Drouille (Creuse). Saint-Éloi
Texte intégral
1La fouille avait pour objectif l’étude de structures construites révélées lors d’un sondage. Les vestiges mobiliers et architecturaux mis au jour suggéraient la présence d’un habitat et peut-être l’implantation d’un édifice religieux évoqué dans les sources documentaires. L’existence de constructions à caractère civil a été confirmée, mais non les traces d’une église. La fouille, conduite sur 450 m2, permet de distinguer deux ensembles principaux, superposés, correspondant à deux périodes d’occupation du site.
2À la première période connue d’occupation correspond une batterie de silos associée à des trous de poteau sur une aire de 50 m2 au sud de la zone fouillée. À l’ouest, trois autres silos ont été reconnus. Ces structures révèlent des états successifs matérialisés en particulier par des recoupements accidentels. Les structures bâties sont peu perceptibles : trous de poteau essentiellement. La présence de vestiges d’activités métallurgiques semble associer la présence d’un habitat à caractère agricole et celle d’un lieu d’activité autour de l’exploitation du fer. Le mobilier céramique recueilli, pichets à lèvres à bord en bandeau, à fonds plats, associé à des oules globulaires aux lèvres larges et concaves et parfois éversées, à fond lenticulaire, relie les vestiges fouillés aux habitats reconnus depuis trois décennies dans la région et caractérisés par des constructions légères, des silos à grains.
3À la seconde période d’occupation, des constructions en dur, fossilisant les structures antérieures, sont édifiées autour d’un aménagement central associant deux bâtiments qui déterminent un quadrilatère de 8 x 13 m orienté strictement NS. À l’ouest, un autre bâtiment est construit en appui sur les deux précédents. À l’est, un four est inclus dans un bâtiment postérieur accolé. Plusieurs traits sont communs à l’ensemble des constructions : absence de fondations, creusement du substrat rocheux, murs doublement parementés à moellons bien assemblés. Des aménagements traduisent la présence d’une demeure liée à un statut social supérieur : blocs taillés (moulures, chanfreins, cintres, corniches…), sols pavés de tommettes, hotte de cheminée, toits couverts de tuiles courbes. La céramique découverte confirme la continuité dans l’occupation du site : vases à lèvres larges et concaves, lèvres éversées ; lèvres à bord en bandeau. Cette seconde période d’occupation traduit une priorité apparente donnée à la fonction résidentielle plutôt qu’à la fonction agricole et artisanale. La durée d’occupation de cet habitat paraît brève, du xiie à la charnière des xiiie-xive s.
4Il apparaît donc que le site de Drouilles révèle des témoignages traduisant sans grand hiatus chronologique le passage sur une même aire d’un habitat à caractère agricole typique de la fin des temps carolingiens et du début des temps féodaux (une villa ?) à ce que nous proposons d’interpréter comme une résidence à caractère seigneurial. La poursuite de la fouille par un élargissement à l’ouest de la zone explorée, où se développe une vaste plate-forme naturelle à mi-versant, pourrait contribuer à une meilleure définition des fonctions du site.
Pour citer cet article
Référence électronique
Serge Gady, « Drouille (Creuse). Saint-Éloi » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 34 | 2004, mis en ligne le 15 septembre 2023, consulté le 11 juillet 2025. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/51795 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.51795
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