1La fouille de la ZAC des Épineaux a permis d’observer, sur près de 4,5 hectares, une importante occupation allant du i^er aux xi^e-xii^e s. de notre ère, avec probablement des hiatus. Les vestiges observés (environ 2 700) sont de plusieurs sortes : bâtiments fondés en pierre, caves, bâtiments sur poteaux, fosses, silos, fonds de cabane, fours domestiques, sépultures, carrière, fosses d’extractions, fossés, puits, etc.

2Si les structures sont bien conservées sur une grande partie de l’emprise, d’autres structures (murs et sépultures) apparaissent parfois très haut dans la stratigraphie, jusque dans la terre végétale. Elles sont très perturbées par des racines et des terriers. Les vestiges antiques sont majoritairement présents dans la partie centrale de l’emprise de fouille. Le site antique, qui se développe très probablement au nord, comporte une dizaine d’édifices fondés en pierre, des bâtiments sur poteaux, des fossés parcellaires et une petite construction maçonnée à usage cultuel. Une grande dépression, probablement d’origine naturelle (doline ?), aurait pu servir de carrière de matériaux. Elle comporte, sur une partie de son pourtour, un talus composé de gros blocs de grès disposés en escalier.

3Le haut Moyen Âge est particulièrement bien représenté. Beaucoup de structures de cette période se superposent à l’occupation antique. Des fossés antiques pourraient avoir été réemployés. Il est même possible que des limites parcellaires aient perduré, par l’intermédiaire de talus ou de haies. D’autres fossés, dont certains sont courbes, seraient datables du haut Moyen Âge. Les structures découvertes témoignent de secteurs d’habitat, de zones d’inhumations, de structures à vocation domestique ou artisanale (fours, foyers, puits) et d’aires d’ensilage.

4Les vestiges mérovingiens sont quantitativement beaucoup moins importants que les vestiges carolingiens ou postérieurs. Certaines pièces de mobilier semblent témoigner du caractère privilégié des habitants, au moins pour la fin de la période (x^e-xii^e s.) : plusieurs éléments d’armements ou fragments de luminaires en céramique, un couteau avec une mitre en alliage cuivreux, des monnaies, etc. Un fossé curviligne, avec une interruption à l’est, matérialise un enclos ovale. Le fossé est large, à l’ouverture, de 2 à 3 m. Il présente un profil en cuvette, pour une profondeur moyenne de 0,60 m. Le comblement, assez organique, est peu stratifié et semble très bioturbé. Un talus interne pourrait avoir existé. Il aurait ensuite été partiellement démantelé pour combler le fossé. Les différents sondages manuels et mécaniques n’ont livré que peu de mobilier (céramique, ossements animaux, scories). Seul un tronçon de fossé, au nord, comporte des rejets domestiques limités. Ce type d’enclos, qui n’a pas de vocation défensive (il est d’ailleurs installé à mi-pente du site) serait une construction symbolique, manifestation d’une élite locale. Assez peu fréquent, plusieurs parallèles existent néanmoins (notamment en Île-de-France, à Villiers-le-Bel, Marolles-sur-Seine, Serris, La Grande Paroisse, etc.). Cet enclos est divisé en deux parties par un fossé N-S. À l’ouest de celui-ci, très peu de structures ont été repérées. À l’est, les structures sont beaucoup plus nombreuses : trous de poteau de petits et de grands gabarits, silos, fosses, sans qu’il soit possible, actuellement, de déterminer leur lien chronologique avec l’enclos. Il est cependant certain que plusieurs structures sont antérieures (antiques ou médiévales ?), parfois recoupées par l’enclos. Une cave gallo-romaine est présente dans l’espace est. Une grande structure peu profonde (une petite mare ?), située en périphérie de l’enclos, est également datée de l’Antiquité.

5Lors du diagnostic réalisé par le service archéologique du Val-d’Oise, treize sépultures avaient été repérées, dont un ensemble de sept individus à l’est des bâtiments gallo-romains fondés en pierre, au nord de l’emprise. Pendant la phase de fouille, près de 200 inhumations ont été documentées. Quelques-unes sont isolées, ou rassemblées en très petits groupes, et on note la présence de quatre individus déposés, avec plus ou moins de soin, dans des silos ou des fosses circulaires. Cependant, la majorité des inhumations sont localisées, au nord, près des bâtiments antiques. Certaines recoupent d’ailleurs un de ces édifices (bâtiment 12). Les premières sépultures apparaissaient directement dans la terre végétale. Beaucoup d’autres prennent place dans un horizon humifère riche en mobilier gallo-romain (céramique, terre cuite architecturale, ossements animaux). Pour la majorité des inhumations (sauf les plus profondes), les contours des fosses étaient très peu perceptibles. Un certain nombre d’entre elles comportent des coffrages généralement rudimentaires constitués de blocs de grès ou de calcaire (probablement issus des bâtiments antiques en ruines). D’autres présentent des placages de plâtre le long des parois. Quelques réductions ont été repérées, ainsi que plusieurs amas d’ossements sans connexion. Les tombes ne comportent généralement pas de dépôt de mobilier, hormis un petit bol semi-sphérique au pied d’un individu, deux boucles de ceinture ainsi que plusieurs agrafes à double crochet en alliage cuivreux. Une plaque-boucle de la fin de la période mérovingienne a été retrouvée lors d’un décapage intermédiaire. Même si elle n’a pas été retrouvée en association avec un corps, il est vraisemblable que la nécropole était déjà utilisée à cette époque. La majorité des sépultures sont inscrites dans un rectangle, sans qu’aucune délimitation n’ait été perçue (fossé ou muret). Se pose la question, pour cette nécropole présentant une densité importante d’individus avec beaucoup de recoupements, de l’existence d’un édifice cultuel ou funéraire (peut-être implanté sur les ruines d’un bâtiment antique).

6Le site a livré plus d’une vingtaine de fours et de grands foyers domestiques (ou artisanaux ?). La plupart des fours en sape sont implantés en périphérie du site et de l’habitat altomédiéval (à l’instar de fonds de cabanes), dont une batterie de cinq fours à l’extrémité est de l’emprise. D’autres structures de combustion avec sole rapportée et voûte en pierre sont présentes. Les nombreux silos (entre 150 et 200 individus) sont dispersés sur la quasi-totalité de l’emprise de fouille, isolés ou organisés en petites batteries. Ils présentent des volumes, des profils et des profondeurs variés.

7Un four est installé dans un bâtiment altomédiéval sur solin, probablement déjà ruiné au moment de la création de cette structure de combustion.

8Une vingtaine de structures s’apparentant à des fonds de cabane (quadrangulaires à fond plat et comportant ou non des trous de poteau) a pu être fouillée. Elles mesurent entre 5 et 15 m², sont généralement peu profondes et disposées selon un axe grossièrement E-O. Certaines, notamment dans la frange sud de l’emprise, sont relativement atypiques, avec des implantations de poteaux qui permettent difficilement de restituer une charpente. Un fond de cabane (ST 319) comporte, en plus des trous de poteau, un empierrement contre ses parois. Elles ont généralement livré des corpus céramique et faunique assez importants. Quatre puits cuvelés en pierre (avec des gros blocs de grès) ont été repérés. Ils présentent tous un conduit vertical de faible diamètre. Un seul a fait l’objet d’une fouille complète. Profond de plus de 10 m, il entame les formations géologiques superficielles, ainsi que le socle calcaire, puis le gypse. Il a livré assez peu de mobilier, même au fond, hormis quelques carcasses animales, quelques éléments en bois et quelques tessons de céramique antique et altomédiévale.

Frépillon, détail de la zone centrale de la fouille, avec l’enclos ovale de la fin du haut Moyen Âge.

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DAO : Cyrille Ben Kaddour, Nicolas Tourancheau.