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Chronique des fouilles médiévales en France en 2004
II. – Constructions et habitats ecclésiastiques
II 1. – Sites fouillés

Lisieux (Calvados). Palais de Justice, tribunal de grande instance

Responsable d’opération : Gaël Carré

Texte intégral

1Le palais de justice, contigu au flanc nord de la cathédrale Saint-Pierre, occupe l’emplacement de l’ancien évêché. Au vu des quelques vestiges médiévaux avérés et déjà mentionnés par Arcisse de Caumont, la réalisation d’une opération de diagnostic du bâti s’est imposée. L’étude s’est principalement concentrée sur la reconnaissance non exhaustive du mur de refend longitudinal implanté parallèlement à la cathédrale et englobé dans deux grands corps de bâtiments. L’analyse des élévations, facilitée par une série de sondages pratiqués dans les revêtements modernes, a révélé dans la moitié supérieure des parois l’existence de plusieurs aménagements médiévaux. L’élément le plus ancien encore identifiable correspond à une baie dont la forme signale le xiie s. ; elle appartient, à l’évidence, au complexe palatial roman. Sa disposition indique que le parement sud du mur était libre de constructions, ou pour le moins partiellement, et que le refend actuel remplissait primitivement le rôle de gouttereau méridional alors séparé de la cathédrale par une probable cour intérieure. Les principaux autres éléments remarquables consistent en une série de trois grandes arcatures ogivales, aveugles et géminées. La modénature des chapiteaux feuillagés, tout comme le dessin des remplages avec oculi et arcs trilobés, suggère une campagne de construction située dans la seconde moitié du xiiie s. L’emplacement des arcs, sommairement dégagés, suppose la poursuite du registre arcaturé plus à l’ouest sous le crépi ; il montre également que le mur s’étirait au-delà du pignon oriental actuel. En fait, il semble que l’on ait affaire à des vestiges de la chapelle épiscopale Saint-Paul, figurée sur un plan du xviiie s. et dont la destruction (1835) a été rapportée par Caumont. Cet auteur donne une brève description de l’édifice dans sa Statistique monumentale du Calvados. Outre la qualité très soignée de la sculpture, la présence de fragments d’enduits peints médiévaux et de l’époque moderne est à noter. Les restes d’un visage dans l’une des arcatures ainsi que les traces d’un décor de faux-appareil peint visible sur le parement (traits rouges sur fond ocre jaune) sont stylistiquement assez contemporains ou de peu postérieurs à la construction de la chapelle privative. En définitive, la mise au jour de ces composantes architecturales témoignent, au xiiie s., d’une phase de réaménagement assez importante du palais épiscopal roman. En parallèle, quelques sondages en sol ont été effectués dans deux caves. Ils ont mis en évidence une stratigraphie assez dense avec des niveaux antiques, médiévaux et modernes. La présence du rempart du Bas-Empire a été vraisemblablement repérée sous l’emprise du mur de refend longitudinal, une portion de la muraille servant en effet d’assise de fondation.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Gaël Carré, « Lisieux (Calvados). Palais de Justice, tribunal de grande instance » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 35 | 2005, mis en ligne le 15 juillet 2023, consulté le 21 mai 2025. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/50510 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.50510

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Auteur

Gaël Carré

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