1Durant l’hiver 2016, une équipe d’archéologues du pôle archéologie préventive de Metz Métropole a étudié une surface de 300 m² dans le quartier du Haut-de-Sainte-Croix à Metz. Les recherches se sont déroulées en amont d’un projet de réaménagement de l’entrée du Musée de la Cour d’Or, dans le sous-sol de la Chapelle des Petits Carmes. Au cœur de l’oppidum des Médiomatriques, la stratigraphie avait conservé quelques traces fugaces de la fin de La Tène (des fosses, des foyers, des couches d’habitat). Des niveaux d’habitat comprenant une cave maçonnée, qui avait conservé une partie de ses enduits muraux, remontaient au Haut Empire. De puissantes fondations de pierre, installées postérieurement, ont peut-être livré la trace des thermes (dits « du Musée », « du Carmel » ou « du Nord »). Les niveaux de sols relatifs à l’Antiquité tardive et au haut Moyen Âge ont été détruits en partie lors de la construction de l’étage inférieur de la Chapelle (ca 1904). Toutefois, les structures les plus profondes ont subsisté. Des grandes fosses circulaires d’1,5 m de diamètre pour 2 m de profondeur ont été comblées entre le x^e et le xi^e s. avec du mobilier en céramique et des déchets domestiques alimentaires. La fonction initiale de ces creusements n’est pas déterminée. Entre le xiii^e et le xv^e s., 5, voire 6 habitations, ont été implantées. Les principaux vestiges étaient des sols de caves et des latrines. Ces contextes ont livré un mobilier en céramique abondant (245 NMI pour 65 profils complets dans les latrines) ainsi que de nombreux macrorestes minéralisés. Ils renfermaient par ailleurs une grande quantité de restes fauniques qui permettront de conduire une réflexion sur les habitudes alimentaires dans le quartier. Au fond d’une cave, la présence de plusieurs déchets de fabrication d’objets en matière dure animale est sans doute à mettre en relation avec une activité pratiquée dans le quartier. La découverte de deux pièces d’échec, sculptées dans des bois de cervidé, confirme la présence de cet artisanat sur le site. Les grandes structures semblaient avoir été condamnées durant le xvi^e s. Entre 1670 et 1675, la Chapelle des Petits Carmes est édifiée. Une partie des soubassements de l’édifice a pu être documentée ainsi qu’un local enterré situé sous le chœur. Par ailleurs, le suivi des travaux au rez-de-chaussée a permis de dégager les fondations du sanctuaire et de mettre en évidence le négatif du maître-autel. Ayant perdu son affectation religieuse à la Révolution, le monument est transformé en bibliothèque municipale en 1803. Près d’un siècle plus tard sous l’Annexion, les sols sont rabaissés pour augmenter la capacité de stockage. Quatre fosses communes ont alors été excavées dans les chapelles latérales et à l’entrée pour enfouir les sujets inhumés dans l’ancienne chapelle.

Metz, vue zénithale du sanctuaire de la Chapelle des Petits Carmes.

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Cl. G. Brkojewitsch