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Chronique des fouilles médiévales en France en 2003
II. – Constructions et habitats ecclésiastiques
II 1. – Sites fouillés

Surgères (Charente-Maritime). L’aumônerie Saint-Gilles

Responsable d’opération : Éric Normand

Texte intégral

1Le site monastique de Saint-Gilles se situe dans un des faubourgs de la ville de Surgères le long d’une route menant à Saint-Jean d’Angély. Il s’agit d’un prieuré fondé au xie s. et qui sera complété par une aumônerie dont la première mention remonte au début du siècle suivant. Les seuls témoignages de cette occupation monastique aujourd’hui disparue consistent en quelques documents d’archives épars et des vestiges architecturaux formant l’angle de l’ancien clos monastique. Un document du xviiie s. permet d’établir un plan complet du monastère, de son enclos et des restes de l’aumônerie qui était, à ce moment, abandonnée. Aujourd’hui, seul un angle de ce qui est interprété comme la grande salle des malades subsiste dans l’élévation de bâtiments plus modernes.

2Dans le cadre d’une réhabilitation patrimoniale menée par la municipalité de Surgères, propriétaire d’une parcelle, une fouille archéologique doublée d’une étude du bâti des élévations médiévales et modernes a permis de mieux comprendre l’évolution chronologique de l’occupation du site.

3En premier lieu, une grande salle d’environ 34 x 11,5 m formait l’angle du clos monastique. Elle donnait sur l’extérieur de l’enclos et sur une voie ancienne orientée NS grâce à une porte décorée de claveaux à motifs floraux. Le volume intérieur paraît être unique même si des subdivisions sont possibles laissant envisager la présence d’une chapelle à une de ses extrémités. Cette grande salle était accompagnée au sud et au-delà d’une cour intérieure d’un bâtiment de même époque, à peine entrevu au cours de cette campagne.

4Au cours du xive s., le site est fortifié en raison de sa position stratégique face au château de Surgères qui fera d’ailleurs l’objet de plusieurs sièges. Les ouvertures sont soigneusement obturées et un angle de la grande salle est complété par l’érection d’une tour. Le site paraît d’ailleurs subir les outrages d’un incendie.

5À la fin de la Guerre de Cent Ans, soit vers le xve s., le site fait l’objet d’une réorganisation complète qui modifie le plan de circulation intérieur de l’aumônerie. Les accès extérieurs étant bouchés, l’entrée de l’aumônerie se fait par la porterie du prieuré et ­l’accès à la grande salle est précédé d’une pièce nouvelle qui sert apparemment de réfectoire. Cette dernière est couplée d’un autre espace qui pourrait être interprété comme des cuisines. L’intérieur de la grande salle est également modifié par l’apparition de nouveaux volumes intérieurs à son extrémité occidentale.

6Au moment du transfert du site aux frères Minimes au début du xviie s., le site hospitalier doit être abandonné et fait l’objet d’une démolition partielle pour laisser la place à des communs toujours mis en liaison avec l’espace monastique.

7De nombreux restes alimentaires découverts dans les niveaux du bas Moyen Âge et du début de l’époque moderne vont permettre de connaître le régime alimentaire des pensionnaires de cette aumônerie : les tamisages de prélèvements systématiques des niveaux d’occupation vont compléter l’étude de la macro-faune par l’apport de micro-restes comme des coquilles d’œufs, de vertèbres de poissons…

8Plusieurs témoignages de pèlerinages (coquilles Saint-Jacques, bourdonnets, enseignes...) montrent un aspect inédit de cette aumônerie dont la vocation première était plutôt l’accueil des pauvres et des infirmes. Un pèlerinage local est envisageable grâce à la découverte d’un moule d’enseigne de pèlerinage.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Éric Normand, « Surgères (Charente-Maritime). L’aumônerie Saint-Gilles » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 34 | 2004, mis en ligne le 15 septembre 2023, consulté le 21 mai 2025. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/52480 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.52480

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