Thionville (Moselle). Opération « Charles Quint », 24-26 rue de la « Vieille Porte »
Texte intégral
1Une fouille préventive s’est déroulée dans le cadre de la revalorisation d’un cœur d’îlot de Thionville sur une emprise d’une superficie de 942 m2, bordée au nord par la rue de la « Vieille Porte », localisée dans un îlot au NE de la ville médiévale et enclose par l’enceinte du bas Moyen Âge. Le sous-sol y est composé d’une alternance de couches de limon sableux et de gravier, déposées lors de débordements successifs de la Moselle.
2Plusieurs phases d’occupation ont été mises en évidence. Appartenant au haut Moyen Âge, sept cabanes excavées ont été mises au jour. Les données archéologiques illustrent ainsi la première mention historique de Thionville, en 753, sous le vocable de Theodonis villa. Ces petits édifices sont situés à la marge ouest du site, à l’exception d’un, isolé au SE. Ils ont tendance à se concentrer dans le secteur NO. Aucun bâtiment de plain-pied et sur poteaux n’a été reconnu pour cette phase.
3Du bas Moyen Âge sont conservés les vestiges d’un bâtiment maçonné localisé au SE du site. Bien qu’il s’étende au-delà de la limite est de l’emprise de fouille, l’axe longitudinal du bâtiment épouse l’orientation NO-SE, approximativement parallèle à la rue de la « Vieille porte ». La seule pièce conservée mesure 7,75 minimum x 4 m, ce qui donne une superficie minimale de 31 m2. Elle est dotée d’un terrazzo à base de tuileau de bonne qualité. Les murs, conservés sur quelques assises de moellons en calcaire jaune ou gris, liés au mortier, renferment des éléments architectoniques et des fragments de terrazzo au tuileau en remploi, qui contribuent à créer un appareil irrégulier. Leur largeur atteint en moyenne 0,33 m. Le parement interne d’un mur a conservé les restes d’un enduit à base de chaux. Cependant, cette pièce a été endommagée par des aménagements plus récents tels que l’installation d’une fosse-latrines au xviiie s. Parmi les fosses d’aisance attribuées à la phase médiévale, l’une est maçonnée à l’aide de gros fragments de tegulae récupérés et assisés, présente au moins deux phases d’utilisation.
4À la fin du Moyen Âge et à l’aube du xvie s., une activité d’extraction de matériau, vraisemblablement destiné à une campagne de construction, a laissé pour seules traces de grandes fosses qui se recoupent et se concentrent en grappes en bordure est du site. Le comblement d’abandon de ces excavations, assez stérile, n’a fourni que quelques tessons de gobelets en verre de cette époque charnière.
5Pour les Temps modernes, le fond d’une fosse d’aisance ou d’une fosse ayant servi de dépotoir en pleine terre peut être attribué au xvie s. ; elle est comblée avec du mobilier en céramique, en verre et des ossements animaux ; dans le secteur ouest, une grande fosse ovale, à profil en légère cuvette et en escalier, orientée NE-SO, se distingue par la présence de deux planches parallèles en bois (0,10 à 0,17 m de large), posées à plat, transversalement au fond de la fosse et distantes entre elles de 1 à 1,20 m. L’excavation est comblée au cours des xvie-xviie s., à l’aide de plusieurs couches de remblais dont certaines renferment des rebuts de poterie culinaire, de nombreux fragments de carreaux de poêle et de briques. Par ailleurs, un foyer aménagé et accolé à une structure semi-circulaire maçonnée a été mis au jour au SE du site.
6Au xviiie s., le secteur est occupé par des bâtiments dont il ne reste que les caves. L’une d’entre elles, localisée au milieu du site, est accessible par un escalier situé dans l’angle SE. Plusieurs phases d’aménagement ont été observées pour les murs et les sols. Des fosses-latrines, localisées en limite est du site, ont été partiellement fouillées mais leur relation avec le bâti contemporain est plus difficile à reconnaître. Ces structures sont maçonnées et l’une d’entre elles présente un enduit de mortier rose à base de tuileau sur le parement intérieur de la fosse. Abandonnées, caves et latrines ont été comblées à la fin du siècle, voire à la charnière des xviiie et xixe s.
7Des empreintes de trous de poteaux isolées, des fosses, des murs de parcellaire et un four en briques, mis au jour dans un sondage de diagnostic, ne peuvent être rattachés à l’une de ces phases chronologiques faute d’éléments de datation.
Pour citer cet article
Référence électronique
Renée Lansival, « Thionville (Moselle). Opération « Charles Quint », 24-26 rue de la « Vieille Porte » » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 34 | 2004, mis en ligne le 15 septembre 2023, consulté le 19 juillet 2025. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/52025 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.52025
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