1Une opération d’étude archéologique du bâti a été prescrite dans le centre-ville de Nantes à proximité de la cathédrale Saint-Pierre. Située en face de la collégiale Notre-Dame, la maison a fait l’objet d’un état des lieux dressé après la Révolution, dans lequel son statut de maison canoniale est attesté.

2Construite sur un plan en L, la maison est située en front de parcelle, devant un jardin en lanière. Elle possède un niveau de cave enterré, un rez-de-chaussée, deux étages dont un sous combles. Les élévations sont composées de moellons de schiste jaune issus des carrières environnantes, liés soit à l’argile, soit au mortier de chaux. Une tour d’escalier de plan pentagonal est logée à l’angle entre les deux ailes de la maison, côté jardin.

3Le premier état repéré concerne la construction de la maison sur un plan quadrangulaire, occupant tout le front de rue  : la cave est installée avec deux soupiraux qui donnent sur la rue ; le rez-de-chaussée est occupé par un couloir desservant ce niveau et le jardin ; le premier étage, aménagé de deux cheminées dans les murs est et ouest, est l’étage d’habitation, ouvert au nord par une fenêtre. Les solivages de chaque niveau et les combles sont particulièrement bien conservés et ont été datés par dendrochronologie du xv^e s. La façade sur rue de cette époque n’est pas conservée au-dessus du sous-sol.

4Dans un second temps, des modifications sont apportées avec la mise en place de la tour d’escalier qui a révélé des sculptures du début du xvi^e s. Elle remplace probablement l’ancien escalier, construit en pierres de taille de tuffeau liées au mortier de chaux très riche, les marches en granite montrant un délardement biseauté. L’escalier dessert la maison initiale sur tous ses niveaux et une aile probablement agrandie côté ouest. Cette campagne de construction est complétée par l’agrandissement de la cheminée est du premier étage et l’ajout de peintures à motifs floraux caractéristiques du début du xvi^e s. À cette époque, plusieurs appartements sont aménagés dans la maison canoniale, la cave fait l’objet d’une partition probablement pour stocker du charbon.

5Au milieu du xvii^e s., la façade sur rue est entièrement reconstruite dans le cadre d’un réalignement de la maison sur la rue Ogée qui est un passage étroit. Aucun vestige de la façade antérieure n’est conservé mais il est possible qu’elle ait été à encorbellement sur la voie. Des réemplois de meneaux en schiste, épannelés, et de poutres peintes sont utilisés dans la nouvelle élévation. La façade sur rue est agrémentée de grandes fenêtres rectangulaires aux premier et second étages, de lucarnes au niveau des combles et d’une porte centrée. Le front nord de la maison est augmenté d’une construction qui prend place entre la tour d’escalier et le mur est du jardin : elle sert d’extension avec notamment une cuisine au premier étage.

6À la Révolution, le quartier canonial est largement modifié : la collégiale est détruite au début du xix^e s. et la maison est agrémentée d’une vaste aile ouest sur trois niveaux, abritant de nombreux appartements.