1Le site de « La Motte » est établi à environ 800 m au nord du bourg et du château de Sainte-Suzanne. Il prend l’aspect de deux vastes enceintes subquadrangulaires accolées, présentant une superficie totale de plus de 2,5 ha. La fortification de « La Motte », inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1937, est signalée dans la littérature scientifique pour la première fois en 1806. Selon l’historiographie ancienne, elle aurait été construite par Guillaume le Conquérant lors du siège du château de Sainte-Suzanne au début des années 1080 et correspondrait à une fortification mentionnée par le chroniqueur Orderic Vital dans son Historia ecclesiastica et localisée par celui-ci dans la valle Beugici. Depuis 2010, un groupe de travail s’est constitué au sein de l’UMR 6566 Creaah afin de valider ou d’invalider cette hypothèse et d’engager une étude aussi complète que possible de ce site, incluant notamment les aspects paléoenvironnementaux.

2À ce jour, trois campagnes de fouilles ont déjà été réalisées sur le site. Elles permettent de proposer un phasage en 2 grands états avec pour l’état 1, un habitat aristocratique occupé durant un grand x^e s., mais qui paraît cantonné au NO du site, et pour l’état 2, une fortification militaire temporaire, dont les données radiocarbone et la dendrochronologie placeraient la construction et l’abandon dans le courant du xii^e s. Cette proposition de phasage bouscule bien évidemment l’interprétation traditionnellement donnée du site.

3Afin de traiter les nombreuses données déjà accumulées depuis 2013, il n’a pas été mené de nouvelles opérations de fouille en 2016. Néanmoins des compléments de relevé microtopographique ont été réalisés sur le terrain afin d’affiner le relevé effectué en 2010 (relevé de l’enceinte ouest, resp. L. Jeanneret, université de Nantes – UMR 6566) et un carottage palynologique complémentaire dans la vallée de l’Erve en contrebas du site (resp. A. Reinbold, UMR 6566). Par ailleurs, les études des carporestes (E. Neveu, doctorante, UMR 6566), des anthracorestes (D. Aoustin, IE CDD UMR 6566) et des pollens (A. Reinbold, doctorante, UMR 6566) récoltés ont été effectuées depuis 2013.

4La reprise du relevé de la petite enceinte et de ses abords offre une approche plus fine de la topographie d’ensemble du site et permet de poser en de nouveaux termes la question de la possible présence de structures au sommet des talus. Par ailleurs, les analyses archéobotaniques permettent de replacer le site dans le contexte régional du Grand Ouest et de montrer que celui-ci s’inscrit dans un modèle régional assez classique pour le Moyen Âge central, tant du point de vue de l’évolution des paysages que des pratiques agraires et alimentaires.

5En 2017, il n’y aura pas d’opération de fouille. Il est envisagé d’achever le relevé microtopographique avec la reprise du relevé de l’enceinte est, et de réaliser un certain nombre d’analyses. Théoriquement, l’année 2018 devrait voir le démarrage d’une nouvelle opération triennale portant sur la grande enceinte (enceinte est) et ses abords.