1Construit au xiii^e s. pour le comte-évêque de Cambrai, le château de Selles a connu de nombreuses modifications architecturales. Il est aujourd’hui intégré dans le nouveau système de fortifications du xvi^e s. Cette intégration a permis non seulement la conservation de la structure architecturale de l’édifice mais également celle des traces de ses occupants, sous forme de manifestations graphiques, gravées, sculptées et dessinées. Cet important témoin du passé médiéval et moderne de la ville constitue un des plus grands ensembles des manifestations graphiques connues en Europe, dont les plus anciens identifiés datent de la première moitié du xiv^e s.

2Aujourd’hui, les murs du château, dont certains portent les témoins gravés les plus importants, connaissent des phénomènes de dégradation physico-chimique. La seule option de préservation possible consiste en un relevé systématique des graffitis dans leur contexte d’origine grâce à un protocole de relevé à plusieurs échelles, mettant en œuvre diverses techniques notamment d’imagerie scientifique issue des techniques d’étude d’art rupestre préhistorique.

3Un projet d’archéologie programmée a été mis en place avec l’autorisation du Ministère de la Culture en 2010.

4L’objectif premier était de sauvegarder l’image des graffitis en appliquant un protocole évitant toute interaction avec la surface. Une stratégie d’inventaire et de relevé reposant notamment sur un inventaire réalisé dans les années 1980 (service de l’Inventaire de la Direction régionale des Affaires Culturelles) et sur les travaux de Serge Ramon (notamment les moulages et publications) a été élaborée. L’équipe a réalisé des relevés pierre à pierre afin de localiser les graffitis. Des relevés sur photo, sont réalisés au fur et à mesure de l’avancement des études historique, iconographique, technique et paléographique.

5Le relevé de sauvegarde est réalisé grâce à une technique de relevé 3D haute résolution (principe de projection de frange). Cette campagne de scan sans contact mené depuis 2011 a d’ores et déjà permis de relever plus de 40 m² des murs portant les graffitis.

6Le projet vise enfin à diffuser largement les résultats des études et à promouvoir la richesse du site et l’importance de la conservation des graffitis ou manifestations graphiques. Les outils d’imagerie 2D et 3D appliqués et développés dans le cadre de ce projet sont intégrés dans de nouveaux projets de valorisation animés par la ville de Cambrai. Un outil pédagogique de valorisation, servant de base aussi bien pour le secteur de la médiation (en musée ou en école) que pour l’approfondissement des recherches scientifiques unissant archéologues, historiens et historiens de l’art, a vu le jour en 2015.