1La poursuite des recherches engagées depuis 2014 sur la formation et les transformations de la ville de Moissac, a conduit à réaliser en juillet 2016 une campagne de fouille archéologique, la première d’une opération triennale, dans le prolongement du sondage réalisé en 2015. L’opération a été effectuée à environ 100 m au sud de l’abbaye Saint-Pierre, au centre d’un îlot où plusieurs maisons ont été détruites et remplacées par un parking. La fouille d’une superficie de 42 m² a permis de mettre au jour une stratification complexe sur près de 3 m sans que le niveau naturel n’ait été atteint. Toutefois, il semble assuré que toute la séquence concernant l’occupation domestique liée à l’agglomération ait été fouillée. En effet, les niveaux et les structures les plus anciennes qui ont été mises au jour témoignent de l’aménagement d’un milieu humide, avec peut-être la construction d’une digue qui séparait, selon un axe N-S, deux espaces distincts. Ces observations bien que fragiles car effectuées à partir d’une petite fenêtre d’observation, rejoignent cependant celles faites à travers plusieurs carottages effectués dans la ville, dans le cadre de ce programme de recherche. Même si les données sont encore en cours d’analyse, il semble toutefois possible de proposer que l’agglomération de Moissac n’a été étendue au sud, en direction du Tarn, qu’à partir du xi^e-xii^e s. Avant cela, le paysage était celui d’un marais distal de la rivière qui, s’il était fréquenté, n’accueillait pas d’occupation importante. Entre le xiii^e s. et l’utilisation actuelle du parking, 7 phases ont été identifiées. La plupart avaient déjà été reconnues en 2015, mais l’opération de 2016 a toutefois permis de préciser la chronologie relative des dépôts et des structures. La séquence la plus ancienne correspond à l’installation d’un épais remblai sur lequel plusieurs structures ont été aménagées, notamment une construction sur poteau de fonction indéterminée. La datation dendrochronologique des pieux est en cours. Cette occupation est recouverte du xiii^e au xiv^e s., par une alternance de niveaux constitués par des accumulations progressives, notamment de résidus végétaux, et des épisodes de fréquentation et d’apports détritiques plus massifs d’origine anthropique, probablement des remblais. Si durant cette période l’usage de l’espace est encore difficile à reconnaître, l’analyse micromorphologique, celle des carporestes, des phytolithes, et de la paléoparasitologie permettent toutefois d’avoir une idée plus précise sur la nature de ces dépôts. L’activité dans ce secteur change à partir de la fin du xiv^e s., au moment où un sol partiellement construit est aménagé pour former une cour, ce qui implique une gestion différente des déchets au sein de la parcelle. D’après les datations fournies par l’étude de la céramique, le fonctionnement de la cour est manifestement de courte durée. Au xv^e s. d’importants remblais sont installés et la cour est reconfigurée. Par rapport à l’opération de 2015, il apparaît que deux phases d’apport de sédiment sont à distinguer avec, entre les deux, la construction d’une structure sur supports verticaux. Le niveau de circulation de ce nouvel espace n’a pas été conservé. Les structures plus récentes mises au jour dans l’emprise de cette fouille révèlent un usage domestique, comme le montre la fosse de latrine appartenant à l’époque moderne ou la construction, au xix^e s., d’une maison depuis détruite dont plusieurs murs subsistent en fondation. La dernière phase d’occupation correspond à l’aménagement et à l’utilisation de l’espace comme parking, ce qui fait suite à la destruction des maisons dans les années 1980-1990.