Largentière (Ardèche). Sous le château
Texte intégral
1L’étude des mines médiévales de Largentière a débuté par des opérations de prospections menées sur les communes de Largentière, Montréal, Chassiers et Tauriers. À partir de l’inventaire ainsi constitué, les opérations archéologiques se sont centrées, depuis trois campagnes, sur les sites immédiatement associés au château de Largentière.
2Au-dessus du château s’ouvre dans la falaise qui le surplombe, la Baume de Viviers, en partie étudiée en 1998. Il s’agit d’une exploitation par grandes chambres et piliers résiduels ; ce chantier, très caractéristique de cette technique, a conservé des traces très nettes des méthodes d’abattage. L’étude n’a pas été achevée en raison de la présence, au fond de la dernière salle, d’une nappe d’eau qu’il faudrait franchir sur un canot pneumatique. Ce travail reste à faire.
3Au-dessous du château, dans la falaise qui domine le cours de la Ligne, plusieurs entrées de galeries ont été inventoriées. L’entrée LAR 96-2 a fait l’objet de plusieurs interventions archéologiques car on y observe un petit réseau pénétrable sur près de 40 m de longueur et 15 m de hauteur, qui témoigne d’une exploitation par dépilages de minéralisations de faille, et quelques aménagements intérieurs : plancher, murettes de stériles, souci de la gestion de l’espace, etc.
4Au cours de la campagne 2004, le travail de relevé de toutes les encoches visibles en parois a été poursuivi, travail long et minutieux dont les données sont en cours de traitement afin de restituer, virtuellement, des niveaux de circulation, de travail, des aménagements, etc.
5La reprise du pompage a permis d’abaisser le niveau de l’eau en-dessous d’un plancher en place et de faire une petite fouille dans la partie inférieure du dépilage en arrière de ce même plancher. La baisse du niveau d’eau a aussi permis de mieux étudier le front de taille qui apparaissait seulement en 2003. Les mineurs ont utilisé le pic ou la pointerolle pour extraire le minerai (PbAg), mais ont aussi eu recours à l’abattage par le feu.
6Le plancher a été entièrement démonté et prélevé. Les bois sont en cours de datation. Son mode d’assemblage était rudimentaire : deux rondins servaient d’étais, placés perpendiculairement à l’axe du dépilage, calés entre les parois, dans des encoches prévues à cet effet ; les mineurs ont utilisé un même arbre pour tailler les étais. Trois branches non travaillées étaient posées sur les rondins, assez espacées les unes des autres. L’ensemble était recouvert de lauzes disposées, cette fois, de façon jointive. Malgré cette fragilité apparente, le plancher supportait un poids élevé, du fait du pavement de lauzes, du passage des hommes chargés et du stockage des stériles. Dans sa conception et son fonctionnement, ce plancher est en tout point identique à ceux du xiiie s. trouvés sur le site de Brandes (Huez-Isère). Une murette de stériles était à l’aplomb du plancher, dans un renfoncement de la roche. Il aurait été intéressant de démonter cet amas afin de retrouver d’éventuels outils cassés et jetés, mais les conditions d’intervention n’étaient pas optimales et ce travail a été remis à plus tard.
7Parallèlement à l’étude du chantier LAR 96-02, une nouvelle visite a été faite sur l’ensemble des ouvertures encore visibles dans la falaise. Elle a confirmé qu’il s’agissait bien d’entrées de mines, mais dont l’exploration nécessitait un travail de désobstruction au préalable.
8Aucune programmation nouvelle n’est prévue en 2005, mais il reste à étudier le puits du château et à achever l’étude du site de la Baume de Viviers. Ce travail pourrait se faire en 2006.
Pour citer cet article
Référence électronique
Marie-Christine Bailly-Maître, Thierry Gonon, « Largentière (Ardèche). Sous le château » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 35 | 2005, mis en ligne le 15 juillet 2023, consulté le 08 novembre 2025. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/51400 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.51400
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