1L’emprise de la fouille se développe en limite des communes de Marcq-en-Barœul, au lieu-dit le Cheval Blanc, et de Bondues, au lieu-dit du Chat de la Folie. Le site est localisé sur la rive droite de la vallée de la Becque de Marcq, sur une terrasse peu marquée (22,50 m NGF) dominant la vallée de la Marque, sur une légère pente orientée NO-SE, non loin de la jonction entre la vallée de Deûle et de la Marque.

2La fouille a dévoilé, sur une surface d’environ 3 000 m², des traces de plusieurs occupations rurales successives, débutant au second âge du fer et se terminant à la période contemporaine. Quatre grandes phases allant de La Tène ancienne/La Tène moyenne à la période contemporaine ont pu être observées sur le site.

3Un fossé associé à un petit bâtiment sur quatre poteaux et une fosse constituent vraisemblablement les traces d’une petite installation rurale agricole de La Tène ancienne/Tène moyenne (phase 1). Après un assez long hiatus, le site est de nouveau occupé à la période médiévale (phase 2), depuis la fin du haut Moyen Âge jusqu’au début du bas Moyen Âge. Entre le milieu du ix^e et le milieu du xiii^e s. au plus tard (phase 2.1), les vestiges témoignent d’une activité humaine et d’un habitat tout proche, peut-être sous la forme d’une installation rurale qui se développe plus largement et dont le cœur doit être situé en marge de l’emprise de fouille. La présence de nombreuses fosses de dimensions variées dont deux s’apparentent à des fosses-silos (fig.), celle d’un petit fossé en L délimitant peut-être un espace enclos, ou encore la nature de certains comblements contenant des fragments de torchis clayonnés et des restes de matières végétales carbonisées, suggèrent la présence d’un habitat à proximité. Bien que peu abondant, le type de mobilier céramique, rattaché presque exclusivement à la cuisson des aliments, constitue un indice supplémentaire en ce sens, de même que la broche de tisserand en os découverte dans le remplissage d’une des fosses-silos. Ce type d’objet, assez fréquent dans les habitats ruraux jusqu’à la fin de l’époque carolingienne, indique peut-être une activité de tissage pratiquée dans les environs proches.

4Vers les xiii^e-xiv^e s. (phase 2.2), ou peut-être avant, on assiste à l’implantation d’une trame quasi orthogonale, qui structure le paysage médiéval (phase 2.2). Il s’agit de plusieurs tronçons de fossés qui semblent avoir eu pour usage de délimiter de nouveaux espaces dans le paysage tout en drainant les eaux pluviales découlant des parcelles en amont. Ces structures fossoyées ne sont pas toutes synchrones, ce qui laisse penser à des aménagements successifs dont il est difficile de mesurer l’ampleur. Faut-il y voir des réaménagements structurels successifs de l’occupation précédente (phase 2.1), les traces d’une nouvelle occupation ou simplement la mise en place d’une trame parcellaire dont le rôle était de délimiter des espaces cultivables et de drainer les eaux pluviales ? Les données matérielles et stratigraphiques dont nous disposons ne permettent malheureusement pas de privilégier une hypothèse plus qu’une autre. Ces vestiges témoignent d’une restructuration du paysage médiéval et attestent une fréquentation des lieux jusqu’au début du bas Moyen Âge.

5Aux époques moderne et contemporaine, le site continue d’être fréquenté. Vers les xvi^e-xvii^e s. ou un peu avant (phase 3), on assiste à la mise en place d’un nouveau réseau de fossés parcellaires qui paraît délimiter des parcelles agricoles. Ces aménagements fossoyés, dont la trame est parfaitement orthogonale, s’inscrivent assez nettement dans les orientations qui prévalaient à la période médiévale (phase 2). L’un des fossés (1127-1128) reprend d’ailleurs, à peu de choses près, le tracé d’un fossé médiéval (1126). Une quinzaine de fosses, situées en bordure est d’emprise, témoignent d’une activité humaine et d’un habitat à proximité. Enfin, à l’époque contemporaine (phase 4), les lieux continuent d’être fréquentés puisqu’un réseau de petits fossés de drainage quadrille l’espace et qu’un bâtiment construit en brique, associé à des fosses et à deux puits, est installé dans la moitié orientale de l’emprise. Durant la première moitié du xx^e s., le site redevient une zone de culture.

6L’occupation médiévale, moins dense que prévu, est d’interprétation plutôt délicate, faute d’indices pertinents et d’une vision plus large. Le mobilier archéologique correspondant à cette période est peu abondant et la quantité de céramique assez faible, principalement représentée par de la vaisselle destinée à la cuisson des aliments. Aucun bâtiment n’a été relevé. La présence d’une installation rurale dans les environs proches, que l’on peut situer entre le milieu du ix^e et le milieu du xiii^e s. au plus tard (fin du haut Moyen Âge-Moyen Âge classique), peut cependant être envisagée. La zone fouillée apparaît plutôt comme une partie annexe d’un établissement rural localisé hors emprise, dont nous ignorons l’étendue, l’organisation et la vocation.

Marq-en-Barœl, la fosse-silo 1131.

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Cl. B. Perrier