1La ville de Rue (Somme) est située au cœur de la région naturelle du Marquenterre, dépendante du comté de Ponthieu, qui offrait au Moyen Âge un aspect différent d’aujourd’hui. L’eau y était plus présente car la mise en valeur par drainage des marais semble assez tardive dans le Moyen Âge. Les textes montrent une forte activité essentiellement au xiii^e s. ; la ville fut un port de mer prospère jusqu’au xiv^e s. et une place fortifiée.

2La parcelle concernée par le diagnostic se situe au NE de la ville, à l’emplacement de l’ancienne enceinte urbaine, démantelée en 1670 sur ordre de Colbert. Le diagnostic a concerné le bastion Saint-Jean et le bastion détaché. Il a permis de fournir des informations concernant la nature et l’emplacement des anciennes fortifications de Rue.

3Le bastion détaché reste visible sous la forme d’une éminence de terre au milieu du méandre de la rivière Maye. Les tranchées de diagnostic réalisées à cet endroit ont montré l’absence de constructions maçonnées. Elles confirment les observations de l’étude documentaire dans le sens où ce bastion détaché apparaît comme un ouvrage de terre constitué d’apports successifs de remblais. Les tranchées réalisées au niveau supposé du bastion Saint-Jean ont révélé la présence de substructions maçonnées. Leur état de conservation est très variable d’un mètre à l’autre en raison des importants travaux de démantèlement du xvii^e s. Il est difficile de restituer le tracé de l’ouvrage à partir des seuls sondages, en raison de l’importance des tranchées de démolition et de récupération.

4La chronologie du site reste mal établie faute de données documentaires sur la génèse de l’enceinte urbaine. Il est fort probable que la ville, à l’époque médiévale, était entourée de remparts, mais les gravures représentant la ville de Rue datent, pour les plus anciennes, du début du xvii^e s., elles montrent l’état de l’enceinte urbaine sous sa forme bastionnée.

5Le diagnostic n’a pas livré suffisamment de mobilier archéologique pour permettre d’affiner cette chronologie. La céramique associée au bastion Saint-Jean est globalement datable de la période du bas Moyen Âge (xiv^e-xv^e s.) et le mobilier céramique provenant des fossés situés entre le bastion Saint-Jean et le bastion détaché, se rattache à la période moderne (xvi^e-xviii^e s.).