1Le diagnostic se situe immédiatement à l’extérieur du quartier canonial de la ville, sur son bord NO. Il a permis d’observer les vestiges de la partie agricole d’une vaste exploitation de l’époque moderne, antérieure au xviii^e s., dont la demeure semble se trouver au SE des terrains sondés. Il concerne les terres attenantes à cet habitat, subdivisées par un réseau parcellaire qui scinde le terrain en trois parties.

2Le premier élément significatif est un fossé de 5 m de large qui devait probablement ceinturer la demeure principale au SE. Il forme un angle droit qui s’interrompt comme pour matérialiser une entrée ou, tout au moins, un passage vers l’habitat. Son comblement se compose en partie d’un niveau de démolition qui coïnciderait avec la destruction d’un bâtiment à proximité dont une partie des gravats a été rejetée au fond. Un second fossé est alors aménagé légèrement au-delà de l’emprise du précédent. Il perdure jusqu’à l’abandon général du site matérialisé également par un épais niveau de démolition au fond de la structure. La zone au NO devait servir de pré ou pâture, mais elle a été utilisée ponctuellement pour l’extraction d’argile, comme l’atteste la présence de trois caissons d’un volume moyen de 3,5 m³.

3Entre ces deux parties, une zone de stockage de denrées alimentaires issues de la culture fourragère et céréalière est aménagée. Elle se caractérise par une forte concentration de fosses de grandes dimensions. Leur forme et surtout leur profil nous renseignent sur les techniques d’ensilage de l’époque moderne. La profondeur de ces silos varie entre 0,50 et 1 m et ils devaient être recouverts par une superstructure en matériaux légers. Utilisés de manière saisonnière, ils étaient détruits et comblés juste après leur utilisation. Lors de la récolte suivante, ils étaient reconstruits à des emplacements différents, mais rarement éloignés des précédents, ce qui explique leur concentration sur une petite surface. D’autres fosses témoignent de la présence d’un élevage : trois squelettes en connexion d’animaux ont été mis au jour.

4Le corpus céramique reflète une production locale : même l’exemplaire de cruche en grès à motif en applique d’homme barbu de type « Bartmann » provient de l’atelier de Bouffioulx en Belgique. Les éléments d’architecture se composent essentiellement de carreaux de pavage vernissés dont certains figurent le lion des Flandres et le reste du matériel fait état de fragments d’enduits peints monochromes. La qualité de la vaisselle ainsi que celle des éléments d’architecture signalent la présence d’une habitation de qualité. Au même titre qu’une semelle en cuir de soulier féminin, les marqueurs chronologiques sont caractéristiques du milieu du xviii^e s., date de l’abandon probable de cette exploitation agricole.

5À la suite de ce démantèlement, le quartier, jusqu’alors rural, connaît une rapide urbanisation à partir du xix^e s., comme le prouvent les cadastres connus pour cette période.