1La fouille préalable à un projet immobilier a permis d’étudier, sur une surface d’environ 2 400 m², une partie d’un vaste habitat polyphasé datant probablement de la fin de l’époque mérovingienne au xi^e ou au xii^e s. Le site est localisé à une distance d’environ 250 m à l’est de la voie romaine reliant Metz à Trèves, en périphérie d’un ancien vicus gallo-romain ; il se trouve à proximité immédiate du vieux village d’Ébange, l’un des quatre villages formant l’actuelle commune de Florange.

2L’occupation est matérialisée par la présence, en forte densité, de structures en creux de types variés, orientées de préférence de direction E-O et regroupées par endroits en unités d’exploitation par fossés parcellaires. Ses limites n’ont été atteintes nulle part, même si les vestiges archéologiques étaient moins nombreux dans la moitié est de l’emprise fouillée. Le site a livré un ensemble de plusieurs types de bâtiment, construits sur poteaux, mais aussi sur sablière, dont au moins deux à pignon en abside s’organisant selon le même axe directeur. Parmi les installations annexes, on note la présence d’au moins 23 cabanes excavées majoritairement du type à deux poteaux axiaux et d’une superficie variant entre 4,5 et 12 m². Leur fonction exacte ne peut être déterminée que dans de rares cas ayant livré de possibles traces d’un métier à tisser. D’autres installations se présentent sous la forme des fosses au nombre desquelles des silos, d’éventuels séchoirs à grains, une latrine et des excavations pour l’extraction des limons. L’approvisionnement en eau fut assuré, durant une certaine période, par un puits construit en pierre. Tout comme les structures, le mobilier, d’une abondance moyenne, témoigne d’une vocation agricole de l’habitat.

3Une bague octogonale en argent issue du comblement d’un fond de cabane constitue une découverte exceptionnelle. Elle porte sur son côté extérieur une inscription en majuscules romanes disposées en deux lettres/signes sur chacune des facettes. Elle se lit comme suit : +T/EB/AL/GV/TG/VT/TA/NI. La pièce appartient à un groupe bien défini des bagues médiévales à inscriptions, dit Thebalringe, dont quelque vingt-trois exemplaires sont connus dans toute l’Europe (notamment en Angleterre et en Allemagne), et auxquels s’ajoutent d’autres exemplaires présentant des variantes de ce texte. Ces bagues sont datées entre les xi^e s. et xv^e s., et l’exemplaire de Florange pourrait être l’un des plus précoces. Les inscriptions de ces bagues sont souvent interprétées comme formules magiques servant à la prévention d’une maladie, notamment de la goutte ou de l’hydropisie.

4La bague de Florange fait apparaître la population du site sous un nouveau jour. L’habitat a pu être en rapport avec la maison forte mentionnée dans les sources à Ébange et dépendant de la seigneurie de Florange. Cette dernière dérive peut-être d’une cour royale attestée par un document grossoyé en 893. Le site se trouve à proximité du lieu de découverte fortuite, en 1873, du fameux trésor de Florange-Ébange. Ce dernier, composé d’un dépôt monétaire datant du x^e s. et accompagné de plusieurs bijoux carolingiens en argent, représente sans doute l’un des plus importants trésors altomédiévaux en Lorraine.