Orléans (Loiret). Crypte de l’église Saint-Aignan
Texte intégral
1Bénéficiant de la découverte des chapiteaux de la salle centrale en 1953, le Dr Lesueur obtint des crédits pour la réalisation de plusieurs sondages dans et autour de la crypte de Saint-Aignan d’Orléans (Bulletin monumental, t. 115, 1957, p. 169-206). Certains de ces sondages n’ayant pas été rebouchés, la poursuite de l’analyse de l’édifice, reprise depuis 1997 à l’occasion de travaux universitaires, offrait donc un avantage certain dans la section orientale de l’ancien couloir d’accès sud (environ 10 m). On pouvait en effet facilement y faire la relation entre les élévations et le sous-sol. L’opération d’octobre 2003, qui visait à affiner la chronologie relative de cette partie de la crypte, a donc été organisée conjointement avec Chantal Arnaud pour le nettoyage du sondage. Le couloir a été aménagé sur un espace occupé par plusieurs constructions dont on ignore l’état et les fonctions lors de la mise en chantier de la collégiale, à l’initiative de Robert le Pieux, durant le premier tiers du xie s. La première phase de travaux correspond à la construction de la salle occidentale – le martyrium – et du mur nord du couloir sur une longueur de 9,30 m. À cet endroit, la maçonnerie, caractéristique par l’emploi d’un appareil allongé, présente un retour vers le sud et s’accole à un mur antérieur d’axe E-O. Dans la partie orientale du couloir, les puissantes fondations ont été bâties sur le sol naturel et la tranchée remblayée progressivement. Dans la partie occidentale, on remarque que les fondations sont situées à un niveau supérieur conditionné par la présence de structures antérieures. Dans les deux cas, il faut remarquer que le soin porté aux fondations visait à assurer la meilleure stabilité possible à un monument auquel le contrebutement naturel au sud faisait défaut depuis toujours en raison de la déclivité du coteau. La pile appareillée située à l’angle SE du couloir et l’arc fourré qu’elle supporte ont été mis en place dans un deuxième temps. Alignée avec le bras sud du transept, l’entrée du couloir s’appuie en effet sur un radier butant contre la fondation du mur nord mais également sur une stratigraphie postérieure à cette fondation. Dès lors, il convient de savoir si le transept était prévu à l’origine ou si on a ici la preuve d’un repentir. Quoi qu’il en soit, c’est seulement dans une troisième phase que le reste du mur sud fut construit puisque cette maçonnerie de moellons vient buter contre la pile d’entrée. Un sondage pratiqué par Lesueur à la jonction de ces deux structures a également révélé la présence de l’arrière d’un parement plaqué lui aussi à la pile mais néanmoins antérieur au mur de moellons. Ce dernier, très peu fondé, repose sur les remblais de fondation du mur nord. Par ailleurs, plusieurs maçonneries antérieures situées dans le couloir et sous le mur sud incitent là encore à s’interroger sur le choix, l’état du site et la chronologie du chantier dans le premier tiers du xie s., ce qui implique également d’appréhender les fonctions de ces structures, le parti architectural primitif et les liens avec l’église du haut Moyen Âge. C’est donc véritablement dans la troisième phase de travaux que le couloir sud a été mis en place. Il est alors couvert par un berceau plein cintre sur une longueur de 6,50 m environ (entrée comprise) et pouvait présenter, immédiatement à l’ouest, une importante différence de niveau de voûtement – et en conséquence de hauteur de murs – à mettre en rapport avec la présence de structures maçonnées antérieures. Au-delà de cette limite, on ne sait rien pour le moment des dispositions du xie s. car les maçonneries observées au nord comme au sud appartiennent à des phases postérieures de réaménagement du couloir : abaissement du niveau de circulation dans la partie occidentale, reprises de plusieurs sections de la voûte, aménagement d’ouvertures et application d’un enduit couvrant largement les surfaces et les rendant en grande partie illisibles. En l’état actuel des recherches, il reste donc difficile de préciser la part des transformations liées à la reconstruction de la collégiale flamboyante à partir des années 1440. L’étude du sous-sol et l’analyse des élévations de l’ensemble du couloir (27 m) devraient permettre, à terme, de fournir des éléments de réponse.
Pour citer cet article
Référence électronique
Pierre Martin, « Orléans (Loiret). Crypte de l’église Saint-Aignan » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 34 | 2004, mis en ligne le 15 septembre 2023, consulté le 14 juin 2025. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/52380 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.52380
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