1Le réaménagement superficiel des abords de la cathédrale d’Évreux a nécessité la réalisation de fouilles préalables sur le parvis ouest, ainsi que de nombreuses surveillances de travaux sur le parvis nord et les abords du chevet. L’abondante documentation générée par ces travaux n’a pas encore été traitée.

2Le secteur étudié se situe dans l’emprise du castrum tardo-antique, dans l’angle SO formé par le rempart daté de la fin du iii^e s. ou du début du iv^e s. Dans cet espace urbain, de nombreuses structures liées à l’habitat ont évidemment été mises au jour, essentiellement un ensemble de caves maçonnées, malheureusement déconnectées des élévations et sols aujourd’hui disparus, et dont la datation couvre une période comprise entre le xiii^e s. pour les plus anciennes et le xix^e s. pour les plus récentes. À deux exceptions près, ces caves ou celliers n’ont pu être observés dans leur intégralité, de sorte que nous ignorons souvent leur plan complet, leurs dimensions et leurs aménagements internes (accès, niches, etc.).

3Les niveaux les plus anciens, observés de façon très limitée dans quelques tranchées, ont également livré des traces d’activité domestique, notamment sous la forme de foyers. Les surfaces abordées étant extrêmement réduites, aucun plan d’habitat du haut Moyen Âge ou du Moyen Âge classique n’a pu être restitué. Ces périodes ont en outre généré, sur l’ensemble de la surface abordée, une épaisse couche de « terres noires », dont les modalités de dépôt restent à déterminer précisément.

4L’essentiel du parvis nord était occupé, jusqu’à la Révolution, par un cimetière paroissial dont nombre de sépultures ont pu être mises en évidence. La plupart du temps, seuls les creusements ont été identifiés en plan, les sépultures elles-mêmes, situées plus en profondeur, n’ayant pas été dégagées, mais les surveillances ont sans doute permis de déterminer les limites de ce cimetière, directement accolé au flanc nord de la cathédrale, dont nous n’avons retrouvé aucune matérialisation physique.

5Le parvis ouest se trouve quant à lui encadré par la cathédrale et le rempart tardo-antique. Cet espace était jadis le lieu de foires, avant d’accueillir, à compter de la fin du xii^e s., un quartier canonial dont rien ne semble avoir subsisté. Ce secteur a en effet fait l’objet de fortes perturbations contemporaines ayant abouti à la disparition quasi-complète de la stratigraphie médiévale et moderne. Seules subsistaient ici, creusées dans les niveaux tardo-antiques adossés au rempart, des caves datant des xviii^e-xix^e s. détruites lors de la seconde guerre mondiale.

6Le rempart semble avoir subsisté pratiquement jusqu’à l’époque contemporaine, les constructions médiévales et modernes s’y étant appuyées. Dans sa forme actuelle, la rue Charles-Corbeau conserve le souvenir d’une rue romaine et médiévale franchissant la muraille par la porte « Notre-Dame », dont les vestiges ont été mis au jour, flanqués d’une tour médiévale de plan semi-circulaire, adossée au rempart antique.

7La cathédrale elle-même, dont certains éléments de fondation ont été dégagés, a livré au moins deux états de construction antérieurs à l’édifice actuel et préservés sous les élévations nord du chœur, mais l’étude de la documentation n’en étant qu’à ses débuts, aucune attribution chronologique ne peut être faite à ce jour. Le fort potentiel de ces vestiges sera exploité dans le cadre d’une étude globale au sein de laquelle prendra place le recours aux sources d’archives.

Évreux, portion de la tour médiévale adossée au rempart tardo-antique mise au jour lors des surveillances de travaux.

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Cliché : P. Wech