1La réhabilitation de six bâtiments traditionnels du vieux village de Tremblay-en-France a permis une surveillance archéologique sur trois d’entre eux. Cette opération n’a concerné que des élévations.

2Au 55-57, route de Roissy, le bâtiment est une maison locative typique de l’habitat villageois du xix^e s., située à la sortie nord du village au sein d’un alignement de bâtiments mitoyens. Dans son état le plus récent, il correspondait à deux habitations. La charpente actuelle est constituée de chevrons reposant directement sur la corniche. Une ferme de charpente en chêne est englobée dans le mur de refend intérieur. Elle montre que la maison a subi une importante réfection, datée par une monnaie, émise en 1855, découverte dans une des cloisons de l’étage. Cette ferme correspondait à une couverture réservant un vaste espace sous les combles. Son inclinaison est d’environ 40°. Les pièces de charpente, équarries à la hache, sont de bois de brin et les assemblages sont à tenons et mortaises chevillés. La ferme est constituée de deux arbalétriers liés à un entrait. Pour éviter le fléchissement des arbalétriers, un entrait retroussé est placé en renfort. Le poinçon ne porte pas de charge, il est présent pour réaliser des assemblages : ses deux faces axiales montrent des mortaises correspondant aux liens reliant le poinçon à la panne faîtière. Pour empêcher les pannes de glisser, des échantignoles sont liées aux arbalétriers. Il est difficile de proposer une datation pour la ferme ; en l’absence de texte, l’étude s’est faite uniquement par l’observation et des prélèvements en vue d’une étude dendrochronologique ont été effectués.

3Au 8, rue des Fossés, le bâtiment est une maison paysanne basse du xix^e s., avec un étage sous comble. Le mur gouttereau nord borde la rue des Fossés, tandis que le mur sud donne sur un jardin. Le bâtiment, orienté E-O, est divisé en trois volumes principaux par deux murs de refend et le mur pignon ouest est mitoyen. Dans son état le plus récent, la maison dispose de deux accès sur le jardin et d’un seul sur la rue des Fossés, à l’ouest. Les enduits extérieurs sont de « plâtre gros ». Les murs gouttereaux sont épais de 0,50 m, tandis que les pignons et les refends comptent 0,30 à 0,50 m d’épaisseur. L’arase supérieure du mur ­gouttereau nord est décorée d’une corniche moulurée composée de trois motifs différents ; le gouttereau sud ne présente qu’une seule corniche plate. Une niche se trouve au milieu du gouttereau nord : une Vierge assurant la protection des habitants, assez classique dans ce type d’habitat. Entièrement construite en plâtre, son installation coupe la corniche et vient combler une ancienne fenêtre ; l’effigie a disparu. Les ouvertures sont nombreuses : vingt-cinq au total, dont beaucoup ont subi des remaniements ou des bouchages. Elles ne paraissent pas stéréotypées. Les piédroits sont soignés, maçonnés et enduits de plâtre. De façon quasi systématique, des tuiles sont disposées horizontalement, à l’emplacement des gonds ; ce système de fixation des gonds en fer est attesté dans l’architecture vernaculaire en plâtre dès le xv^e s. Les bouchages des portes et des fenêtres sont constitués d’un blocage hétérogène contenant des moellons de plâtre et de gypse, plus rarement du calcaire et des tuiles. Un pigeonnier se trouve dans la partie est des combles. Les boulins sont constitués de casiers de tuiles liées au plâtre ; on y accédait par une trappe. Sur le pignon est, une petite ouverture permet le passage des pigeons. Sa présence explique que cette partie du bâtiment n’a pas été rehaussée, alors que les deux pièces ouest de l’étage l’ont été de 0,50 m. La cheminée du pignon ouest se trouve au rez-de-chaussée, sur le côté sud du mur. De son premier état, il ne subsiste que le contrecœur de tuiles liées au plâtre posées horizontalement sur une longueur de 1,25 m et 0,60 m de haut. Cette cheminée a été agrandie dans un second temps et son conduit décalé vers le nord ; les traces des hottes ont été observées. La réfection de la cheminée n’a eu lieu qu’au rez-de-chaussée ; à l’étage, le conduit n’a visiblement pas subi de modifications : il était chaîné au mur avec des métapodes de bœuf et de cheval. Une cave est située sous la partie ouest de la maison, divisée en trois pièces. L’ensemble est voûté en plein cintre, et la voûte construite en pierre et plâtre sur un coffrage. Le parement est constitué de moellons de gypse liés au plâtre. La cave comptait au moins deux soupiraux. L’accès observé est constitué d’un escalier de huit marches construites en maçonnerie de plâtre coffré avec armature des avant-marches en bois qui correspond à un réaménagement, l’accès primitif étant situé plus à l’est.

4Au 17, rue de la Mairie, le bâtiment appartient à une grande ferme, avec bâtiments d’habitation, bâtiments agricoles et hangars disposés en U autour d’une cour pavée. Ils ont été construits en plusieurs temps à partir du xviii^e s. Le mur gouttereau sud borde la rue de la Mairie, tandis que le mur gouttereau nord communique avec la cour de ferme. Le pignon ouest, restauré avant l’opération, se situe au niveau de l’entrée charretière. Le bâtiment comporte un étage, des combles et une petite cave. Deux escaliers donnent accès à l’étage ; l’un, central, mène du rez-de-chaussée aux combles et communique avec la cour. Il n’a pas subi de réfection et fonctionne avec une cage d’escalier en pans de bois hourdi de plâtre. L’autre donne accès à la rue et appartient au dernier état du bâtiment ; son installation a nécessité l’obturation d’une porte. Un four à pain est partiellement conservé dans un mur de refend. Sa gueule, composée d’une voûte maçonnée avec des tuiles posées de chant et liée au plâtre, possède un voûtement constitué de tuiles liées au limon et disposées de chant en arrête de poisson. Cette maçonnerie succède à une cheminée dont une partie du contrecœur est conservée. À l’étage et dans les combles, des graffitis finement incisés sur les enduits de plâtre sont un témoignage des activités. La plupart sont destinés à marquer le passage de leur auteur dans le lieu, et les figures sont essentiellement ludiques. Les plus anciens datent de la fin du xviii^e s. (1780), la majorité d’entre eux inscrits dans le courant du xix^e s. Quelques thèmes reviennent régulièrement : inscriptions, dédicaces, souvent illisibles, graffitis anthropomorphes (visages et personnages), géométriques (rosaces, traits irréguliers, étoiles), motifs ayant trait à la vie quotidienne (maisons, moulins, clochers, potence équipée d’une poulie pour hisser les sacs de grain, bateaux ; plusieurs sont des signes liés au travail de la ferme : des séries d’additions, de traits verticaux ayant pu servir à comptabiliser les sacs de grains entreposés. Le toit en bâtière à forte pente (40-45°) est couvert, au sud, de tuiles plates anciennes dont certaines sont vernissées. La charpente est en chêne, les fermes sont formées par deux arbalétriers reposant sur des blochets et liés entre eux par un entrait retroussé. L’assemblage aux entraits est indirect : les blochets, qui reçoivent les arbalétriers, sont cloués sur les solives, elles-mêmes fixées aux poutres transversales formant entrait. Cette disposition pose des problèmes de stabilité en favorisant l’écartement des arbalétriers. Le plancher, formé d’une dalle de plâtre, repose sur les poutres servant d’entraits. Les pièces de charpente sont en bois de brin assemblés par tenons et mortaises. Les arbalétriers sont liés au faux poinçon duquel partent deux liens servant à renforcer la panne faîtière. Le faux poinçon est également assemblé à l’entrait retroussé. Les assemblages sont à tenons et mortaises chevillés, sauf pour la panne faîtière assemblée à mi-bois, ainsi que pour les pannes de la pièce est. Le poinçon n’est pas assemblé à la poutre faîtière par un assemblage à mi-bois ; les deux pièces sont superposées. Des prélèvements systématiques ont été effectués dans les différentes pièces des fermes pour une étude dendrochronologique.

Tremblay-en-France, Vieux village, 55-57, Route de Roissy, élévation du refend.

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