1L’intervention correspond à une opération de suivi archéologique accompagnant des travaux de démolition et de reconstruction de logements collectifs et locatifs. Le terrain, localisé dans l’ancienne zone basse de la vallée du Croult, se situe à une dizaine de mètres de la rivière du Rouillon, à l’extérieur de l’enceinte médiévale et moderne de la ville. Sur les plans terriers du xviii^e s., la parcelle, correspondant au toponyme du « Clos de l’Infirmerie », se trouve au débouché du « pont de pierre ». Fréquemment cité à partir du xiv^e s., dans les archives de l’abbaye de Saint-Denis, les documents mentionnent la proximité de la « Grange de l’Infirmerie » ou de « l’Enfermerie », représentée sur deux sources iconographiques, en 1575 et 1605. En 1625, l’historien Jacques Doublet, dans son histoire de l’abbaye, donne des précisions sur cet édifice : « (…) pont de la maison de l’infirmerie, ainsi nommée d’autant qu’elle appartient aux religieux infirmiers, en laquelle les religieux relevant de la maladie allaient prendre l’air (…) ».

2À l’emplacement des caves et des fondations des immeubles de la Cité Chantilly, les sondages ont rapidement montré que rien ne subsistait des niveaux antérieurs à 1960. Les secteurs périphériques ont livré des structures appartenant à différentes périodes, dont une fosse protohistorique, des fossés du Moyen Âge et une partie d’un étang de la fin du xviii^e s. et du début du xix^e s., comportant des aménagements particuliers constitués de fossés peu profonds ayant pu servir à la culture en eau de plantes telles que du cresson ou du jonc.

3L’occupation médiévale se résume à la présence de structures fossoyées. Pour le haut Moyen Âge, elles délimitent un terrain voué à l’agriculture, entre le ix^e s. et le xi^e s., où la faible quantité de mobilier témoigne de l’absence d’habitat à proximité immédiate. Pour le Moyen Âge, il s’agit d’un fossé en eau d’une largeur de 9 m et d’une profondeur d’environ 2 m formant un enclos interrompu au sud. La présence de l’étang creusé au xviii^e s. ne permet pas d’en connaître les forme et taille exactes. Le mobilier découvert dans les différents remplissages montre qu’il était en fonction entre la fin du xii^e s. et le début du xvii^e s., date à laquelle il est définitivement comblé et le terrain à nouveau mis en culture.

4La diversité du mobilier, le comblement d’une partie du fossé par des éléments de démolition provenant de l’enclos et leur abondance dans les niveaux à proximité pourraient témoigner de la présence d’un bâtiment. L’absence de vestiges en places, notamment dans la partie centrale détruite par les immeubles, empêche la détermination de la nature exacte du site. Néanmoins, les sources historiques et les données archéologiques laissent penser, comme le proposait déjà Pierre Giraud, que le site correspondrait à un habitat médiéval clos par un important fossé en eau et qu’il pourrait s’agir de « l’infirmerie de l’abbaye ».