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Chronique des fouilles médiévales en France en 2013
II. - Constructions et habitats ecclésiastiques
II 1.  – Opérations de terrain

Lyon 9e (Rhône). Le Châtelard, Ile-Barbe

Responsable d’opération : Charlotte Gaillard
p. 229

Texte intégral

1Le Châtelard, implanté sur une île située sur le cours de la Saône à 8 km au nord du centre de Lyon, occupe un éperon rocheux qui culmine à 180 m NGF. Construit au sein de l’ancien monastère de l’Ile-Barbe insula barbara, attesté depuis le début du ve s., il devient la demeure du cellérier à partir de 1334 et ce jusqu’à sa vente au début du xixe s. Il se compose d’un ensemble d’édifices regroupés sous les dénominations « logis principal » et « communs », ainsi que d’une ancienne chapelle connue sous le vocable de Sainte-Marie-Madeleine et classée au titre des Monuments historiques depuis 1993. En 2011, la vente de la propriété a entraîné un nouveau projet d’aménagement des bâtiments. À la demande du Service archéologique régional, une étude archéologique est venue compléter l’étude patrimoniale souhaitée par la Conservation des monuments historiques. En effet, le manque de données tant historiques qu’archéologiques imposait une étude en préalable à tout projet de restauration, afin de cerner au mieux la fonction des édifices et leur évolution dans le temps comme dans l’espace. Une série de sondages réalisés dans les enduits de surface a conduit à observer les parements aux endroits jugés les plus opportuns (angle des maçonneries, baies, etc.), tout en tenant compte des contraintes d’accessibilité (absence d’échafaudage). La complexité des murs fortement remaniés incite à rester prudent face à une synthèse trop rapide. Mais une première lecture se dégage néanmoins de ces observations.

2Un premier noyau émerge autour de la chapelle Sainte-Marie-Madeleine, fondé sur le rocher. L’édifice de culte de la fin du xiie s., construit en moellons de calcaire doré selon un plan très simple (nef unique charpentée et abside débordante voûtée en cul-de-four), s’appuie au nord contre une construction antérieure. De cette première occupation subsiste un mur de 3 m de long édifié en matériaux d’origine locale (gneiss), qui ouvre sur l’est par une baie surmontée d’un arc surbaissé.

3Les bâtiments s’élaborent progressivement en maison forte durant le bas Moyen Âge. Un édifice trapézoïdal s’implante à l’ouest sur un seul niveau, bordé au sud d’une cour intérieure délimitée d’un premier mur d’enceinte, puis il est surélevé d’un niveau par la suite. Au nord de la chapelle, le noyau primitif s’élève d’un étage, percé à l’est et à l’ouest de deux grandes baies à ébrasement droit surmontées d’un linteau en bois. L’épaisseur du mur sud qui double le mur gouttereau nord de la chapelle semble résulter de l’installation d’un conduit de cheminée. De nombreux remaniements affectent les maçonneries passablement perturbées par l’adjonction régulière de nouvelles baies qui condamnent les précédentes. À l’entrée située à l’ouest du logis principal, les communs s’organisent. Au nord s’élève une tour trapézoïdale, construite en matériaux d’origine locale garnis de joints soigneusement tirés à la truelle. Une ouverture à fort ébrasement interne coiffée d’un arc surbaissé ouvre au nord sur un mur large de 2 m qui conduit à l’une des deux portes d’entrée du monastère (porte du Bourg). Les parements intérieurs sont ornés à l’origine d’un décor de faux appareil ponctué de petites fleurs rouges. Au sud vient s’appuyer un mur d’enceinte, flanqué de part et d’autre de deux petites tours carrées couronnées d’archères canonnières.

4Aux xvie-xviie s., le Châtelard est aménagé en une demeure confortable, puisant ses formes dans le vocabulaire de l’architecture civile contemporaine. À l’ouest, les différents corps de bâtiment du logis principal communiquent désormais entre eux par deux escaliers à vis hors œuvre, reliés ensuite par une galerie ouverte sur la cour intérieure. À l’est, la façade principale, harmonisée d’une rangée de baies à meneaux pour chaque étage, est flanquée d’une tourelle d’angle circulaire au nord tandis que l’abside de la chapelle est surélevée au sud. Une série de baies à croisées percées dans les différentes maçonneries achèvent ces transformations. À l’ouest, les communs se subdivisent sur plusieurs niveaux, tenant lieu de dépendances domestiques (étable, écurie, puits, greniers ou chambres). Les bâtiments actuels, loués puis vendus à la Révolution française, ont conservé jusqu’à aujourd’hui leur aspect moderne, peu affecté par les modifications contemporaines.

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Pour citer cet article

Référence papier

Charlotte Gaillard, « Lyon 9e (Rhône). Le Châtelard, Ile-Barbe »Archéologie médiévale, 44 | 2014, 229.

Référence électronique

Charlotte Gaillard, « Lyon 9e (Rhône). Le Châtelard, Ile-Barbe » [notice archéologique], Archéologie médiévale [En ligne], 44 | 2014, mis en ligne le 15 avril 2018, consulté le 22 mai 2025. URL : http://journals.openedition.org/archeomed/9201 ; DOI : https://doi.org/10.4000/archeomed.9201

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Auteur

Charlotte Gaillard

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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