Varennes (Vienne). La Tourette de Luché
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Année de l'opération :
2015Numéro d’opération :
206343Sujets :
souterrain, habitat, cabane, fond de cabane, vie quotidienne, feu, structure de combustion, bâtiment agricole, silo, vie économique, acquisition de ressource naturelle, carrière (géologie)Nature de l'opération :
fouille programméeTexte intégral
1À 3 km au SE de Mirebeau, et à 2,5 km au NE du bourg de Varennes, la Tourette est située en haut de coteau, à une altitude atteignant 151 m, dominant au sud la plaine de Neuville et à l’ouest le vallon du ruisseau le Chaudour, affluent de la rivière la Pallu. Dans ces deux directions, la dénivellation atteint une cinquantaine de mètres. Le site occupe la bordure occidentale d’un massif de tuffeau, dont une bonne partie est actuellement boisée.
2Il se caractérise par un réseau dense connu de 23 galeries et de 26 salles souterraines anthropiques d’un développement longitudinal de 180 m, comportant de nombreux accès à la surface. Les fouilles ont déjà mis au jour un fond de cabane carolingien, trois grandes cours excavées ou carries, un ensemble de murs montés à la terre, 3 fours, 14 silos, 2 fosses et de nombreux trous de poteau. L’étude céramique a permis de dater l’occupation du ixe au xvie s., ce que corroborent les sources d’archives.
3La fouille a concerné trois secteurs distincts : la galerie 102, accès à la cour excavée 86, la zone d’ensilage 101 en surface et plusieurs sondages dans la carrie 85. La galerie 102, creusée dans le substrat, permettait l’accès à la carrie 86 par sa paroi nord. Longue de 11,40 m pour un dénivelé de 3,10 m, son développement en trois tronçons affecte la forme d’un S afin de gommer la pente. Il n’a pas été possible de déterminer si elle était partiellement couverte par une voûte ou par des dalles. Elle donne directement sur la carrie par une imposante feuillure de fermeture surmontée d’une arcade. Un emmarchement grossier apparaît au sol, complété par des feuillures doubles recevant probablement un escalier en bois, disparu aujourd’hui. Sa paroi sud présente deux conduits obliques couverts de noir de fumée, témoins de foyers appartenant à une salle souterraine antérieure au creusement de la carrie.
4La zone d’ensilage 102, installée dans un palier décaissé dans le rocher, a livré deux nouveaux silos de grande taille, complétant les trois fosses découvertes les années précédentes. Ils confirment l’utilisation du site pour un stockage collectif. Leur spécificité est double : leur comblement se compose d’éléments de démolition de bâtiments (moellons taillés, nombreux fragments de tuiles) et de centaines d’ossements de chauve-souris. Cette zone comprend également une multitude de trous de poteau ou de piquet, pour des structures protégeant l’ouverture des silos et pour l’installation d’une palissade en bordure de creusement du palier. L’effet de paroi d’un second palier, supérieur, comme la présence d’arases de murs suppose l’existence d’un bâtiment couvrant l’espace. Par deux descenderies, la zone communique avec la galerie 36 du souterrain. Hormis la présence de nombreuses feuillures de fermeture ou de blocage, cette dernière passe au-dessus d’une cavité antérieure qui n’a pas été fouillée, n’entrant pas dans la problématique annuelle.
5La cour excavée 85, dégagée à la pelle mécanique en 2014, a fait l’objet de plusieurs sondages qui ont révélé des traces d’extraction du tuffeau.
6Le mobilier confirme une occupation médiévale allant du ixe au xvie s. La quasi-absence d’une stratigraphie d’occupation explique la difficulté à phaser l’évolution, l’arasement en surface comme le remblaiement des divers creusements ayant bouleversé ou détruit les niveaux archéologiques en place. Malgré l’importante surface fouillée, et contrairement à l’hypothèse émise en 2014, aucun vestige d’habitat n’a été découvert : nous serions en présence d’un espace réservé à des activités agricoles ou artisanales. Cette affirmation s’appuie sur l’existence d’une trentaine de silos et de plusieurs fours. Ces faits semblent montrer qu’il s’agit d’une organisation collective, soit générée par une communauté paysanne, soit dirigée par une seigneurie, les deux pouvant se succéder. La faible quantité d’artefacts montrerait aussi une occupation purement saisonnière du site, liée aux activités. On peut toutefois avancer un phasage de l’occupation, caractérisée par un glissement spatial du NE vers l’ouest du site. Les installations primitives concernent un, voire deux fonds de cabane carolingiens. Leur succède, de la fin du ixe au xiie s., le creusement d’un vaste réseau de galeries et de salles souterraines dédiées au stockage de denrées agricoles. Au xiiie s., le site semble ne plus être fréquenté. La dernière période d’occupation est caractérisée, aux xive et xve s., par le creusement d’un ensemble de grandes cours excavées ou carries destinées à la fois à l’extraction de la roche locale, à l’amélioration des accès, à l’aération et à l’apport de lumière des galeries et salles souterraines.
7En surface, la présence de fosses, de silos, de nombreux trous de poteau et de murs atteste l’existence d’aménagements successifs, que ce soit des aménagements en matériaux périssables ou des bâtiments construits en pierre, mettant à mal la théorie de ces « souterrains refuges » perdus au fond des bois et ayant comme unique fonction l’accueil de populations fuyant l’insécurité.
8Au xvie s., le site est totalement abandonné, les structures de surface sont volontairement arasées et les cavités souterraines comblées.
Table des illustrations
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Titre | Varennes, plan général des fouilles (2005-2015) avec le relevé schématique du souterrain. |
Crédits | Dessin Michel Coutureau, Inrap |
URL | http://journals.openedition.org/archeomed/docannexe/image/7263/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 427k |
Pour citer cet article
Référence papier
Daniel Vivier, « Varennes (Vienne). La Tourette de Luché », Archéologie médiévale, 46 | 2016, 200-202.
Référence électronique
Daniel Vivier, « Varennes (Vienne). La Tourette de Luché » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 46 | 2016, mis en ligne le 15 février 2018, consulté le 17 mai 2025. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/7263 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.7263
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Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
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