Sarzeau (Morbihan). Château de Suscinio
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Année de l'opération :
2015Numéro d’opération :
54400Sujets :
défense, bâtiment militaire, château-fort, logis, habitat, cuisine (pièce), vie quotidienne, four, four domestique, approvisionnement en eau, canalisation, artisanat, métallurgie, forge, dépotoir, archéozoologie, loisir, jeu, art, arts décoratifs, vitrailNature de l'opération :
fouille programméeTexte intégral
1Le premier programme triennal 2013-2015, concentré sur l’étude du logis nord (fondé au xiiie s.), a permis de comprendre en partie son organisation interne, d’affiner sa chronologie et de porter un nouveau regard sur l’évolution du château, depuis le xiiie s. jusqu’aux travaux plus récents du xxe s.
2Environ un tiers de la surface du logis est aujourd’hui en cours de fouille. Les niveaux de démolition, une fois dégagés, ont laissé apparaître les salles du rez-de-chaussée réservées aux fonctions domestiques, dont l’occupation s’étend du xiiie au xve s. Une vaste cuisine, équipée de son four à pain, présente différents aménagements de sols et de niveaux d’occupation de terre charbonneuse en lien avec des foyers. La présence de l’eau y est importante, comme en témoigne le collecteur de 80 cm de largeur interne traversant la cuisine depuis la cour, couplée à une canalisation en plomb pour l’approvisionnement en eau propre. Adjacente à la cuisine, la salle de stockage occupe une place centrale dans le logis. Ouvert sur la cour uniquement par une grande porte de 2 m de large au niveau de l’embrasure interne, dépourvue de baies d’éclairage, cet espace de stockage communique avec la salle basse à archères de la tour de flanquement nord. L’abondance du mobilier recueilli offre un panel représentatif des productions céramique et verre rencontrées à Suscinio au Moyen Âge et des habitudes alimentaires de ses occupants.
3La fouille de la cour a également révélé une part importante de l’activité du château au xive s. Les niveaux archéologiques rencontrés, comme une aire de gâchage du mortier, un foyer associé, une aire de débitage d’ardoises de couverture ou encore une petite forge, renvoient à un chantier de construction qu’il est tentant, en raison des propositions chronologiques avancées par le mobilier et de la nature même des matériaux utilisés, de rattacher aux grands travaux commandés par Jean II à la fin de son règne pour la courtine nord et la tour de l’Épervier (située à l’angle NE). C’est également dans cet espace qu’a été découvert en 2014 un dépotoir primaire installé contre le mur externe du logis, à proximité d’une des fenêtres de la cuisine. Les études céramologiques (I. Brunie, S. Daré) et archéozoologiques (A. Borvon) réalisées en 2015, ont permis d’apprécier les coutumes alimentaires (contenants/contenus). Les sédiments des niveaux les plus importants (environ 1 m3) ont fait l’objet d’un tamisage à l’eau de façon à appréhender l’ensemble des restes d’invertébrés et de vertébrés, y compris les microrestes ichthyologiques. Le nombre total de restes vertébrés s’élève ainsi à près de 7 300, à partir desquels 35 taxons ont été déterminés, parmi lesquels se distinguent les mammifères, les oiseaux et les poissons (plus de 20 espèces différentes recensées), soit une grande diversité alimentaire. La triade domestique (bœuf-caprinés-porc) est fortement représentée ; les ossements montrent des traces bien qu’il soit difficile d’apprécier les techniques de découpe. Les mammifères « sauvages » tels que le daim, les capridés, le chevreuil et le sanglier sont également présents, mais aussi deux espèces rarement rencontrées dans ce type de contexte archéologique : le marsouin et l’ours, dont la présence reflète le statut social élevé des occupants du château. Par ailleurs, dans les deux niveaux principaux composant ce dépotoir, plus de 500 tessons de céramique ont été récoltés. Notons enfin la présence d’un dé à jouer en os, d’un double jeu de mérelle gravé sur une ardoise de couverture, de fragments de vitraux à décor de grisaille et de cages à mouches et de quelques tessons de verre plat bleu présentant des traces de grugeage. L’analyse de la stratigraphie et du mobilier permet de situer l’installation de ce dépotoir au cours de la première moitié du xive s., peu de temps après la fin d’utilisation de l’aire de travail.
Pour citer cet article
Référence papier
Karine Vincent, « Sarzeau (Morbihan). Château de Suscinio », Archéologie médiévale, 46 | 2016, 274-275.
Référence électronique
Karine Vincent, « Sarzeau (Morbihan). Château de Suscinio » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 46 | 2016, mis en ligne le 15 février 2018, consulté le 27 avril 2025. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/7450 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.7450
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