1Cette prospection-inventaire a été conduite dans un double objectif. D’une part, il s’agit de comprendre l’origine et l’éventuel lien avec le chantier gothique de deux dépôts de scories métalliques chargeant les extrados des reins des voûtes des bas-côtés du chœur et ceux des bas-côtés orientaux des transepts de la cathédrale. D’autre part, de documenter l’usage du métal dans un édifice du premier gothique, période pour laquelle on dispose à ce jour de très peu d’informations.

2De part et d’autre du chœur, les concentrations de scories sont plus importantes à mesure qu’on se rapproche de l’intersection avec le transept. Trois sondages ont été réalisés dans les comblements des voûtes dans les angles NE et SE du chœur et du transept. Dans chaque sondage, une couche de scories (15-20 cm) mêlées à de la cendre surmonte une couche de charbons (10-15 cm). L’observation des dépôts de scories révèle une très forte proportion de scories légères (scories argilo-sableuses) et de culots de fond de forge. Les fragments assez grands (sup. à 10 cm) et l’absence des éléments les plus fragiles ou petits (parois scorifiées, battitures) présents d’ordinaire dans les rejets de forge témoignent d’une sélection, à l’instar des charbons qui sont calibrés (quelques centimètres). L’ensemble évoque ainsi un dépôt en position secondaire. En outre, quelques fragments d’ardoise présents sous la couche de charbon suggèrent une mise en œuvre plutôt tardive. Aucune information au sujet d’un tel dépôt n’a toutefois été découverte dans les archives, et aucun lien avec la construction de la couverture métallique de la cathédrale n’a pu être établi. La datation de charbons inclus dans les scories est en cours.

3Concernant les usages des métaux dans la cathédrale, à côté de nombreux tirants de réparation modernes (rose est, transept nord, portail ouest…), seuls deux usages du fer contemporains de la construction sont à noter. Le premier est très répandu, il s’agit de goujons de scellement. Le second est inédit : de petites cales de fer placées entre le socle et le fût des colonnettes de la chapelle Thomas Becket (chapelle haute de la tribune du transept nord). L’usage d’un tel matériau rigide semble en contradiction totale avec le tassement des maçonneries dans un édifice gothique. Les usages du plomb sont plus répandus, notamment pour le scellement des goujons de fer, mais surtout sous la forme de galettes de plomb mises en œuvre entre le fût et le socle ou le chapiteau de colonnette (ou tronçons de colonnettes) monolithiques. L’usage de ces galettes servant à amortir une partie du tassement des maçonneries est assez généralisé dans la nef et le transept (parties basses et tribunes notamment). Un inventaire précis de ces occurrences a été dressé. Les quantités de fer et de plomb utilisées pour ces différents usages ne dépassent toutefois pas la demi-tonne.

Laon, vue en coupe du sondage réalisé sur les voûtains des combles du triforium à l’angle NE du chœur et du transept de la cathédrale.

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