1Un diagnostic réalisé en 2014 avait permis d’observer la présence de vestiges témoignant d’occupations médiévales aux abords de la Seine. L’étude des archives montre que le site se trouve sur les berges de la Seine, à l’extérieur du bourg médiéval et moderne, dans un secteur voué à l’agriculture jusqu’à la fin du xviii^e s. Au croisement de plusieurs chemins anciens, le site se trouve à proximité d’un haut-fond qui offrait la possibilité, à certaines périodes de l’année, de rejoindre à pied l’île Saint-Denis. Le « chemin des Mûriers » reliait le bourg de Saint-Denis aux berges de la Seine et le « chemin des Poissonniers » ou des « Marchandises » permettait de rejoindre Saint-Ouen et Paris, via la Plaine Saint-Denis. Les toponymes de « Vieux port » et de « Port aux poireaux », rencontrés dans le secteur, laissent supposer la présence du port de la ville dans les environs.

2Le décapage des 2 500 m² de l’emprise a permis de reconnaître et de fouiller 74 structures en creux comprenant des fossés, des ornières, des fosses, des silos, des trous de poteau, des fonds de cabane, des fours culinaires et une inhumation. Une partie de ces structures est caractéristique d’un habitat rural dont les occupations s’échelonnent du vii^e au xi^e s. Elles se trouvent très certainement en périphérie d’habitations : une sépulture isolée, antérieure au viii^e-ix^e s., est localisée dans des zones spécialisées dans le stockage et le traitement des grains, la cuisson et l’artisanat. Les bâtiments, dont les plans n’ont pu être restitués, devaient être construits en bois et torchis avec, pour certains, des couvertures en tegulae.

3Le mobilier et les données collectées permettent d’émettre l’hypothèse de la présence d’habitants au statut privilégié, vivant de l’agriculture, de l’artisanat et de l’élevage. Ils pratiquaient la pêche, la chasse et des activités militaires à un emplacement stratégique pour le contrôle de la circulation des hommes et des biens sur la Seine en direction de Paris. L’habitat est abandonné à la fin du xi^e s., sans heurts apparents, et le terrain est alors dévolu essentiellement à l’agriculture jusqu’au milieu du xix^e s.

4En ce qui concerne la voie, différents états ont été observés par la présence d’ornières, de niveaux de recharges et de fossés bordiers. Orientée E-O, elle reliait les bords de Seine au bourg monastique de Saint-Denis via le faubourg Saint-Marcel et correspondrait à la « rue Puipensot » dont une portion a été fouillée au 1, rue Moreau. Il semble qu’elle se mette en place aux alentours du x^e s, certainement en relation avec les dernières phases de l’habitat qui se développe de part et d’autre de son axe. Après son abandon à la fin du xi^e s., la chaussée reste en fonction jusqu’au xiv^e s. La construction de l’enceinte de la ville, en 1356, coupe l’axe qui se transforme en chemin rural, le « chemin des Mûriers », visible sur les cartes du xviii^e s., qui perdure jusqu’au xix^e s. et se fossilise dans le tracé cadastral.