Auzat (Ariège). Montréal-de-Sos
Texte intégral
1La fortification de Montréal-de-Sos est située sur un promontoire rocheux calcaire dominant un bassin d’habitat de la vallée montagnarde du Vicdessos, affluent de l’Ariège. Au cœur du versant nord des Pyrénées, cet ouvrage s’inscrit à l’amont des zones habitées, dans un espace limitrophe des vallées andorranes et catalanes. Une enquête documentaire, a permis préalablement au travail de terrain de se rendre compte qu’il s’agissait d’un ouvrage majeur dans la géopolitique des comtes de Foix au xiiie s. Il formait – avec 3 ou 4 autres castra, véritables nids d’aigles – le cœur d’un ensemble défensif stratégique imposant. Montréal-de-Sos disparaît des chartes au cours du deuxième tiers du xive s., époque de désengagement du pouvoir comtal de ce type de forteresses désuètes. Le premier acte dans lequel ce castrum est mentionné date de 1213, mais le contexte documentaire du xiie s. très pauvre dans la région, ne permet pas de faire de cette date une période d’origine.
2Le sommet du promontoire comporte deux parties distinctes, étagées, qui pourraient correspondre à une portion villageoise – sous-jacente et enveloppante au nord – et à un caput castri. Les vestiges de constructions sont rares ou presque entièrement arasés. Enfin, des grottes éparses sur les flancs comportent des vestiges de structures dont certaines ont été déjà fouillées. Des peintures liées au catharisme ont été conservées sur les parois de deux baumes.
3En 2001 et en 2002, des sondages avaient permis de mieux appréhender la topographie de la partie seigneuriale et de mettre en évidence deux données fondamentales dans l’histoire du castrum : son arasement volontaire et rapide au xive s. et dans le mobilier, des éléments antiques assez nombreux mais résiduels dans des niveaux perturbés (fourchette chronologique allant du ier s. av. J.-C. au début du iie s. ap. J.-C.).
4En 2003, la fin du débroussaillage du site a permis de préciser les limites NE de la portion villageoise du castrum en dégageant un pan de mur important, enceinte construite directement au-dessus du vide.
5L’opération de sondages en 2003 s’est attachée à un dégagement sur les faces externes NE et SE du donjon limité à des niveaux perturbés. Néanmoins, il a permis d’atteindre une unité qui semble être le dernier niveau d’occupation au xive s. L’analyse du matériel permet de placer cette occupation dans la seconde moitié du xive s., ce qui relativise la chronologie de l’abandon du glacis des grandes fortifications comtales fuxéennes qui aurait eu lieu dans un temps plus long que la documentation écrite ne le laissait entrevoir. L’insertion de cet abandon dans le très long règne de Gaston Febus est révélatrice d’une rupture définitive orchestrée par ce comte.
6L’étude du mobilier a aussi précisé nos connaissances sur la mise en place de la forteresse au Moyen Âge central. La présence d’un corpus de céramique qui pourrait être antérieur à la première apparition dans la documentation écrite du château n’est pas en soi étonnante, étant donné les lacunes de cette documentation. Il faut attendre la seconde moitié du xiie s. pour que le contrôle de la vallée soit assuré. Les anciens châteaux proches des villages sont alors abandonnés et le château de Montréal-de-Sos est construit, assumant à lui seul le contrôle de l’espace montagnard.
7La présence dans les unités supérieures, perturbées, d’une grande quantité de matériel antérieur à l’occupation médiévale conforte aussi les conclusions précédentes et les précise. La chronologie proposée (c. ier s. av.-iie s. ap. J.-C.) a été confirmée. Une plus grande concentration d’indices a été relevée à proximité du donjon. Toutefois l’absence de structures antiques et le caractère remanié des unités étudiées ne permettent absolument pas de lever le voile sur la nature de cette occupation ancienne.
8Enfin, le dégagement a permis une première étude du bâti du donjon dont les murs sont hors du commun par la qualité des matériaux employés et l’épaisseur importante du mur (1,40 m).
9Le matériel relevé a montré que la toiture du donjon était constituée de grandes ardoises quadrangulaires plutôt caractéristiques des Pyrénées centrales ou occidentales reposant sur une charpente en chêne. La présence de lentilles argileuses pourrait indiquer que ces lauzes étaient posées sur un lit d’argile ou de chaux.
10En outre, alors que l’étude des anomalies topographiques suggérait un plan du cœur du château relativement simple : un donjon quadrangulaire et un bâtiment sous-jacent, le sondage 2003 a montré que ce bâti pouvait être beaucoup plus complexe qu’il n’y paraissait. Il n’est pas possible toutefois de tirer de véritables conclusions sur la fonction et sur l’organisation de cet espace.
Pour citer cet article
Référence électronique
Florence Guillot, « Auzat (Ariège). Montréal-de-Sos » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 34 | 2004, mis en ligne le 15 septembre 2023, consulté le 14 juin 2025. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/52618 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.52618
Haut de pageDroits d’auteur
Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Haut de page