1La rue Vigne Saint-Avold s’inscrit dans le quartier Outre-Seille, faubourg qui se développe hors les murs au SE du noyau urbain ancien. Il s’organise autour des rues Mazelle et des Allemands, axes qui peuvent remonter à la période antique. À proximité, l’église Saint-Étienne-le-Dépenné, située rue Gaudrée, constitue à partir de 1190 la troisième paroisse du quartier. Les deux premières, Saint-Eucaire et Saint-Maximin, sont attestées depuis le viii^e s. À la faveur de la construction d’une nouvelle enceinte entre la fin du xii^e s. et le début du xiii^e s., le quartier est intégré à la ville intra-muros. En 1740, le démantèlement des fortifications médiévales au sud du quartier permet la création de la Place Mazelle. Enfin, au début du xx^e s., le tronçon intra-muros du cours naturel de la Seille est comblé.

2La parcelle étudiée se développe sous la forme d’une longue lanière déjà visible sur le plan d’alignement dit plan Belle-Isles relevé entre 1736 et 1739. Elle est mitoyenne sur trois côtés et est occupée par deux corps de bâtiment séparés par une cour intérieure. Parmi les six grandes phases de travaux identifiées au travers des sondages réalisés sur les élévations, les deux premières semblent remonter au Moyen Âge.

3Les parties les plus anciennes sont apparues sous la forme de parements montés à l’aide de pierres marno-calcaire liées au mortier de chaux. Les relations stratigraphiques ont permis d’isoler un élément antérieur à la mise en place des bâtiments étudiés. Il s’agit du mur mitoyen droit au niveau du bâtiment sur cour et de la cour intérieure. Le plan dit Maurice, réalisé en 1862 et qui tient lieu de cadastre, montre qu’il ne s’aligne pas sur le mitoyen droit du bâtiment sur rue et que son tracé se poursuit au-delà de la limite arrière de la parcelle. On est peut-être en présence d’un mur parcellaire qui a été partiellement masqué par le corps de bâtiment construit sur la rue. Au rez-de-chaussée de ce bâtiment, le parement, affecté par de nombreuses reprises, a livré un pan de maçonnerie très soignée montée à l’aide de moellons de calcaire blanc en alternance avec des lits de briques de terre cuite. Un fond de foyer dégagé au contact de ce parement témoigne de l’installation d’une cheminée dans cet espace lors de cette occupation.

4Le sommet des maçonneries de cette phase a été relevé à environ 5,50 m au-dessus du sol actuel de la rue. Avec la découverte de négatifs de poutre, on peut envisager des charpentes sur ferme, des toits à deux pans avec des murs pignons en façades. Cette hypothèse est étayée par les parements marno-calcaire des façades du bâtiment sur cour qui montent jusqu’à 6,50 m. L’élévation de la façade arrière présente également un alignement de blocs de Jaumont remployés qui peut éventuellement marquer un volume de combles plus ou moins au niveau des entraits des fermes.

5Sans éléments stylistiques caractéristiques, il n’est pas possible de préciser la datation de ces premières installations. Des exemples messins montrent que cette qualité de construction est communément rattachée à la période médiévale. On peut également citer la découverte d’un fond de céramique attribué à la fin du Moyen Âge dans la maçonnerie de la façade arrière du bâtiment sur cour.