Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). 3, rue du Général Joinville
Texte intégral
1Cette opération de fouille fait suite au diagnostic réalisé en février 2004 par G. Bruley-Chabot, qui avait confirmé la présence d’un cimetière médiéval et moderne autour de l’église Saint-Rémi. Cet édifice religieux, situé hors les murs, donna son nom à un faubourg à l’est de la ville de Saint-Denis. Plusieurs interventions archéologiques au cours de ces dernières années ont permis de collecter des informations sur l’organisation de ce faubourg (vestiges d’habitat du haut Moyen Âge, présence d’un fossé défensif post-médiéval), mais aucune observation n’avait été menée à ce jour sur l’église et son cimetière.
2La première mention de la chapelle Saint-Rémi est fournie par un diplôme de Charles III le Simple daté du 8 février 898. Le document ne précise pas le rôle de l’église, qui a pu être funéraire ou paroissiale. L’édifice a fait l’objet de plusieurs reconstructions, notamment en 1590, après les Guerres de Religion. D’après un document de 1721, il est de plan rectangulaire et placé dans l’emprise du cimetière à proximité d’une entrée située au sud.
3La parcelle concernée par un projet immobilier se situe au cœur de la zone funéraire et au sud de l’église. Elle présente une surface de 376 m2 dont la moitié environ a fait l’objet d’une fouille exhaustive. Lors de cette intervention, cent vingt-six sépultures ont été repérées. Les structures les plus anciennes datent du viie s., ce qui confirme l’origine mérovingienne du faubourg et de son lieu de culte. Cette première phase d’inhumation se caractérise par la présence de vingt-deux sarcophages en plâtre de plan rectangulaire ou trapézoïdal, concentrés au nord de la surface de fouille, ce qui a permis de reconnaître la limite sud de la zone funéraire mérovingienne. Malgré les perturbations générées par les fosses des inhumations postérieures, nous avons pu déterminer que la grande majorité des cuves présentait des panneaux de tête et de pied décorés à l’extérieur mais aussi à l’intérieur dans quelques cas. Seules cinq d’entre elles ont livré des individus. Il s’agit d’adultes reposant sur le dos avec les membres inférieurs en extension et les membres supérieurs en semi-flexion ou en extension. Aucun mobilier funéraire n’a été retrouvé dans ces tombes.
4Le cimetière est utilisé ensuite durant toute la période médiévale comme l’attestent plus d’une soixantaine de sépultures individuelles. La zone funéraire se superpose à la précédente et s’étend alors légèrement au sud, à l’exception d’un espace situé à l’est du site où un habitat se développe à partir du xiiie s. Un bâtiment a été partiellement fouillé. Des fondations, constituées de moellons de gypse liés au plâtre associés à des sols d’occupation, ainsi que des foyers témoignent de plusieurs phases de construction.
5La période carolingienne est représentée par des inhumations en fosses profondes, dotées, dans deux cas, d’aménagements céphaliques. Des individus placés dans les sarcophages après réduction des premiers inhumés appartiennent peut-être aussi à cette phase. Par la suite, la densité et la superposition des inhumations sont caractéristiques des cimetières du Moyen Âge et du début de la période moderne et, dans de nombreux cas, seule la présence des squelettes a permis de repérer les sépultures. Au terme de l’étude, l’analyse des inhumations permettra d’établir une chronologie relative, mais à ce jour seule une vision globale peut être fournie.
6Les sépultures sont pour l’essentiel orientées OE avec la tête à l’ouest. Les individus reposent sur le dos avec les membres supérieurs en flexion ou semi-flexion et les membres inférieurs en extension. Ils correspondent pour un tiers à des immatures et deux tiers à des adultes. L’analyse taphonomique a permis de distinguer plusieurs modes d’inhumations : espace colmaté avec présence ou non d’un linceul, espace vide avec coffrage (attesté par des clous et parfois des pierres de calage). Aucune organisation particulière n’a été mise en évidence au sein du cimetière.
7La dernière phase d’utilisation du cimetière est marquée par plus d’une quarantaine de fosses correspondant à des inhumations multiples. Réparties sur l’ensemble de l’aire de fouille, y compris sur la zone d’habitat de la fin de la période médiévale, ces structures sont profondes et orientées selon des axes différents. Une partie d’entre elles correspond à des sépultures doubles où les corps sont disposés tête-bêche. Les autres contenaient entre trois et dix corps placés les uns sur les autres. Dans le remplissage, les squelettes en place étaient associés à des ossements en vrac ou sous forme de dépôts organisés comme ce fut le cas pour une fosse où une dizaine de crânes étaient disposés le long des parois. L’ensemble des sépultures témoigne d’un usage spécifique du cimetière bien attesté par les sources écrites. En effet, au cours du xviiie s., et jusqu’à sa suppression en 1806, il servait de lieu d’inhumation aux mendiants de la région parisienne regroupés dans une maison de répression située dans le centre urbain.
Table des illustrations
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Titre | Saint-Denis, 3, rue du Général Joinville. |
URL | http://journals.openedition.org/archeomed/docannexe/image/51293/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 290k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Jean-François Goret, « Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). 3, rue du Général Joinville » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 35 | 2005, mis en ligne le 15 juillet 2023, consulté le 08 juillet 2025. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/51293 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.51293
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