1La commune de Fixin est située au pied du coteau de la Côte-d’Or qui forme la limite ouest de la plaine du Saône, à 9,5 km au SO de Dijon. La chapelle de Fixey est située à l’écart d’un hameau du même nom, à 550 m au nord du chef-lieu de la commune. Le domaine de Fixey est mentionné dans le cartulaire de Saint-Bénigne de Dijon en 679 mais l’église n’est mentionnée expressément qu’en 902 dans la Chronique de Saint-Bénigne : Ecclesia S. Antonii in Fisciaco. Dédiée à saint Antonin, elle aurait été une possession de l’abbaye dijonnaise dès cette période mais elle fut donnée à l’abbaye Saint-Étienne de Beaune vers 1012.

2L’édifice actuel consiste en une nef unique, éclairée par trois fenêtres hautes dans chacun des gouttereaux et avec un clocher dans la partie ouest. Le vaisseau principal est la partie la plus ancienne, datée pour l’instant vers la fin du x^e s. à cause de la nature de ses maçonneries et de ses ouvertures, réalisées avec des petites dalles et des douelles de calcaire. Le massif du clocher a été inséré dans la dernière « travée » de la nef vers la fin du xi^e ou au début du xii^e s. La configuration de l’extrémité orientale de cet édifice préroman reste inconnue. Le chevet actuel, couvert d’une voûte en berceau à profil brisé, a été daté du xv^e s. mais ses caractéristiques techniques pourraient plutôt indiquer une construction du xiii^e s. Il a été agrandi par l’ajout de chapelles au nord et au sud avant 1720, puis par l’ajout d’une abside semi-circulaire après cette date.

3Un diagnostic archéologique a été réalisé préalablement à un projet de restauration de l’ensemble, comportant la mise en place d’un drainage sur tout le pourtour de l’édifice ainsi que la consolidation des enduits et certaines parties des maçonneries.

4Trois sondages, réalisés au pied des murs nord, sud et ouest de la nef, ont montré la destruction de toute la stratigraphie autour de la nef, consécutive à la réalisation d’un drainage périphérique. Ces travaux avaient également enduit le pied du mur sur une profondeur d’1 à 1,20 m, masquant ainsi le parement primitif. Ils n’ont cependant pas laissé de traces dans les archives récentes mais ils pourraient dater de 1987. Deux autres sondages implantés devant l’abside et au pied du mur sud du chevet ont montré la présence de sépultures récentes à partir d’une profondeur de 0,70 à 1 m environ. La poursuite du sondage devant l’abside a permis d’observer les fondations d’un des contreforts d’angle du chevet et de constater la présence d’un horizon de sépultures avec des tombes aménagées, antérieures au chevet. Aucun mobilier permettant de dater ces niveaux anciens n’a été trouvé.

5L’observation des élévations intérieures et extérieures a permis d’évaluer le potentiel archéologique du tissu bâti. La nef primitive est encore bien conservée malgré la restauration récente des enduits intérieurs. Des observations complémentaires pourraient donc préciser les séquences stratigraphiques et mieux caractériser les techniques de construction d’une église du x^e-xi^e s. Finalement, la présence d’éléments du cintrage des arcs et de la voûte du massif du clocher présente un potentiel pour la datation par dendrochronologie de cette partie de l’édifice. La chapelle de Fixey compléterait ainsi le corpus des églises datées de cette façon et bâties dans une fourchette chronologique comprise entre le milieu du x^e et le milieu du xi^e s. : les églises Saint-Martin de Laives et Saint-Martin de Chapaize dans le Saône-et-Loire et Saint-Albin dans la Côte-d’Or.