1Dans le cadre d’un projet de construction de médiathèque sur la commune de Benet dans le sud de la Vendée, un diagnostic archéologique a été mené dans l’emprise du cimetière paroissial du xix^e s. Le site occupe le versant NO d’une vallée. Séparé par la rivière le Vrizon, il fait face à l’église Saint-Eulalie installée sur le versant SO. Malgré les fortes perturbations du sous-sol dues successivement au déplacement de tombes en 1891, à la remise en état du terrain après cette désaffection et aux travaux de terrassement du xx^e s. pour la construction d’un garage automobile, l’opération archéologique a révélé l’existence d’une occupation funéraire continue de la fin de l’Antiquité ou, plus probablement, du haut Moyen Âge jusqu’au xix^e s.

2Le cimetière était organisé en paliers taillés dans le versant. Les gradins, adaptés au relief naturel de la pente, ont été progressivement aménagés, au fur et à mesure, semble-t-il, de l’extension de la nécropole. Cinq paliers ont été identifiés, mais compte tenu des destructions contemporaines, au moins deux supplémentaires doivent être restitués.

3L’implantation d’origine de la nécropole se situe vraisemblablement près de la rivière. Sur les deux premiers paliers on rencontre des sarcophages en calcaire, sans décor, composés d’une cuve bi- ou tripartite. La forme exacte des pièces n’a pu être observée et l’absence de mobilier datant ne permet pas de préciser leur période d’installation qui peut varier des iii^e-iv^e s. aux vi^e et vii^e s. Tout au plus, l’orientation E-O des tombes peut constituer un indice de christianisation.

4À la fin du Moyen Âge ou au début de l’Époque moderne, l’occupation funéraire se poursuivit à mi-pente. Il est probable que, dans le même temps, la partie basse du terrain continue à être utilisée avec des apports de remblais rehaussant le niveau du sol, comme en témoignent d’abord les superpositions de corps, puis les images du cimetière après son abandon. Ces dernières montrent, en effet, une élévation du sol de plus de 2 m par rapport au niveau actuel et au niveau de circulation restituable au début du Moyen Âge.

5Les niveaux bas-médiévaux et modernes sont datés grâce aux cercueils identifiés, aux épingles de linceuls et à quelques tessons de céramique résiduels. En l’état des investigations, aucun dépôt funéraire, hormis une bague portée, n’a été observé.

6Les exhaussements qui accompagnent le cimetière semblent avoir été si importants que les destructions occasionnées par les travaux du xx^e s. n’ont pas effacé tous les vestiges. Dans la partie inférieure du chantier, il reste des témoignages de la nécropole d’origine dont on semblait avoir perdu le souvenir et que rien ne trahissait, en dehors peut-être du nom de la « rue des Tombeaux » sur un des côtés du cimetière paroissial. Cette nécropole est un marqueur indéniable dans l’histoire de la commune – du Moyen Âge à la marge du xx^e s. – et dans son processus de christianisation.