Angers (Maine-et-Loire). Tour Saint-Aubin
Texte intégral
1À l’occasion des travaux réalisés pour le rétablissement d’un escalier extérieur menant au premier étage de la tour Saint-Aubin, plusieurs sépultures furent repérées. La fouille entreprise s’est avérée riche d’enseignements malgré une surface limitée à l’emprise bâtie, soit à peine 30 m2.
2Un tronçon de voie avec quelques traces de roulement se rattache à celle de l’Antiquité tardive déjà repérée lors des fouilles du logis Barrault (AM 32, p. 170-171). Cette voie a été identifiée comme un axe majeur de la ville, partant de la porte Hugon – entrée principale au Bas-Empire – pour se diriger vers Tours, capitale de la province.
3Aux xe-xie s., quatre niveaux successifs de sépultures se sont implantés sur cette voie qui, en quelques endroits, a été entamée. On doit rattacher cette zone funéraire au cimetière qui s’étendait sur le parvis de l’église abbatiale dont seule une croix en rappelait le souvenir à l’époque moderne. Peut-être s’agit-il de l’extension occidentale du cimetière paroissial qui fut, par la suite, limité à la proximité immédiate de l’église Saint-Michel-la-Palud fondée en 996, le long de l’église abbatiale. Cette partie du cimetière fut supprimée lorsque fut construite l’imposante tour, manifestation de la puissance féodale de l’abbé dans le 2e tiers du xiie s. Un escalier, détruit au xviiie s., scella les inhumations restantes qui furent ainsi protégées.
4La caractérisation des vingt-neuf inhumations repérées (dix sujets immatures, neuf hommes et dix femmes) correspond à la population que l’on trouve dans les cimetières paroissiaux. Une majorité d’adultes (dix sur douze observations possibles) montre d’importantes anomalies du rachis, en particulier dans la constitution du sacrum. Cette fréquence constitue un indice de parenté et permet de supposer la présence d’une cellule familiale. L’existence d’un groupe présentant de probables séquelles de pratique cavalière implique également une catégorie sociale privilégiée que confirment l’étude sanitaire, les textes et l’examen des marqueurs d’activité. L’observation de traumatismes crâniens, dont trois par armes tranchantes, renforce l’hypothèse de tombes de milieu aristocratique. Les indices convergent donc vers l’interprétation d’un espace du cimetière paroissial réservé à une famille angevine, sans doute de chevaliers.
Pour citer cet article
Référence électronique
François Comte, Véronique Gallien, « Angers (Maine-et-Loire). Tour Saint-Aubin » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 35 | 2005, mis en ligne le 15 juillet 2023, consulté le 22 juin 2025. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/51143 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.51143
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