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Chronique des fouilles médiévales en France en 2015
I. – Construction et habitats civils – environnement rural et urbain
I 1. – Opérations de terrain

Saint-Dizier (Haute-Marne). Rue Godard-Jeanson

Responsable d’opération : Nicolas Tisserand
p. 193-194

Texte intégral

1La fouille concerne une structure initialement perçue comme une possible construction antique au vu de sa profondeur d’enfouissement (près de 3 m). Sur près de 2 000 m², a été dégagée une série de pieux correspondant à deux constructions distinctes : un pont et un embarcadère. 31 pieux appartenaient à l’architecture du pont et 9 à la stabilisation de la berge et à l’embarcadère. L’ensemble de ces pieux a été prélevé en vue d’une étude par P.-F. Mille, dendroxylologue à l’Inrap, et d’une datatation dendrochronologique. Ces structures étaient accompagnées de vestiges médiévaux moins bien caractérisés et de constructions datant de la fin du xviiie s. en lien avec un couvent.

2Une longue coupe transversale sur une centaine de mètres a permis d’étudier le lit ancien de la Marne et d’observer les modifications sédimentaires liées à la présence d’obstacles (pont, troncs d’arbre en travers des piles du pont). Ces observations permettent d’affirmer qu’il s’agissait bien, à l’époque médiévale, du lit principal de la Marne.

Le pont

3C’est un pont en bois sur poteaux à travées simples. Il mesure environ 7 m de large pour une longueur supérieure à 30 m (23 m ont été dégagés dans l’emprise de la fouille, mais un pieu a été observé au-delà de l’emprise dans la partie nord) et est composé d’au moins cinq travées. Au total, 31 pieux ont été prélevés (fig.) ; les plus petits, plantés à l’entrée du pont, dans la pente, sont conservés sur 1 m, et les plus grands, dans la partie centrale, sur 6 m. De section circulaire pour les plus grands ou carrée plus les plus courts, tous ont une section d’environ 0,35 m et sont en chêne. Les datations obtenues sur les pieux du pont montrent qu’il s’agit d’un ouvrage construit vraisemblablement dans le dernier quart du xiie s., après 1174. La fourchette chronologique est relativement resserrée et tout indique qu’il s’agit d’une structure construite en une fois avec une période de fonctionnement relativement courte, comme l’atteste l’absence de trace de réfection (pas de pieux après 1174). Un tronc de plusieurs mètres de long coincé dans les piles amont du pont est daté de la même période (après 1168). Cette date de construction est peut-être à mettre en lien avec la construction du château des ducs de Saint-Dizier, dont la première mention remonte à 1189 et qui est achevé en 1228.

L’embarcadère

4Bien que situé quelques mètres en aval du pont, sa construction est plus tardive d’un siècle et il ne fonctionne probablement pas avec ce dernier. Mesurant une quinzaine de mètres de long, il est composé d’une dizaine de pieux sur lesquels reposent des bastings ou madriers. Morphologiquement, il s’agit plus d’unaménagement de stabilisation de berge que d’un réel embarcadère, mais la présence de deux bittes d’amarrage indique la possibilité de stationner des bateaux et donc de pouvoir les charger et décharger. Les datations opérées sur les pieux et les bittes donnent une date de construction après 1299. L’absence d’indice de réfection sur le pont pour cette période laisse penser que les deux structures ne sont pas contemporaines.

5Enfin, au sud du pont et de l’embarcadère, ont été mises en évidence des structures contemporaines de l’embarcadère, parmi lesquelles d’énormes drains en pierre fonctionnant avec des grandes canalisations en bois monoxyles dont la plus grande mesure 16 m.

Saint-Dizier, vue des pieux du pont en cours de prélèvement et de l’embarcadère au second plan.

Saint-Dizier, vue des pieux du pont en cours de prélèvement et de l’embarcadère au second plan.

Cl. N. Tisserand

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Table des illustrations

Titre Saint-Dizier, vue des pieux du pont en cours de prélèvement et de l’embarcadère au second plan.
Crédits Cl. N. Tisserand
URL http://journals.openedition.org/archeomed/docannexe/image/7234/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 694k
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Pour citer cet article

Référence papier

Nicolas Tisserand, « Saint-Dizier (Haute-Marne). Rue Godard-Jeanson »Archéologie médiévale, 46 | 2016, 193-194.

Référence électronique

Nicolas Tisserand, « Saint-Dizier (Haute-Marne). Rue Godard-Jeanson » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 46 | 2016, mis en ligne le 15 février 2018, consulté le 13 juin 2025. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/7234 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.7234

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Auteur

Nicolas Tisserand

Inrap

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Responsable d’opération

Nicolas Tisserand

Inrap

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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