe sèche, qui évoque un aménagement de jardin d’inspiration classique et qui est positionnée sur le château actuel, laisse supposer que le parterre a été dessiné pendant ou peu après la construction de celui-ci, c’est-à-dire vers le milieu du xvii^e s. Son aménagement n’a été possible qu’après d’importants travaux de terrassement et la canalisation de la rivière, car il n’y avait sans doute auparavant au pied de la falaise qu’un ruisseau divisé en plusieurs bras serpentant dans un terrain marécageux.

4Le chantier archéologique avait pour but de repérer ces allées. Un décapage de la terre végétale à l’emplacement de chaque intersection révélée par les traces estivales fut entrepris à la recherche d’une couche d’aménagement de sol. Il révéla tantôt une surface caillouteuse alternant avec une terre lisse, tantôt une couche de granulat ocre. Quelques tranchées destinées à évaluer l’épaisseur de la couche de cailloux et à déterminer la stratigraphie du terrain ont aussi été ouvertes.

5Les sondages ont révélé que le sous-sol du parterre de Montmoyen recelait encore l’aménagement d’un jardin classique, contemporain du château et très bien conservé. L’ensemble est d’une parfaite homogénéité, jusqu’aux morceaux de brique et tessons de céramique des couches superficielles. Il n’a connu qu’un seul état, qui ne paraît pas avoir duré très longtemps puisque la couche de granulat d’aménagement des allées ne présente qu’une seule strate, par endroits encore très épaisse. Le jardin aurait été ensuite envahi par la prairie.

6Les sondages confirment que l’aménagement de ce jardin a nécessité des terrassements considérables. La rivière a été détournée et canalisée en deux branches, dégageant un espace qui a été rehaussé de 30 cm au sud à 1,20 m au nord, par l’apport d’un remblai de cailloux et/ou de terre. Le niveau de cailloux a été posé pour asseoir et assécher le terrain, la nappe phréatique pouvant ainsi remonter sans que la surface du jardin soit recouverte de boue.

7Le dessin du parterre était assez simple ; il était composé d’allées géométriques découpant des compartiments plantés probablement de gazon. Il était inscrit dans un cadre qui semble avoir été légèrement trapézoïdal, selon un artifice courant dans les jardins classiques, qui visait à augmenter, par le jeu de la perspective, l’ampleur de la composition vue du château. Dans ce cadre était inscrit un cercle, relié à lui par des allées en croix. La largeur des allées était beaucoup plus importante que ne le laissaient supposer les traces d’herbe sèche : l’allée circulaire mesurait entre 3,5 m et 3,7 m de large, les allées transversales cruciformes un peu plus de 4,5 m et les allées du cadre 5,25 m en moyenne.

8Les sondages archéologiques ont révélé une pierrée traversant le terrain d’est en ouest, ce qui laissait présager la présence d’un bassin. Son emplacement a été repéré, mais il n’a pas été fouillé à cause du manque de temps et des mauvaises conditions météorologiques. Il n’était pas situé au centre de la composition qui semble avoir été laissée vide mais en dehors du cadre, près de son allée ouest. À l’opposé, le long de l’allée est, une fosse de plantation indiquait qu’il y avait eu à cet endroit un alignement d’arbres ou une haie.

9Il est apparu que les quatre quartiers situés entre le cercle central et le cadre extérieur du parterre, n’avaient pas la même stratigraphie. Le quartier NE est formé, au-dessus de la terre naturelle, d’une couche de remblai de cailloux (70 cm) puis d’une couche de terre (50 cm). Le quartier NO est constitué de la même manière (50 cm de cailloux et 30 cm de terre). Par contre, le quartier SO ne comportait pas de remblai caillouteux. Les raisons de ces différents remblaiements n’ont pu être déterminées.

Montmoyen, Château de Montmoyen. Plan du jardin d’après les résultats des sondages.

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